Le début de la fin ?
Trois députés de Nidaa Tounes convoqués par la Justice militaire
Le président du bloc parlementaire du mouvement de Nidaa Tounes, Sofiène Toubel, et les députés Ibtissem Jbebli et Mongi Harbaoui viennent d’être convoqués devant la Justice militaire. Très peu d’éléments ont été fournis quant à cette convocation ce qui a laissé place à beaucoup de spéculations d’autant plus que l’information a été véhiculée suite à une rumeur insistante – ayant circulé le soir du mardi au mercredi 21 juin 2017 – faisant part de l’arrestation de Sofiène Toubel.
Par ailleurs, cette convocation survient après celle adressée à la députée Sabrine Goubantini – qui a été appelée en sa qualité de témoin – où elle était revenue sur ses déclarations radiophoniques (datant du mois de mars) où elle a évoqué des contenus dangereux qui auraient été tenus lors d’une réunion du bureau politique du mouvement de Nidaa Tounes. La députée avait répondu présente devant le juge d’instruction civil et militaire. Quelques jours plus tard, c’est au tour de Toubel, Harbaoui et Jbebli. Si les autorités se gardent bien de donner plus d’informations au large public (et cela se comprend bien puisque les affaires sont en cours), un flashback pourrait aider à décortiquer la situation. En effet, il y a quelques mois de cela, l’ancien membre fondateur de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, avait publiquement révélé que le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes avait reçu, en guise de cadeau, un bien immobilier (un appartement a priori) de la part de Chafik Jarraya, actuellement arrêté pour une affaire de complot de sûreté contre l’etat. L’accusation de Lazhar Akermi avait été portée quelques jours après l’arrestation de Jarraya, et Sofiène Toubel avait réagi en expliquant qu’il a en effet acheté l’appartement de Chafik Jarraya mais que ce dernier ne le lui a pas offert puisqu’il a bénéficié d’un crédit bancaire (banque publique) pour pouvoir se payer l’appartement en question.
Hier, le journal électronique ‘Tunisie-telegraph’ a publié un article selon lequel le compte du député ayant bénéficié de l’appartement a été alimenté par de l’argent en liquide bien avant que la banque publique concernée ne lui ait accordé le crédit de logement.
Pour revenir à l’affaire de la convocation des trois députés, nous avons appris de source sûre qu’ils auraient, tous les trois, cherché à trouver un soutien au sein du mouvement de Nidaa Tounes. Une recherche vaine puisque, apparemment, tous les dirigeants du Nidaa et à leur tête le directeur-exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, auraient préféré que les concernés fassent face à la convocation sans aucune intervention. Toutefois, il ne s’agit pas là du témoignage d’une quelconque bonne volonté pour appuyer la lutte contre la corruption ; Toubel n’est pas l’unique politique à être soupçonné d’être dans des affaires de corruption et plusieurs dirigeants de Nidaa Tounes pourraient bientôt être à leur tour convoqués dans des affaires similaires. A cause de leur proximité, connue de tous, avec Chafik Jarraya, les mouvements de Nidaa Tounes et celui d’ennahdha risquent – si les choses continuent de fonctionner correctement – de voir quelques-uns de leurs dirigeants être inquiétés par la Justice. De ce fait, la solidarité partisane risque de se faire très rare pendant les prochaines semaines…