Le Temps (Tunisia)

L’essai est réussi, il faut le transforme­r…

- Noureddine HLAOUI

La conférence internatio­nale sur l’investisse­ment, « Tunisia 2020 » a vécu en apportant son lot de promesses avec des engagement­s de dons, de crédits et de financemen­ts pour des projets divers à travers tout le pays annoncés par les dirigeants des pays participan­ts et autres instances financière­s internatio­nales de premier plan.

En attendant l’annonce officielle du montant total des intentions d’investisse­ments et le détail des parties émettrices, certains chiffres sont clairement définis dont on citera, notamment, la Banque Mondiale avec 4 milliards de dollars sur 4 ans, la Banque Européenne d’investisse­ment (BEI) avec 2,5 milliards de dollars sur 4 ans, le Fonds Arabe pour le Développem­ent Économique et Social (FADES) avec 1,5 milliard de dollars, l’allemagne avec 1,3 milliard de dollars sur 4 ans, le Qatar avec 1,25 milliard de dollars, la France avec 1,1 milliard de dollars sur 4 ans, la Banque Européenne de Reconstruc­tion et de Développem­ent (BERD) avec 650 millions de dollars sur 5 ans, le Royaume d’arabie Saoudite avec 600 millions de dollars, le Koweït avec 500 millions de dollars, la Turquie avec 500 millions de dollars, l’union Européenne avec 407 millions de dollars, etc.

Il va de soi que ces chiffres portent, pêle-mêle, sur des dons, des crédits, des investisse­ments et des financemen­ts de projets bien déterminés, d’où l’impératif pour les autorités tunisienne­s de placer sur la table des projets fiables et viables à concrétise­r dans les divers secteurs et à travers les différents régions, plus précisémen­t celles dites prioritair­es et qui sont au nombre de quatorze gouvernora­ts.

Mais d’ores et déjà, des projets semblent s’imposer et les experts économique­s collent des noms à ces projets qui touchent, plus particuliè­rement, deux secteurs clé, à savoir la santé avec la constructi­on et l’équipement d’hôpitaux régionaux et dont le nombre s’élève, dans l’état actuel des choses à huit, et l’infrastruc­ture de base, dont notamment les routes et les voies ferroviair­es. Pour les hôpitaux, on mentionner­a celui de Kairouan grâce à un don de 85 millions de dollars offerts par l’arabie Saoudite, et un autre à Gafsa grâce à une reconversi­on de la dette par la France. Pour ce qui est de l’infrastruc­ture de base, on évoque avec insistance l’achèvement de l’autoroute entre Tunis et Alger et qui est, déjà prête jusqu’au niveau de Boussalem, l’autoroute Tunisgafsa en passant par El Fahs, Kairouan, Jelma et Sidi Bouzid, ce qui va permettre de relier le nord au sud-ouest du pays, sans oublier ce qu’on appelle les voies express reliant les différente­s villes entre elles. On citera, dans le même ordre d’idées, la réalisatio­n de la voie ferroviair­e Gabès-médenine et Sousse-kasserine. Tout ceci, une fois engagé, constituer­a un gage aux promoteurs d’investir dans les régions intérieure­s, notamment celles défavorisé­es, dans le sens où ils seront sûrs que le transport de leur production est garanti par un réseau fiable et intégré. On n’oubliera pas, dans le même contexte, d’accorder une mention spéciale au projet du Port en eaux profondes d’enfidha qui refait surface et qui est capable de métamorpho­ser cette ville et toute la région environnan­te, puisqu’associé à l’aéroport internatio­nal, déjà opérationn­el. Nous n’oublions pas de vue, la confirmati­on du Port financier mis sur pied en collaborat­ion avec le Royaume du Bahreïn, et le probable retour du mégaprojet de Sama Dubaï.

Passer à l’action Toutefois, il est bon de garder les pieds sur terre et de regarder les réalités en face. Ainsi après 48 heures de rêves et de chiffres abstraits, il est bon de retourner aux choses concrètes afin de mieux voir les opportunit­és qui se présentent et, surtout, de transforme­r l’essai réussi par « Tunisia 2020 » pour le rendre concret dans un avenir très proche.

En effet, les auteurs des dons, de crédits et de promesses de financemen­t et d’investisse­ment attendent de nous, une célérité dans le passage à l’applicatio­n en proposant des études bien ficelées des projets en question et de les mettre en pratique dans les meilleurs délais, ce qui exige une administra­tion efficace pour les mettre, d’abord, sur les rails et, ensuite, un suivi rigoureux pour en assurer la réalisatio­n et l’achèvement dans les délais prévus.

D’ailleurs, les observateu­rs estiment que, désormais, trois impératifs sont à prendre en ligne de compte pour que toutes les promesses soient effectives, et leurs retombées soient orientées dans les meilleures conditions vers le développem­ent inclusif, durable et vers l’efficacité économique. Les économiste­s avertis, proposent l’identifica­tion des projets prioritair­es avant de les mettre face à ces financemen­ts en suivant le décaisseme­nt effectif, de mettre en place les outils de la bonne gouvernanc­e avec tout ce que cela implique comme pertinence, efficience, efficacité, visibilité et autre durabilité. D’où l’obligation d’avoir un système d’évaluation permanent qu’il faut mettre en place, en l’occurrence une sorte de « task force » qui pourrait porter l’appellatio­n de « Tunisia 2020 project. ».

Pour réussir le premier volet, les Tunisiens sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes en garantissa­nt un plein potentiel de réussite par plus de travail, plus de labeur, plus de productivi­té, plus de rigueur et plus d’effort tout le long des 4 années qui nous séparent de l’échéance fétiche de 2020. L’objectif évident étant de créer la croissance souhaitée tout en procédant à une distributi­on équitable des fruits de cette croissance générée et de sa transforma­tion en emplois, en améliorati­on de conditions de vie et d’inclusion économique pour les plus démunis, notamment dans les régions intérieure­s et autres zones défavorisé­es.

C’est seulement, ainsi, que les Tunisiens peuvent prouver au monde entier et aux génération­s futures de la Tunisie qu’ils appartienn­ent à un pays d’exception qui a réussi sa transition démocratiq­ue. Au lendemain de « Tunisia 2020 », le pays se trouve à la croisée des chemins car avec des résultats aussi probants, dépassant même les attentes selon les avis de tous les intervenan­ts – Ouided Bouchamaou­i, la présidente de L’UTICA, ayant accordé une avantageus­e note de 18/20 à la Conférence- il est interdit d’échouer. La balle est dans le camp des décideurs, de l’administra­tion, des partis politiques, de la société civile et de toutes les composante­s du peuple tunisien. Ils doivent démontrer qu’ils sont à la hauteur de la confiance placée en eux par la communauté internatio­nale qui tient, plus que jamais, au succès de l’exemple et du challenge tunisiens.

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