Exporter le know how tunisien en Afrique
Confronté au ralentissement de son partenaire européen et à la crise mondiale, la Tunisie recherche depuis quelques années des relais de croissance en Afrique. Plusieurs investisseurs tunisiens s’impliquent de plus en plus dans ce marché porteur. Ce partenariat interafricain ne doit pas être un concept vide de sens. L’afrique a beaucoup de potentiel et de capacités. Pour les optimiser, il faut rechercher des gisements de complémentarité. Plusieurs décideurs économiques et experts tunisiens étaient au rendez-vous à la Conférence internationale sur l’investissement , animés de l’ambition d’agir de concert afin de promouvoir l’investissement, développer les échanges et insuffler toute la dynamique requise à la coopération tuniso-africaine notamment dans le secteur médical, l’éducation et l’ingénierie, les énergies nouvelles secteurs dans lesquels, les compétences tunisiennes sont reconnues à l’échelle africaine «en Afrique» et dans le monde.
L’afrique se distingue entre autres par une main-d’oeuvre jeune, bon marché et abondante, un élément clé pour l’attraction des industries à forte intensité de main-d’oeuvre. Selon les projections des Nations Unies, la population africaine devrait atteindre 4 milliards d’habitants d’ici la fin de ce siècle, avec un milliard d’africains en âge de travailler d’ici 2040, et 21% de la main-d’oeuvre mondiale d’ici 2050, contre 10% actuellement. Le continent s’avère également prometteur en tant que large marché de consommation favorisant les flux d’exportations et d’investissements provenant des autres pays. La Tunisie a tous les atouts pour conquérir ce grand marché. Cet engagement tunisien envers l’afrique subsaharienne s’inscrit dans le prolongement des efforts de renforcement du cadre juridique des échanges et des investissements avec les pays subsahariens. Parmi les créneaux porteurs, le tourisme médical qui est devenu dans le paysage touristique tunisien un produit à part entière, un produit qui a enrichit l’offre. Ce créneau est un motif privilégié de voyage et le rapport entre le tourisme et la santé est de plus en plus manifeste. Nos professionnels ont su, en effet, mieux appréhender la santé en tant que facteur de diversification et d’enrichissement touristique. Le tourisme de santé offre à ce niveau un produit d’avenir prometteur. C’est cette même nécessité qui a amené les ministères de Tourisme et de Santé à accorder un intérêt particulier à ce créneau à travers la multiplication des dispositions favorables à son épanouissement. Chedli Bouderbella, un investisseur tunisien, a choisi le Burkina Faso pour développer ce créneau. « Le développement de la coopération Sud-sud, dit-il à Radio Med, constitue le moyen idoine pour bâtir une bonne coopération interafricaine. Le Burkina Faso s’est attelé à accorder à ses relations avec l’afrique une place de premier choix, consacrant ainsi sa dimension africaine. Du fait de sa position géographique, ce pays a toujours constitué un pont entre le Maghreb et le l’afrique subsaharienne. Le développement de l’afrique se fera par les Africains et en comptant sur les ressources naturelles du continent. Le tiers des ressources naturelles mondiales se trouve dans le continent. Le développement de la coopération Sud-sud et l’exploitation des ressources des pays africains constituent la solution idéale pour permettre au continent de se défaire des griffes de la dépendance vis-à-vis des aides internationales. Cette coopération nécessite un travail soutenu des africains. Elle doit s’effectuer dans tous les domaines. Je citerai les infrastructures routières, les technologies de l’information, le financement, l’agriculture, le transport. Mais elle nécessite des moyens à mettre en oeuvre pour alléger le fardeau de la crise actuelle sur les opportunités économiques dans les pays du sud et sur la mise en place d’une approche unifiée africaine pour revitaliser l’assistance financière régionale et internationale au profit de l’afrique. Les «mains» tunisiennes ont donné satisfaction. L’évacuation médicale sur la Tunisie, à partir du Burkina-faso, de la Côte d’ivoire continue à porter ses fruits. Dans plusieurs reportages, un atout est mis en avant et représente aux yeux de tous la première motivation des patients : le prix. En effet, les coûts des interventions sont de 30 à 50% moins chers qu’en France. «La Tunisie est la destination la plus prisée par les Burkinabés. Les atouts de la réussite du tourisme médical en Tunisie résident dans les prix compétitifs, la proximité avec l’afrique, des compétences médicales, chirurgicales de renom et des centres médicaux répondant aux critères internationaux. Nous sommes à quatre heures d’ouagadougou. L’évacuation et l’assistance se feront dans de bonnes conditions. Toutefois le prix de l’aérien demeurent élevé. En plus, il faut transiter par la Côte d’ivoire soit six heures de vols. Nous croyons aux compétences tunisiennes. La Tunisie est riche de plus de 50 ans d’expertise, d’un know-how (savoir-faire) reconnu et d’une main-d’oeuvre qualifiée. Burkina Faso manque d’expertise mais a la ferme volonté de développer ce secteur autrement stratégique. C’est pourquoi, un staff médical tunisien se déplacera en janvier pour opérer sur place durant 60 jours»
L’expertise tunisienne
Il est vrai que les principales difficultés rencontrées par les exportateurs tunisiens sont liées aux difficultés de financement, à l’insuffisance d’information, à la couverture insuffisante par les assurances et aux coûts de transport élevés. Les marchés cibles ne manquent pas d’obstacles et là on peut citer les droits de douane élevés, l’insuffisance des infrastructures locales, le manque de ressources humaines, la contrefaçon et l’instabilité politique et l’insécurité. Koulandjan Konaté, journaliste reporter à ORTMALI, estime que la Tunisie et les pays africains sont de bons amis et de bons partenaires. « Consolider et renforcer les relations d’amitié et de coopération avec les pays africains constituent depuis toujours une composante importante de la politique extérieure d’indépendance et de paix de la Tunisie. Dans le nouveau contexte, la Tunisie travaillera, tout comme par le passé, et de concert avec les pays africains, pour faire évoluer sans cesse le nouveau partenariat stratégique interafricain et apporter une plus grande contribution au développement en Afrique. Cette coopération Sud-sud se manifeste dans le soutien technique qu’apporte la Tunisie aux pays africains. Ainsi, elle joue un rôle édifiant dans la formation des ressources humaines africaines par le biais de la formation initiale et continue. Aussi, par le biais d’échange d’expériences avec certains pays désirant tirer profit de l’expérience tunisienne en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, de développement humain. Toutes ces considérations font de la Tunisie un partenaire incontournable dans le processus de développement socio-économique de l’afrique. Elle a fait bénéficier le Mali par exemple de son savoir-faire dans le cadre de ses projets de développement. Personnellement j’étais fasciné par l’expérience tunisienne en matière de santé et de planning familial. Cela vaut à la Tunisie une reconnaissance africaine et internationale pour les efforts déployés dans la réussite de la coopération Sud-sud. Au lieu de chercher l’expertise chez l’européen, on doit l’acquérir chez le tunisien. La contribution de la Tunisie à la coopération Sud-sud se veut exemplaire et pleine de promesses. Cette coopération Sud-sud donne ainsi à l’afrique la possibilité d’améliorer son aptitude à remédier aux problèmes de la pauvreté, de la médiocrité des infrastructures, de la création de capacités de production et aux crises alimentaire, énergétique, financière et économique. Dans cette optique, il est nécessaire que les pays africains inscrivent la coopération Sud-sud dans leur stratégie de développement afin de garantir qu’elle favorise, et non qu’elle freine, la réalisation de leurs objectifs ».