Satisfactions et regrets
Les JCC, on en parle encore
Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dans leur 27è édition ont vécu. Les failles et les lacunes à combler ont constitué le cadeau-surprise offert au public qui s’était retrouvé dupé. Car on continue comme il se doit de faire dans l’improvisation, le désordre et l’irrespect du public. Celui-là
Ces derniers s’étaient retrouvés à la dérive, ne sachant plus quoi faire pour revenir à terre, pris au piège de leur belle « organisation. » Cette situation catastrophique vécue par tous les festivaliers tunisiens et étrangers a été largement décortiquée lors d’une émission diffusée en direct sur la radio nationale au lendemain de la clôture des JCC. Dorra Bouchoucha, ancienne directrice des JCC, a manifesté son mécontentement vis-à vis des organisateurs qui ont osé écarter les anciens piliers du festival qui en connaissent tous les rouages. Car, « sans eux, a-t-elle déclaré, on ne peut pas réussir une telle fête. » Il s’agit particulièrement de Lina Châabane et d’autres messieurs du corps administratif du ministère des affaires culturelles. L’interlocutrice a d’autre part posé la question sur le pourquoi de l’invitation d’un cinéaste arabe ou africain, tous frais payés, qui se retrouve plutôt à déambuler au lieu de lui organiser à l’avance une séance de discussion avec le public. A ce propos, les débats des films, au lendemain de leur projection et qui faisaient la particularité et le charme des JCC, ont été supprimés. Les débats-éclairs, ayant eu lieu à la fin de quelques projections, n’ont évidemment pas pu remplacer les vrais débats avec les réalisateurs arabes et africains, en particulier. Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été également largement critiquées. Dorra Bouchoucha a manifesté son désaccord quant à l’invitation des politiques à un même qui a fait et fera toujours les JCC. Or, un tel événement cinématographique universel dédié en premier au cinéma arabe et africain, a totalement abandonné, depuis bien des années, ses « fondamentaux » pourtant largement défendus et seulement verbalement par les organisateurs. festival de cinéma. « Car, eux, n’invitent pas les professionnels du cinéma à leurs meetings et autres congrès », a-t-elle précisé.
Pauvre spectateur !
Les JCC, on en parle encore et on en reparlera encore tellement leur situation actuelle laisse à désirer. Et c’est comme si les organisateurs faisaient tout leur
possible pour empêcher le public d’y accéder ! Le « pauvre » spectateur cinéphile, parfois, se trouve à affronter des antagonismes inimaginables. Même les spectateurs munis de leur badge n’avait pas droit à un accès direct aux salles. L’épreuve de la file devant un seul guichet pour une réservation indispensable s’est avérée superflue et décourageante. Car les tickets tarissent en quelques minutes. Un véritable casse-tête chinois pour les présumés spectateurs qui voulaient voir un film des JCC. Et ne parlons pas des conditions de projection des films qui se passent péniblement avec une image floue due à l’état lamentable des appareils de projection dans nos salles. Ces dernières reçoivent des subventions du ministère de tutelle qui leur servent plutôt à survivre et non pas à réparer ou à acheter un nouveau matériel. Et la « Zahma », la «bousculade » des spectateurs devant les salles ? Le public fidèle en a eu l’habitude depuis des dizaines d’années. Mais pas au point atteint cette année où l’on a évité à plusieurs reprises et de justesse la catastrophe.
Lotfi BEN KHELIFA