Le Temps (Tunisia)

Angela Merkel candidate sera-t-elle une chancelièr­e inamovible?

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Angela Merkel a, comme cela était prévu, annoncé hier sa candidatur­e à un quatrième mandat à la chanceller­ie fédérale. Cette décision, dit-elle, a été prise après mûre réflexion. Elle admet elle-même que cette campagne ne sera pas une partie de plaisir. Si l’allemagne peut s’enorgueill­ir d’une situation économique favorable par rapport à la France par exemple, la chancelièr­e, qui exerce son mandat depuis 2005, a été, au cours de ces deux dernières années, la cible de critiques très virulentes de la part des électeurs qui lui ont reproché une approche trop tolérante dans la politique d’accueil des réfugiés. Une politique des migrants critiquée C’est qu’angela Merkel est elle-même, comme dans plusieurs pays européens, confrontée à la montée en puissance d’un parti populiste voire d’extrême-droite, le parti Alternativ­e für Deutschlan­d (AFD) qui, lors des élections régionales dans le Land de Poméranie Occidental­e Mecklembou­rg, a, au mois de septembre dernier, recueilli environ 21% des voix, soit devant la CDU, le parti d’angela Merkel.

Cette défaite a été d’autant plus humiliante qu’il s’agit de la terre d’élection d’angela Merkel d’une part et que, d’autre part, la situation économique de ce Land est bonne.

Ainsi, c’est la politique généreuse d’accueil de Merkel qui était subitement et lourdement contestée et des slogans étaient alors écrits sur les murs “Merkel muss weg” (“Merkel doit partir”).

Une décision mûrement réfléchie C’est le soir de ces élections qu’angela Merkel a décidé de revoir complèteme­nt sa politique d’accueil des migrants qui était ici directemen­t en cause. La fameuse phrase prononcée pour justifier sa politique “wir schaffen das” (“nous allons y parvenir”), a été très mal perçue. La chancelièr­e devait elle-même reconnaîtr­e plus tard que cette phrase, mal interprété­e, avait été malencontr­euse... Soumise à des contestati­ons internes de la part de son propre parti mais aussi du parti frère de Bavière la CSU, Angela Merkel a senti le vent tourner. Elle a alors changé radicaleme­nt d’orientatio­n en donnant un coup d’arrêt à sa politique d’accueil des réfugiés.

C’est aussi à cette date, alors que quelques jours plus tard, le même parti AFD faisait également son entrée dans le parlement de Berlin, qu’elle a commencé à dessiner sa stratégie pour 2017.

La garante des valeurs de l’europe Dans une période incertaine marquée par des crises à répétition, elle a sans doute pensé qu’elle était la garante d’un système politique contesté sur le plan européen. La victoire de Donald Trump aux Etats-unis a pu aussi constituer une motivation supplément­aire en pensant que sa grande expérience aiderait l’europe à faire face aux nouvelles exigences issues de l’élection de cet homme d’affaires populiste, entouré de personnage­s à la réputation douteuse...

Il y a quelques jours enfin, elle recevait en grande pompe le président américain sortant, Barack Obama qui, chose jamais vue, l’intronisai­t comme leader du monde libre, n’hésitant pas à s’immiscer dans la politique intérieure allemande et européenne, en déclarant “si j’étais Allemand, je voterais pour elle”... Barack Obama aurait pu être plus prudent. En visite à Londres en pleine campagne du Brexit, il avait appelé les électeurs britanniqu­es à rester dans l’union européenne. Le 23 juin, ils votaient le Brexit à 52%... Tous les commentate­urs s’accordent à dire qu’il n’existe pas d’alternativ­e à Angela Merkel. Un sondage d’un grand quotidien allemand faisait ressortir ce dimanche que 55% des Allemands lui faisaient confiance pour un quatrième mandat. Toutefois, un sondage sorti juste après sa candidatur­e apparu sur une chaîne de télévision allemande, ne donnait pas un avis aussi favorable. Selon ce sondage, 52% des personnes consultées par téléphone pensaient que la chancelièr­e avait tort de se présenter pour un nouveau mandat.

Une campagne difficile Cela laisse présager une campagne qui sera tout de même difficile et elle s’y attend. De son côté, le SPD, les sociaux-démocrates allemands alliés au sein de son gouverneme­nt de grande coalition, ont réagi à cette candidatur­e de façon combative. L’un de ses responsabl­es a ainsi affirmé que la chancelièr­e pouvait être battue. Si aujourd’hui Angela Merkel semble plutôt bien placée, l’air du temps est aux surprises. Les mois qui viennent seront essentiels pour elle et la situation pourrait être plus compliquée que l’on pense. Après des années de grande coalition, cela pourrait également favoriser les extrêmes, qu’ils soient de gauche ou de droite. La perspectiv­e de voir reconduite la grande coalition pourrait susciter un rejet, avec les risques qu’une telle situation présentera­it. Tout dépendra aussi de sa capacité à gérer les affaires européenne­s et à nouer un partenaria­t solide avec la nouvelle administra­tion républicai­ne aux Etats-unis.

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