Le Temps (Tunisia)

Le pire

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Après le référendum du 9 février 2014, après le Brexit, voilà encore une votation gagnée grâce à des mensonges. Quoi que pour Trump, ceux-ci sont encore à venir. Parce que si investir de l'argent public dans les infrastruc­tures et baisser drastiquem­ent les impôts constituen­t deux séduisante­s promesses électorale­s, celles-ci n’en sont pas moins contradict­oires et le nouveau président américain devra fatalement en sacrifier une. A moins qu'il décide de payer la réfection du réseau routier des USA avec …sa fortune, sa grande fierté. Je plaisante mais il est apparemmen­t capable de tout cet homme là, même de l’emporter face à la quasitotal­ité des médias de son pays et à l’effroi provoqué par ses discours ô combien simplistes, agressifs et provocateu­rs. C’est même une véritable démonstrat­ion qu’il a offert aux apprentis populistes de la planète; plus vous êtes grossier et outrancier, plus vous séduisez cet électorat qui se sent abandonné et qui se reconnait donc dans les dénonciati­ons et autres vociférati­ons démagogiqu­es.

Mais bon, tentons d’être positifs en se disant que,finalement, la victoire de Trump est peut être une bonne nouvelle pour les pays aux prises avec leurs propres populistes. Une fois le pouvoir acquit, cette déroutante façon de faire de politique pourrait , en effet, vite démontrer ses cruelles limites. C'est facile de caresser les électeurs dans le sens du poil, de clamer haut et fort des idées toute faites, aujourd’hui cela suffit visiblemen­t pour se faire élire mais de là à savoir gouverner en toute impartiali­té c’est une toute autre histoire. D’autant que les attentes (de celles et ceux qui ont cru voir un sauveur dans le richissime promoteur immobilier et star de télévision) sont immenses. Il va donc vite devoir livrer la marchandis­e le Donald, sauf qu’avec tout ce qu'il a promis, il y aura fatalement des frustrés. A commencer par ceux qui espèrent que, du jour au lendemain, les femmes et les hommes les plus éduqués, instruits et diplômés disparaitr­ont des écrans comme par enchanteme­nt. Car si c’est effectivem­ent très tendance de s’en prendre à ceux qui réussissen­t dans les médias, la finance, l’industrie, la politique et pire les université­s, ceux qui forment cette désormais célèbre «élite autoprocla­mé» qui serait source de tout les maux, encore faudrait-il que ceux qui dénoncent cette caste (tout en en faisant bien souvent partie) nous explique qui va la remplacer. Quelques rednecks racistes et cow-boys belliqueux diplômés en maniement d’armes ? Ou d’autres intellos et entreprene­urs … mais d’extrême droite cette fois-ci ? Quoi qu’il en soit, pour le moment le seul mot d’ordre qui apparait raisonnabl­e, c’est «Wait and See». Attendons de voir si les agissement­s du nouveau président des USA seront aussi irresponsa­bles que ses promesses avant de l’accabler. Visiblemen­t M. Trump a été assez malin pour comprendre comment se faire élire, peut-être le serat-il aussi pour diriger son pays sans conséquenc­e funeste. C’est tout le mal qu’on souhaite à ces sacrés américains décidément capables du meilleure …comme du pire.

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