Projection de «Zizou »… en l'absence de Férid Boughedir !
Festival international du film du Caire
Le public était assez nombreux en cette soirée du 17 novembre au Petit Théâtre de l’opéra du Caire pour regarder le film tunisien « Zizou », de Férid Boughedir, dans le cadre de la compétition « Horizons du cinéma arabe » du 38 ième festival international du film du Caire (14-24 novembre.) Cette projection a été marquée par l’absence du réalisateur du film, qui, renseignements pris, devait arriver le 21 du mois ! Une absence de Revoir le troisième long-métrage de fiction de Férid Boughedir, était une occasion offerte pour revenir sur le thème du film, l’histoire qu’il raconte, le rythme de narration, les scènes-clés et pour en relire le contenu. Mais c’était du Boughedir du pareil au même. Ce n’est pas du Bergman, ni du Visconti, ni même Rossellini. C’est un cinéma tunisien qui prend son spectateur pour un pur divertissement en lui suggérant, chemin faisant, par le biais d’une histoire drôle, de lire entre les lignes, ou plutôt dans les images et à travers ce qu’elles dégagent comme idées et émotions. Et faut-il revenir sur l’histoire du film ? Celle-là même qui raconte autrement la révolution tunisienne et qui n’en sent que le parfum. Le film permet à son spectateur de voir deux histoires en parallèle. La première l’emporte parfois sur la seconde et vice versa. Férid Boughedir a voulu que ce film boucle une trilogie qui avait commencé par « Asfour Stah », pour continuer avec « Un été à la Goulette » et pour s’achever avec « Zizou. » Pourquoi pas ? Mais notre réalisateur en fait encore plus. Car il revient, à travers l’une des premières scènes de son film, à son tout premier moyen-métrage « Nozha râikah» (Pique-nique), faisant partie d’une autre trilogie, en l’occurrence le film à sketches «Fi biled Tararani » (Au pays de Tararani) tiré de l’oeuvre du nouvelliste et poète tunisien Ali Douagi. « Zizou », le
De notre envoyé spécial en Égypte Lotfi Ben Khélifa
taille et inacceptable, de surcroît, car le public n’en revenait pas. Férid aura donc posé un lapin au public cosmopolite du festival du Caire. L’actrice Sarra Hannachi, qui joue le rôle d’aicha dans le film, était présente dans la salle et a salué le public avant la projection du film. On notait la présence de son Excellence l’ambassadeur de Tunisie en Egypte M. Mohamed Néjib Mnif. héros du film est dans une voiture de louage qui rappelle la voiture infernale du film-sketch » Pique-nique. » L’allusion à « Asfour Stah » y est également claire
avec l’enfant des terrasses qui a grandi et qui est resté toujours sur les toits (quel destin !) Pour réparer les paraboles et vivre en même temps des aventures abracadabrantes.
Pointes d’humour
La situation de la Tunisie pré et post révolution est narrée sur des pointes d’humour comme le veut le cinéma de Boughedir. Le TGM y revient comme dans « Un été à la Goulette. » Mais dans « Zizou », le réalisateur sacrifie à l’effet de la coïncidence qui caractérise généralement un certain cinéma arabe à l’eau de rose. C’est une histoire d’amour impossible qui va naitre. Férid Boughedir effleure la médiocrité et s’en échappe au plus vite, revenant à ses premières amours de tenir son spectateur avec une histoire énigmatique ou la parabole d’un simple citoyen, allusion à Mohamed Bouazizi, de Sidi Bouzid, qui a déclenché la révolution tunisienne dès le 17 décembre 2010 en s’immolant par le feu et Aziz « Zizou » venu lui aussi de cette même ville chercher un boulot et qui se retrouve embarqué et « happé » par la révolution, à Sidi Bou Saïd ! Quelle idée !