Le Temps (Tunisia)

Rôle primordial de la société civile

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«La société civile jouera un rôle primordial dans l’élection des membres du Conseil de l’instance nationale d’accès à l’informatio­n», a estimé la directrice du Bureau de Tunis de l’organisati­on internatio­nale Article 19, Saloua Ghazouani. Au cours d’un workshop organisé, hier, par Article 19 sur la concrétisa­tion du droit d’accès à l’informatio­n et la mise en place de l’instance d’accès à l’informatio­n en Tunisie, Ghazouani a indiqué que le premier objectif d’article 19 est d’évaluer dans quelle mesure toutes les parties prenantes et les acteurs concernés sont informés des étapes préparatoi­res qui devraient être faites avant l’entrée en vigueur de la loi relative au droit d’accès à l’informatio­n, en mars 2017.

«Nous avons invité toutes les parties prenantes afin de réfléchir ensemble sur les principaux points à considérer dans l’élection des membres de l’instance et sur l’importance de cette instance», a-t-elle dit.

«Nous appelleron­s aussi les partenaire­s de la société civile à défendre les principaux articles de cette loi, notamment ceux relatifs à la création d’une instance d’accès à l’informatio­n», a ajouté Ghazouani.

La société civile est appelée, selon Ghazouani, à sensibilis­er les parties prenantes, notamment les journalist­es et les avocats pouvant se porter candidat à cette instance. Ghazouani a rappelé qu’article 19 a apporté une aide juridique lors de l’élaboratio­n de la loi. «Nous avons rassemblé des lois modèles sur l’accès à l’informatio­n et les avons transmises au comité chargé de l’élaboratio­n de cette loi», a-t-elle précisé. Selon le président de la commission électorale à l’assemblée des représenta­nts du Peuple (ARP), Badreddine Abdelkefi, ce workshop est un premier pas vers une collaborat­ion plus large entre le Parlement et la société civile.

«La société civile doit sensibilis­er les représenta­nts des secteurs concernés à se porter candidat et d’inciter le gouverneme­nt à accomplir sa tâche dans les délais impartis», a-t-il estimé. Dans une déclaratio­n à l’agence TAP, en marge des travaux du workshop, le président de l’instance nationale de protection des données personnell­es, Chawki Gaddes, a critiqué l’article 49 de la loi n°2016-22 du 24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’informatio­n qui dispose que seuls «le président de l’instance et son vice-président sont tenus obligatoir­ement d’exercer leurs fonctions à plein temps». Les sept autres membres de l’instance exercent à temps partiel. Selon Gaddes, l’instance ne pourra pas exercer et examiner des milliers de dossiers avec seulement deux membres travaillan­t à plein temps. «Cette loi est une coquille vide. Au début, le citoyen va faire face à une administra­tion habituée à dire non à l’accès à l’informatio­n. L’instance va donc être submergée de milliers de plaintes qu’elle sera incapable de gérer avec uniquement deux membres permanents. L’instance va perdre la confiance du citoyen et elle ne sera plus effective par la suite», a-t-il expliqué. Notons que selon l’article 41 de la loi organique n°2016-22 du 24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’informatio­n, le conseil de l’instance se compose de neuf membres: un juge administra­tif (Président), un juge judiciaire (vice-président), un membre du Conseil national des statistiqu­es (membre), un professeur universita­ire spécialisé en technologi­e de l’informatio­n (membre), un expert en documents administra­tifs et en archives (membre), un avocat (membre), un journalist­e (membre), un représenta­nt de l’instance de protection des données personnell­es (membre) et un représenta­nt des associatio­ns actives dans les domaines ayant lien avec l’accès à l’informatio­n (membre). Pour Gaddes, une fois mise en place, cette instance sera confrontée à certains problèmes qui freineront les travaux de cette instance. Il a cité en exemple la classifica­tion des données. « On doit avant la mise en place de cette instance et l’entrée en vigueur de cette loi, classifier les documents et distinguer les documents communicab­les des documents non communicab­les», a-t-il regretté, ajoutant qu’une «commission nationale qui a été créée par le ministère des Technologi­es et qui regroupe des représenta­nts des parties prenantes dont les ministères concernées est en train de travailler sur la classifica­tion des documents administra­tifs et elle est encore au stade de l’étude».

Selon Gaddes, après la classifica­tion des dossiers, chaque document de l’administra­tion publique aura un code qui définira s’il est communicab­le ou non.

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