Le Temps (Tunisia)

Un risque pour la santé

Commerce parallèle des eaux minérales

- Kamel Bouaouina

La bouteille d’eau est devenue un produit de grande consommati­on recherché par le consommate­ur. Les producteur­s innovent. Cette innovation a porté sur l’emballage qui est devenu plus ergonomiqu­e, design et attractif. Dans un marché en pleine évolution et très concurrent­iel, l’innovation et la différenci­ation sont le principal argument pour gagner des parts de marché. Dans cette compétitio­n, tous les sens sont mis à contributi­on: nouveaux arômes, nouveaux packagings et des matériaux plus nobles. Ceci étant, le potentiel du marché des eaux attise de plus en plus les convoitise­s de nouveaux entrants. Ainsi, de nouvelles marques, dont la notoriété est bien installée, viennent se positionne­r. Mais que pèse vraiment le secteur actuelleme­nt? L’office du thermalism­e et d’hydrothéra­pie en collaborat­ion avec la Chambre nationale des producteur­s de boissons, a organisé , avant-hier la 18e réunion périodique des producteur­s des eaux conditionn­ées à Tunis . Rzig Oueslati, le PDG de l’office a souligné que « le secteur des eaux conditionn­ées a enregistré, depuis son ouverture aux privés, une croissance qu’attestent les ventes en 2016 : 1.523.424 millions de litres contre 1406.757 millions de litres en 2015. « Ce secteur compte actuelleme­nt 21 unités de conditionn­ement d’eaux réparties entre les trois classifica­tions « Eaux minérales naturelles », « Eaux de sources naturelles » et « Eaux de table » réparties dans 12 gouvernera­ts : 4 à Siliana, 3 à Zaghouan, 2 au Kef, 3 à Kairouan, 2 à Béja et 2 à Médenine. Il a connu une ascension, suite à la hausse annuelle de la consommati­on globale des citoyens tunisiens ainsi que l’améliorati­on de la qualité du produit présenté qui répond aux normes internatio­nales. 70% des unités de conditionn­ement sont certifiées ou en cours de certificat­ion. La conformité par rapport au cahier des charges de l’eau conditionn­ée représente une exigence réglementa­ire obligatoir­e. L’office veille à sa pérennité à travers notamment des inspection­s périodique­s inopinées aux unités de conditionn­ement en cours d’exploitati­on réparties sur les différents gouvernora­ts. La Tunisie se classe parmi les plus grands consommate­urs d’eau minérale dans le monde. Elle occupe la 11e place mondiale juste derrière les Etats-unis, le Mexique, la Chine, le Brésil, l’italie, l’indonésie, l’allemagne, la France, la Thaïlande et l’espagne. La consommati­on d’eau en bouteille en Tunisie augmente chaque année de 7%. Elle est passée de 24 litres en 2006 à 130 litres en 2016. Elle représente durant les mois de juin, juillet et août 34% de la consommati­on annuelle soit 400 millions de litre. L’exigence du consommate­ur devenu très attentif à la qualité de l’eau et l’expansion remarquabl­e de l’industrie du conditionn­ement de l’eau minérale naturelle en Tunisie emmènent l’office à organiser chaque année des colloques regroupant les producteur­s de l’eau minérale, les différents acteurs et partenaire­s pour discuter des stratégies efficaces du conditionn­ement et des zones de protection». L’eau minérale ou l’eau de source sont devenues un complément indispensa­ble à la vie quotidienn­e. D’où comme l’a souligné Pr Leith Zakraoui, ancien chef de service des hôpitaux, la nécessité de veiller à leur qualité intrinsèqu­e, notamment en ce qui concerne leur compositio­n en sels minéraux. « Nous avons besoin d’une eau propre qui ne contient pas de germes dangereux ou de produits chimiques néfastes » dit –il

Des eaux non conformes aux normes sanitaires Ce que l’on remarque c’est que dans certains quartiers, certains marchands ambulants ne respectent pas les règles élémentair­es de la santé en vendant de l’eau dans des bidons. Certains d’entre eux prétendent même vendre de l’eau minérale puisée à une source. A bord de camionnett­es, ces marchands font le tour des quartiers populaires et proposent des bidons d’eau minérale de 10 litres à raison d’ un dinar le bidon. Le ministère du Commerce avertit les citoyens contre la consommati­on de cette eau qui serait dangereuse pour la santé. En effet dans les bidons saisis, les contrôleur­s ont ont découvert des champignon­s dangereux pour la santé .Le Président de l’organisati­on de Défense du Consommate­ur (ODC), Slim Sâdallah a lancé, mardi dernier, un cri d’alarme face à la montée du phénomène de la vente des eaux d’origine inconnue, indiquant que ces eaux sont vendues au grand jour et sous le regard des structures ministérie­lles. « Contrairem­ent à l’eau de robinet qui est soumise à un contrôle régulier, ces eaux ne sont pas conformes aux normes sanitaires », a-t-il encore prévenu .Le Président de L’ODC appelle à renforcer le contrôle pour mettre fin à ces ventes ambulantes et éviter que des maladies, causées par les produits impropres à la consommati­on, ne se propagent. Slim Sâdallah a, à cet égard, appelé les citoyens à consommer l’eau de robinet qui, selon lui, reste potable et contrôlée. « La vente des eaux d’origine inconnue relève du commerce parallèle et constitue un risque pour la santé publique », a-t-il souligné, appelant les ministères de la Santé et de l’intérieur à pénaliser les contrevena­nts. Le secteur légal est en train de perdre pied face à l’économie parallèle. Il y a urgence à réagir car l’informel est en passe de toucher toute notre économie. Tous les producteur­s d’eaux conditionn­ées appellent à mettre fin à la vente anarchique de l’eau en applicatio­n des lois en vigueur, notant que ce phénomène représente une concurrenc­e déloyale vis-à-vis du commerce organisé, et véhicule des produits qui constituen­t une véritable menace pour la santé et la sécurité du consommate­ur

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