Le Temps (Tunisia)

Avertissem­ent de Rohani aux pasdarans

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Iran

Le président iranien, Hassan Rohani, a prié le puissant corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI, pasdarans) et la milice Basij qu'il contrôle de ne pas intervenir dans l'élection présidenti­elle d’aujourd’hui, un avertissem­ent inhabituel qui souligne la tension dans le pays.

Les Gardiens de la révolution, corps qui est à la tête d'un empire économique et financier, font rarement l'objet de critiques publiques en Iran.

Mais le pragmatiqu­e président sortant se présente au scrutin face à un adversaire de taille en la personne du religieux fondamenta­liste Ebrahim Raisi, qui a apparemmen­t le soutien des pasdarans. "Nous ne demandons qu'une chose : que le Basij et les Gardiens de la révolution restent à la place qui est la leur (...)", a déclaré Hassan Rohani lors d'un discours de campagne à Mashad, capitale de la province du Khorasan-e Razavi, selon l'agence de presse iranienne du travail (Ilna). Le président sortant a rappelé que l'ayatollah Khomeini, le fondateur de la République islamique d'iran décédé en 1989, avait lui-même évoqué les risques d'une ingérence des forces armées dans la vie politique.

Lors de la présidenti­elle de 2009, la rumeur avait couru que le CGRI et la milice Basij avaient falsifié les résultats du scrutin en faveur de Mahmoud Ahmadineja­d, ce qui avait déclenché un vaste mouvement de protestati­on dans tout le pays. Les manifestat­ions avaient fait des dizaines de morts. Ces centaines de personnes avaient été interpellé­es, selon les organisati­ons de défense des droits de l'homme. Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré mercredi que le maintien de la sécurité pour l'élection était une priorité.

Mauvais oeil L'interventi­on d'ali Khamenei, à l'avant-veille du scrutin, pourrait influer sur le vote, en donnant à comprendre qu'il voit d'un mauvais oeil le comporteme­nt du président sortant. "Au cours des débats électoraux, certains propos tenus ont été indignes de la nation iranienne. Mais la (large) participat­ion de la population fera oublier tout cela", a-t-il dit lors d'un discours, cité sur son site internet. Les deux principaux rivaux ont échangé des accusation­s de corruption en direct à la télévision, sur un ton d'une véhémence qui était du jamais vu en près de 40 ans d'histoire de la République islamique. Ebrahim Raisi accuse Hassan Rohani d'être corrompu et de mauvaise gestion économique. Le président sortant, qui souhaite poursuivre l'ouverture de l'iran vers l'occident et assouplir les restrictio­ns pesant sur la société iranienne, accuse en retour son adversaire, qui a été juge pendant plusieurs années, de violations des droits de l'homme. Ebrahim Raisi a développé une relation de confiance avec certains pasdarans quand il était juge et a de ce fait leur soutien, selon Mohsen Sazegara, membre fondateur du CGRI qui vit aujourd'hui en exil aux Etats-unis. "Raisi est le candidat des Gardiens de la révolution", dit-il. Si l'ayatollah Khamenei n'a pas formulé d'accusation ad hominem mercredi, ses critiques semblent viser tout particuliè­rement Rohani, qui, durant un débat la semaine dernière, est allé au-delà de ce qui est habituelle­ment admis en Iran.

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