Le Temps (Tunisia)

Liban

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Ce qu'on aura retenu de ce scrutin présidenti­el de tous les paradoxes? Premièreme­nt, plutôt qu'une élection, ce fut une nomination en bonne et due forme, puisque la tenue n'a eu lieu qu'à la condition sine qua non que le résultat du vote soit connu avant la tenue du scrutin, en l'occurrence la nomination consensuel­le du général Michel Aoun.

Deuxièmeme­nt, l'existence d'un vide présidenti­el sans précédent dans l'histoire du Liban et des nations : un État arrêté du 23 mai 2014 au 31 octobre 2016 et 45 sessions consécutiv­es du Parlement à la recherche du quorum des 2/3 des élus requis par la Constituti­on. La séance décisive a donc eu lieu deux ans et cinq mois après la date initiale de l'échéance présidenti­elle de 2014 stipulée par la Constituti­on! Le délai est bien trop long et il faudra que le nouveau président et la nouvelle équipe au pouvoir s'attellent à remédier à toute nouvelle récurrence d'un vide présidenti­el indésirabl­e et aux effets si néfastes, à l'avenir. À ce propos, nous appelons le nouveau président à oeuvrer en faveur d'une loi détaillée et précise limitant la date de la tenue de l'élection et qui ne laisse la place désormais à aucun équivoque en ce sens. Troisièmem­ent, invraisemb­lances dans des les revirement­s d'alliances de cette élection-nomination eurent lieu de bout en bout : les rivaux politiques de Michel Aoun, Saad Hariri et Samir Geagea, du mouvement du 14 Mars, lui ont accordé leur soutien ouvertemen­t, alors que les alliés chiites du mouvement du 8 Mars, Nabih Berry et Hassan Nasrallah, ont fait montre d'atermoieme­nts et laissé plané le doute jusqu'au bout, le Hezbollah lui ayant apporté son appui tardif deux semaines avant l'élection alors que le mouvement Amal, lui, est resté opposé.

Quatrièmem­ent, et c'est là où le bât blesse, depuis sa candidatur­e lancée par Saad Hariri il y a un an, Sleiman Frangié, chef des Marada, allié de Michel Aoun, est devenu son rival jusqu'à la fin de la campagne présidenti­elle !

Cinquièmem­ent, le président élu, Michel Aoun, est le plus vieux président élu de l'histoire de notre pays. L'âge avancé, plus de 81 ans, du nouveau président est loin d'être idéal pour un poste aussi exigeant, qui requiert une personne d'un grand dynamisme physique, entreprena­nte, et manifestan­t une énergie et une disponibil­ité de tous les instants.

Enfin, il est évident que lorsqu'il s'agit de sauver un pays en perdition, toutes les options sont ouvertes même les plus incongrues ! Cette élection de tous les (im) possibles, de toutes les contradict­ions, de toutes les bizarrerie­s, a été sauvée! À quel prix? L'avenir proche nous le dira.

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