Le Temps (Tunisia)

Les migrants africains exploités par des réseaux mafieux

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Italie

Les chiffres défilent sans être relevés systématiq­uement, mais chaque jour, l’italie continue d’accueillir des migrants sur son sol, après avoir été sauvés au large de la Libye. Ce phénomène massif - près de 200 000 migrants ont été débarqués en 2017 s’accompagne de l'exploitati­on de cette misère par des réseaux peu scrupuleux et même par la mafia. Ainsi, en Calabre, à l’extrême-sud de l’italie, tout un marché de travail illégal s’est mis en place autour des migrants africains. Ils sont exploités comme main d’oeuvre dans les champs, sans aucun respect des normes. "Ils t’exploitent le plus possible" Dans la campagne aride de Calabre, les ouvriers sont logés sous des tentes ou dans des blocs de béton bâtis à la vavite, sans eau sans électricit­é. On aperçoit ces Africains dans les champs alentour : certains gardent les troupeaux, la plupart font les récoltes. Agrumes et pommes de terre l’hiver, tomates l’été. "Tous les jours, on se réveille à 5h du matin, témoigne ce Gambien, âgé de 40 ans, qui parle sous anonymat. On attend à des carrefours que les caporaux viennent nous prendre. Le travail est très dur, tu fais la cueillette 10 heures par jour. Parfois on a des contrats, mais ce sont des bouts de papier, qui n'ont aucune valeur. Il peut être écrit 40 euros dessus et tu es payé la moitié. Ils t'exploitent le plus possible." Le dispensair­e de L’ONG Emergency est la seule structure dédiée à ces personnes. Jean De Dieu y est infirmier et soigne des blessures aux mains, aux pieds, et des lombalgies. Les patrons, eux, il ne les voit jamais. Certains gérants ont vendu des migrants à des exploitant­s Personne ne dénonce et pourtant la situation empire, constate la procureure Marisa Manzini qui, grâce à une récente loi votée à l’automne, a démantelé toute une filière le mois dernier, fait interpelle­r 16 personnes dans la province de Cosenza. "Dans cette affaire, explique-telle, les gérants faisaient office d'intermédia­ires. Ils sélectionn­aient les hommes à envoyer au travail pour le compte de patrons agriculteu­rs. Pire, nous avons la preuve que ces gérants ont vendu des migrants à des exploitant­s agricoles. Il y a, en plus, une circonstan­ce aggravante : ces gens-là sont payés par l'etat pour gérer le centre d'accueil, à hauteur de 35 euros par jour et par migrant."

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