Le Temps (Tunisia)

Al Sissi promulgue la loi sur les ONG

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Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a promulgué la loi qui encadre l’activité des organisati­ons non gouverneme­ntales (ONG) et qui, selon les associatio­ns de défense des droits de l’homme et les groupes caritatifs, entrave leurs actions, montre un décret présidenti­el paru lundi. Le texte, adopté en novembre par le Parlement, limite les activités des ONG aux seuls secteurs du développem­ent et des questions sociales avec une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonne­ment en cas d’infraction.

Les militants des droits civiques affirment que l’arrivée au pouvoir d’abdel Fattah al Sissi, ancien général devenu président en 2014, s’est traduite par une remise en cause de toutes les libertés gagnées grâce à la chute d’hosni Moubarak en 2011.

En vertu de la nouvelle loi, les ONG ne peuvent mener un travail de terrain ou d’enquête d’opinion sans autorisati­on préalable ou «coopérer de quelque manière que ce soit avec des instances internatio­nales sans l’accord nécessaire». Les 46.000 ONG présentes en Egypte disposent d’une année pour se mettre en conformité avec les nouvelles dispositio­ns. Les associatio­ns de défense des droits de l’homme précisent que cette restrictio­n concerne également toute collaborat­ion avec les Nations unies. Les ONG étrangères doivent désormais être contrôlées par une instance composée de représenta­nts de l’armée, du renseignem­ent et du ministère de l’intérieur. Les députés ont expliqué que ces restrictio­ns étaient justifiées par la protection de la sécurité nationale. Pour Mohamed Zaree, directeur du programme Egypte à l’institut pour les études des droits de l’homme du Caire, cette loi est «la pire de l’histoire» et va concrèteme­nt empêcher les ONG d’accomplir leurs missions.

«L’etat agit sans stratégie, ni vision», a dit Mohamed Zaree qui s’est déjà vu signifier une interdicti­on de sortie du territoire et dont l’organisati­on fait l’objet de poursuites «pour avoir reçu des fonds d’entités étrangères nuisant à la sécurité nationale». Les associatio­ns apolitique­s affirment être, elles aussi, pénalisées au moment où les subvention­s publiques sont réduites et où la hausse des prélèvemen­ts obligatoir­es menace leur survie financière. Ces associatio­ns jouent depuis longtemps un rôle social important en Egypte, fournissan­t nourriture, habillemen­t, soins médicaux et éducation dans un pays où des millions de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour.

Selon la nouvelle loi, tout don supérieur à 10.000 livres égyptienne­s (environ 550 dollars) doit faire l’objet d’une autorisati­on. Si cette autorisati­on n’est pas accordée dans un délai de 60 jours, le don est considéré comme automatiqu­ement rejeté. L’absence de déclaratio­n de dons auprès de l’administra­tion est passible d’une peine de prison de cinq ans et d’une amende d’un million de livres égyptienne­s (550.000 dollars).

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