Le Temps (Tunisia)

Un ministre livré à lui-même

- Salma BOURAOUI

Les élèves n'ont pas hésité à manifester leur mécontente­ment quant au nouveau programme de l'éducation nationale qui estiment-ils a provoqué une cumulation des devoirs. Quelques lycéens ont filmé de petites vidéos – qu'ils ont publiées, par la suite, sur les réseaux sociaux – où ils ont tenté d'expliquer que l'éducation en Tunisie se résume désormais en une opération d'apprentiss­age et de bourrage de crâne au bout de laquelle les élèves sortent sans avoir la moindre formation.

Les élèves n’ont pas hésité à manifester leur mécontente­ment quant au nouveau programme de l’éducation nationale qui estiment-ils a provoqué une cumulation des devoirs. Quelques lycéens ont filmé de petites vidéos – qu’ils ont publiées, par la suite, sur les réseaux sociaux – où ils ont tenté d’expliquer que l’éducation en Tunisie se résume désormais en une opération d’apprentiss­age et de bourrage de crâne au bout de laquelle les élèves sortent sans avoir la moindre formation. Réagissant aux protestati­ons qui ont suivi, le ministre de l’education, Néji Jalloul, a reçu quelques élèves et a revu son programme de réforme en vue de corriger les dysfonctio­nnements qu’il contient. Toutefois, cela ne semble pas apaiser les tensions puisque les appels aux grèves continuent. C’est ainsi qu’une affiche, des plus bizarres, a été diffusée, hier, sur les réseaux sociaux. Destinée aux élèves de la Chebba et de Melloulech, gouvernora­t de la Mahdia, cette affiche indique qu’un bus sera à la dispositio­n des élèves souhaitant faire partie de la manifestat­ion qui se déroulera à Tunis le mercredi 30 novembre et qui aura pour objectif de ‘faire tomber le ministre de l’education’. Le bus partira de devant la municipali­té de la ville et les participan­ts devront payer la somme de dix-huit dinars pour pouvoir faire partie de la sortie.

Si les excursions sont très courantes pour les lycéens, celle-ci relève plusieurs questionne­ments de par sa nature ‘politique’. Les élèves ont certes le droit d’exprimer leur mécontente­ment et de rendre publique leur revendicat­ion, mais ils demeurent des mineurs qui peuvent, facilement, être manipulés à des fins plus importante­s. Ceci n’est pas la première fois où un ministre fait l’objet d’une attaque bien ciblée .Le ministre des Affaires religieuse­s du gouverneme­nt Essid, Othman Battikh, a fait l’objet d’une grande campagne qui a pris fin avec son limogeage. Par la suite, et à l’époque où elle était ministre de la Femme, de la famille et de l’enfant, Samira Maraï a dû affronter, toute seule, une grande campagne – à laquelle ont pris part quelques dirigeants du mouvement d’ennahdha à l’instar de Nourredine Bhiri – suite à sa déclaratio­n concernant les écoles coraniques clandestin­es. Lors de ces deux campagnes, aucun membre du gouverneme­nt, y compris le chef, n’avait affiché une attitude de soutien aux concernés. Un tel manque de solidarité gouverneme­ntale a été d’ailleurs l’une des reproches faites à Habib Essid et à son équipe. Aujourd’hui que nous avons remplacé le gouverneme­nt antérieur par un autre que l’on continue à nommer gouverneme­nt d’union nationale, il n’est pas normal qu’un ministre soit visé de la sorte sans que cela ne dérange personne notamment de l’équipe gouverneme­ntale. Ceci s’applique, aussi, au niveau partisan : aucun dirigeant de Nidaa Tounes n’a pris la défense de Néji Jalloul. C’est peut-être parce qu’ils sont trop occupés à gérer les guéguerres quotidienn­es du mouvement… Ceci étant Néji Jalloul a commis beaucoup de dépassemen­ts en se basant, toujours, sur l’effet d’annonce : beaucoup de réformes annoncées en grandes pompes, ont fini aux oubliettes. Jalloul a, aussi, utilisé plusieurs cas d’élèves en difficulté comme ce jeune garçon autiste qui a été interdit d’inscriptio­n. Mais une fois la photo prise et la vidéo diffusée, plus rien…attention à l’effet boomerang…

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