L'etat est dans tous ses états !
A l'orée des vacances estivales la scène nationale est marquée par de nombreuses affaires d'ordre, politique, économique, social et sécuritaire d'une gravité extrême dans le sens où elles reflètent une image d'une société en décomposition malgré les six ans passés depuis la révolution de 2011 et l'instauration en cours d'un régime démocratique né d'élections libres. Il importe, tout d'abord, de mettre en relief, plusieurs aspects positifs dont on cite, notamment, le déclenchement de la guerre contre la corruption et contre les barons de la contrebande, la mise en place, enfin, du Conseil supérieur de la magistrature et l'apparition de certains indicateurs économiques et financiers prometteurs. Mais, les volets où le négatif l'emporte sont aussi, sinon, plus nombreux. Qu'on en juge. On mentionnera, en premier lieu, ce silence bizarre concernant plusieurs affaires qui datent, surtout de l'époque de la Troïka en 2012 et 2013 au cours desquelles une opacité totale a entouré les recrutements anarchiques touchant, en grande partie, les personnes ayant bénéficié de l'amnistie générale accordée à un moment où il n'y avait pratiquement aucune autorité digne de ce nom avec le passage de Mohamed Ghannouchi.
A l’orée des vacances estivales la scène nationale est marquée par de nombreuses affaires d’ordre, politique, économique, social et sécuritaire d’une gravité extrême dans le sens où elles reflètent une image d’une société en décomposition malgré les six ans passés depuis la révolution de 2011 et l’instauration en cours d’un régime démocratique né d’élections libres.
Il importe, tout d’abord, de mettre en relief, plusieurs aspects positifs dont on cite, notamment, le déclenchement de la guerre contre la corruption et contre les barons de la contrebande, la mise en place, enfin, du Conseil supérieur de la magistrature et l’apparition de certains indicateurs économiques et financiers prometteurs.
Mais, les volets où le négatif l’emporte sont aussi, sinon, plus nombreux. Qu’on en juge. On mentionnera, en premier lieu, ce silence bizarre concernant plusieurs affaires qui datent, surtout de l’époque de la Troïka en 2012 et 2013 au cours desquelles une opacité totale a entouré les recrutements anarchiques touchant, en grande partie, les personnes ayant bénéficié de l’amnistie générale accordée à un moment où il n’y avait pratiquement aucune autorité digne de ce nom avec le passage de Mohamed Ghannouchi. La situation de dérapages, née des Kasbah 1 et 2, semble se poursuivre jusqu’à nos jours, malgré le slogan lancé par Béji Caïd Essebsi, lors de sa campagne électorale de 2014, appelant au retour du prestige de l’etat. Mais une fois que le nouveau pouvoir, censé être définitif, est en place, l’impunité continue à être le maître mot en matière de gestion des affaires du pays. Les derniers événements en date survenus au CHU Bourguiba de Sfax et les actes de barbarie sont là pour en témoigner. Et il a fallu plusieurs jours et le tollé soulevé par la société civile pour que, enfin, le parquet ne décide d’ouvrir une enquête sur ladite tragédie. Une décision dont on n’est pas sûr qu’elle soit suivie d’effet concret dans le sens où ce syndicaliste Adel Zouaghi semble intouchable. Certains allant jusqu’à dire qu’il est le « maître » réel de tout Sfax ! Une remarque concernant le ministère de la Santé qui a été le dernier à réagir à cette affaire alors qu’il aurait dû être le premier à prendre des mesures énergiques. La scène est marquée, d’autre part, par la tension extrême régnant dans les sites pétroliers de Kebili où la production est, de l’aveu même de la ministre de l’energie, à l’arrêt total depuis plus de deux mois. Alors, une question se pose : Va-t-on répondre « positivement » à toutes les revendications des sit-inneurs et qui sont autrement plus intransigeants que ceux d’el Kamour à Tataouine ? Logiquement et par analogie, la réponse est « oui ». Mais dance cas, qui arrêtera la spirale de ce genre de mouvements irresponsables et insensés. Nous avions dit, certes, « Mabrouk » aux sit-inneurs d’el Kamour qui avaient tout eu, mais nous avions souligné, aussi, la facture trop salée de l’accord signé par le gouvernement avec un simple citoyen. Une première du genre ! Et nous avions clairement évoqué un précédent, grave et dangereux, qui pouvait faire des émules et faire tâche d’huile dans d’autres régions et dans d’autres secteurs de l’économie. Et dire qu’en tirant la sonnette d’alarme, le gouvernement ne pipe pas un mot sur la stratégie qu’il compte suivre avec les protestataires de Kebili qui semblent avoir voulu attendre, sciemment, l’issue du bras de fer engagé à Tataouine pour faire entendre, haut, leur voix.
C’est dire qu’on est curieux de savoir la démarche qui va être prônée par le gouvernement dans ce cas de Kebili. En fera t-il de même comme cela a été le cas à El Kamour ? Dans le cas contraire, pourra t-il résister aux exigences des sit-inneurs et leur refuser ce qu’il a octroyé aux autres ? Dilemme ! Toujours, dans le cadre des événements graves, on signalera, les violents heurts entre les forces de l’ordre et un groupe de jeunes et qui ont éclaté, jeudi tard dans la nuit, à Bir Lahfey (gouvernorat de Sidi Bouzid). N’accordant plus aucun respect à l’autorité, ces jeunes ont incendié une voiture de police par un jet de cocktail Molotov blessant les quatre policiers qui étaient à bord et dont l’un a été transporté, dans un état grave, au Centre des grands brulés, à Ben Arous.
Les troubles ont éclaté après la mort, jeudi après-midi, d’un jeune de 23 ans qui a reçu plusieurs coups de couteau, dans une rixe autour de l’emplacement d’un étal au marché hebdomadaire. Cet incident a mis à nu le non respect à toute autorité étatique et le retour à cette mentalité de tribalisme qui semble prendre le pas lors de plusieurs cas de litiges. Un phénomène qu’on croyait révolu à jamais, mais qui semble renaître de ses cendres après la révolution et l’absence de l’application des lois conformément aux principes de l’etat de droit et des institutions.
Sur le plan politique et partisan, la situation n’est pas meilleure avec la dispersion du paysage politique, une situation qui ne peut profiter qu’au seul parti structuré et discipliné d’ennahdha, comme cela a été le cas en 2011, ce qui fait dire à certains observateurs, que le parti islamiste serait derrière la dislocation de Nidaa. Et même les tentatives de créer un Front du salut semblent avoir fait long feu puisque le principal instigateur, à savoir Mohsen Marzouk et Machrou3 Tounès n’assistent même plus aux réunions dudit Front. Même si les diverses voix continuent à crier haut et fort que la seule chance des progressistes modernistes de barrer la route au projet islamiste réside dans l’émergence d’un Front qui doit, tôt ou tard, voir le jour. Au vu de tout ce qui précède, le ciel n’est pas aussi clair qu’on le souhaite, mais l’espoir persiste de voir la tendance renversée dans le bon sens avec le maintien du cap par Youssef Chahed dans la lutte contre la corruption et par sa résistance aux tentatives de certains de faire diluer cette guerre contre les corrompus qui feraient miroiter des centaines de milliards pour obtenir des arrangements à l’amiable.
Politiquement, l’espoir persiste avec la poursuite des tractations menées en vue d’aboutir à ce Front salvateur, un Front loin des alter egos avec pour seul objectif la création, de nouveau, de l’équilibre partisan, seul garant de parvenir à une concrétisation de la démocratie basée sur l’alternance au pouvoir et loin de toute domination par un seul grand parti.