Accusations, paranoïa et folles ambitions
Arrestation de Jarraya, une semaine après
L'arrestation de l'homme d'affaires « douteux » Chafik Jarraya a coïncidé avec le 25e anniversaire de l'assassinat du légendaire juge italien Giovanni Falcone et le déclenchement, plus tard, de la fameuse opération ‘Mani pulite' (opération mains propres). Depuis, l'unité spéciale qui s'est occupée de Jarraya a poursuivi son travail et a arrêté d'autres suspects impliqués dans des affaires de corruption et d'atteinte à la sûreté de l'etat. Le rythme était tellement intense qu'il a permis à certains d'exposer des théories et des prédilections toute aussi intéressantes que polémiques.
L’arrestation de l’homme d’affaires « douteux » Chafik Jarraya a coïncidé avec le 25e anniversaire de l’assassinat du légendaire juge italien Giovanni Falcone et le déclenchement, plus tard, de la fameuse opération ‘Mani pulite’ (opération mains propres). Depuis, l’unité spéciale qui s’est occupée de Jarraya a poursuivi son travail et a arrêté d’autres suspects impliqués dans des affaires de corruption et d’atteinte à la sûreté de l’etat. Le rythme était tellement intense qu’il a permis à certains d’exposer des théories et des prédilections toute aussi intéressantes que polémiques. Certains ont en effet assuré que les députés ayant collaboré avec Chafik Jarraya seraient, très bientôt, interrogés, voire, arrêtés. Des listes ont commencé à circuler renfermant, essentiellement, quelques noms de députés du bloc parlementaire du mouvement Nidaa Tounes.
Réagissant à ce qu’ils considèrent comme une campagne de dénigrement infondée, les mêmes élus ont riposté en menaçant de poursuivre tous ceux qui se sont permis d’émettre de telles aberrations. Dans un communiqué publié lundi soir (émis suite à une réunion entre les députés et les cadres du mouvement), on peut lire que les intéressés sont profondément choqués de l’instrumentalisation des arrestations de la semaine dernière. On attend donc l’ouverture des enquêtes pour définir si oui on non on a eu tort d’impliquer les Toubel et compagnie dans cette affaire.
De son côté, le chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes, Borhen Bessaies, a été plus clair en affirmant qu’il ne rejettera pas son ami juste parce qu’il a été arrêté. D’après lui, l’hystérie provoquée par l’affaire Jarraya n’est pas innocente et serait plutôt orchestrée dans le but de déstabiliser le mouvement.
Il est vrai que plusieurs bruits courent sur l’implication de quelques figures phares du Nidaa dans l’affaire Jarraya, cependant, les réactions des élus et surtout celle de Bessaies nous laissent perplexes à cause de l’agressivité du ton et de l’insistance des menaces.
Ceux qui ne se sentent pas directement concernés par ce dossier, ont préféré jouer sur une autre note ; Youssef Chahed est certes derrière l’arrestation mais ce n’est pas pour autant qu’il doive remporter le mérite tout seul. C’est le cas de l’ancien chef du gouvernement, Habib Essid, qui a brisé le silence en accordant une déclaration au journal Akher Khaber. Une déclaration assez troublante où il revient sur les efforts qu’il a péloyés lors de son passage à la Kasbah pour dire, en gros, que son successeur n’a fait que broder sur ce qu’il a trouvé pour aboutir à un accomplissement pareil. Une déclaration qui ne ressemble pas à Habib Essid tel qu’il nous a été présenté à maintes reprises. Une déclaration où on sent que l’homme est aigri et cherche, par tous les moyens, à laisser son empreinte dans ce qui se passe neuf mois après son départ de la Kasbah.
Du côté de l’opposition, à part un clair soutien du Courant démocratique, on a préféré laisser place au doute. Plusieurs chefs de l’opposition ont en effet choisi de demander, publiquement, les réelles raisons des récentes arrestations au lieu de plaider en leur faveur. Poser des questions publiques pareilles revient à faire passer un message très cassant alors que l’opinion publique est en plein élan. Dans tous les cas de figure, et vu que les interrogatoires ont démarré, le temps saura répondre à toutes nos questions.