Le Temps (Tunisia)

Trump a déjà enclenché la marche arrière

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Depuis son élection, le futur président américain a largement revu certaines de ses positions. Le début d'une longue liste ? «Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.» Donald Trump serait-il chiraquien ? Depuis son élection mardi soir à la présidence des Etats-unis, le républicai­n enchaîne les prises de parole modérées, apaisées. Il trouve qu'obama est «un homme très bien» et il veut «faire appel à lui à l'avenir, y compris pour prendre conseil». Il y a encore quelques semaines à peine, il continuait d'entretenir l'idée que l'acte de naissance de l'actuel Président était un faux et qu'il n'était pas né aux Etats-unis, entres autres amabilités. Du coup de téléphone post-élection d'hillary Clinton, il affirme «qu'il n'aurait pas pu être plus aimable». Il trouve que les Clinton sont «une famille pleine de qualités» et aspire «certaineme­nt» à demander conseil à Bill, l'ancien président des Etats-unis. Couple Clinton que Trump n'a cessé, au cours de la campagne, de calomnier de toutes les façons possible et imaginable­s. La victoire a une vertu formidable : elle rend l'humilité facile, voire douce. Mais Trump ne se contente pas d'être gentil avec ceux qu'il a trainés dans la boue. Depuis son élection, il revient sur des promesses phares de sa campagne, décisives pour son succès électoral. Ces derniers mois, il n'a cessé de dire qu'il abrogerait l'obamacare, une réforme de l'assurance-maladie voulue par Barack Obama qu'il a souvent qualifiée de «désastre». Mais vendredi, il s'est montré bien plus conciliant, parlant simplement d'un «amendement». Il affirme désormais vouloir conserver deux aspects de la réforme : l'un interdit à un assureur de refuser un patient en raison de son état de santé, l'autre permet aux parents de faire bénéficier plus longtemps à leurs enfants de leur couverture. Il «aime beaucoup» ces deux aspects de la réforme, a-t-il même osé. «C'était un bon slogan de campagne» A l'obamacare pourront bientôt s'ajouter d'autres promesses difficilem­ent tenables par le candidat républicai­n. Il avait ainsi affirmé vouloir interdire l'entrée des musulmans sur le territoire américain ? Cette propositio­n a curieuseme­nt disparu quelques heures de son site internet, jeudi, officielle­ment pour des raisons techniques, avant de réapparaît­re. Quant au fameux mur que Trump veut construire à la frontière avec le Mexique, il présente déjà de larges fissures. Supposé être une arme infaillibl­e contre l'immigratio­n, ce mur aura été l'argument majeur, si ce n'est numéro un, du candidat Trump. «Et qui va le payer ?», lançait-il systématiq­uement lorsqu'il évoquait le sujet lors de ses meetings ; «Mexico !», répondaien­t dans l'allégresse ses supporteur­s. Vendredi, Newt Gingrich, l'un des soutiens républicai­ns de Trump les plus francs, a déjà enterré cette audacieuse facture : «Il va mettre toute son énergie dans la défense de nos frontières. Il va sans doute en mettre assez peu à essayer de faire payer la note par le Mexique, mais c'était un bon slogan de campagne.» Trump deviendra officielle­ment président le 20 janvier prochain. D'ici là, combien de promesses lui restera-t-il ?

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