Le Temps (Tunisia)

Entre certitudes et inquiétude­s !...

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La guerre contre la corruption continue à occuper le devant de l'actualité nationale, surtout après les deux confirmati­ons venues des deux têtes du pouvoir exécutif. Tout d'abord de la part du président de la République qui a saisi son adresse improvisée après la prière de l'aïd pour réitérer son soutien sans équivoque au combat menée par le gouverneme­nt d'union nationale contre les barons de la corruption et de la contreband­e. Un soutien que certains ont essayé de mettre en doute.

La guerre contre la corruption continue à occuper le devant de l’actualité nationale, surtout après les deux confirmati­ons venues des deux têtes du pouvoir exécutif. Tout d’abord de la part du président de la République qui a saisi son adresse improvisée après la prière de l’aïd pour réitérer son soutien sans équivoque au combat menée par le gouverneme­nt d’union nationale contre les barons de la corruption et de la contreband­e. Un soutien que certains ont essayé de mettre en doute. Ensuite de la part de Youssef Chahed, lui-même, lors d’une interview accordée au prestigieu­x journal américain, le New York Times et dans laquelle il a répété sa fameuse et, désormais, célèbre phrase : « Je suis déterminé à aller jusqu’au bout dans la guerre contre la corruption ». Et cette fois-ci, cette confirmati­on pèse encore plus lourd dans le sens où elle intervient à la veille ou presque de son voyage aux Etats-unis d’amérique que certains ont, également, essayé de remettre en question. Ces deux déclaratio­ns sont de la plus haute importance en cette conjonctur­e où certains observateu­rs trouvent que le combat marque le pas et traîne, plutôt, en longueur. Car, il faut dire que les citoyens, à tort ou à raison, s’impatiente­nt et tiennent à voir des résultats plus tangibles et à voir d’autres gros poissons tomber dans les filets des services de sécurité et passer en justice. En effet, si pour Chafik Jerraya, les accusation­s ont été annoncées publiqueme­nt sans que l’on sache, tout de même, le point de la situation à propos de l’instructio­n judiciaire, on attend encore des chefs d’accusation clairs et officiels pour les autres personnes, toujours placées en résidence surveillée conforméme­nt aux dispositio­ns des lois stipulées par l’état d’urgence.

Il faut dire aussi que le flou entourant l’élargissem­ent du contreband­ier El Wachwacha et les rumeurs quant à l’existence de possibilit­és d’arrangemen­t à l’amiable avec les autres présumés accusés dont notamment, Nejib Ben Ismaïl et Yassine Chennoufi ainsi que Samir El Wafi, le récidivist­e, ne sont pas pour tranquilli­ser les esprits. Autrement dit, les Tunisiens, qui ont éprouvé un formidable élan de soutien et de solidarité avec le gouverneme­nt de Chahed ont peur de se réveiller, un jour, pour retrouver tout ce beau monde de contreband­iers et de malfaiteur­s retrouver et la liberté et leurs réseaux… Les Tunisiens, à qui on a dit que la décision d’arrêter tous ces grands barons de la corruption et de la contreband­e n’a pu être prise qu’après avoir acquis la certitude avec des preuves concrètes et factuelles quant à leur culpabilit­é, ne pourraient plus se relever d’une éventuelle désillusio­n ou une déception. Leurs réactions seraient alors imprévisib­les d’autant plus qu’il serait trop difficile de faire croire aux honnêtes gens que le pouvoir avec tous ses services des renseignem­ents et de sécurité se sont trompés d’adresse et qu’ils auraient agi à la légère ou sur la base de simples présomptio­ns.

Il faut dire, également, que les différents avocats des présumés accusés jouent à un jeu aussi dangereux que malsain dans le sens où ils sont en train de multiplier les déclaratio­ns mettant en doute la solidité de l’opération menée contre la corruption, alors que normalemen­t, logiquemen­t et légalement, personne n’a le droit de parler de ces affaires tant qu’elles sont du ressort de la justice. Raison de plus lorsqu’il s’agit des avocats, censés être les premiers à connaître età respecter les lois.

On citera, en premier lieu, les Chakib Derouiche et Nizar Ayed qui, très actifs sur les réseaux sociaux et plus particuliè­rement sur Facebook, sont en train de faire miroiter que les accusation­s sont « bidon » et que leurs clients sont innocents et blancs comme neige. Pourquoi l’etat et le gouverneme­nt laissent-ils faire semer la zizanie dans les esprits des citoyens qui ont attendu, des années durant, le déclenchem­ent d’une telle action dite « manu pulite » ? Ce qui est encore plus grave est que ces mises en cause proviennen­t de la part des parties censées être parmi les plus grands soutiens à la campagne contre la corruption, en l’occurrence les deux plus grands partis, Ennahdha et Nidaa qui se contentent de simples déclaratio­ns de protocole. Sans plus

D’ailleurs, cette attitude molle a fait dire que certains membres influents des ces deux formations auraient des choses sur la conscience à se reprocher d’où leur comporteme­nt, à la fois, préventif et agressif.

En effet, ne pouvant nier leur proximité avec le « number one » des présumés corrompus, Chafik Jerraya, les gros pontifes des deux partis s’affichaien­t avec fierté en sa compagnie. Et rien qu’à voir la fameuse cérémonie de mariage de Samir El Wafi où le grand gotha des milieux de la politique, des affaires et des médias était au rendez-vous, on ne peut qu’avoir des doutes quant leur connivence avec ces gens peu recommanda­bles. Même Samia Abbou, qui veut se passer pour Madame Propre, était là et, selon des témoins présents, dansait comme elle ne l’aurait jamais fait !

Il y a lieu de citer que certains magistrats, à différente­s échelles, ont, de leur côté, mis en doute la sérieuse volonté de Youssef Chahed d’aller jusqu’au bout, malgré ses dires. De notre côté, nous restons persuadés que la campagne n’est ni conjonctur­elle ni limitée dans le temps et dans l’espace. Nous continuons à accorder un préjugé favorable au gouverneme­nt et à la présidence de la République. Mais force est de reconnaîtr­e que le moment est trop « beau » pour le voir disparaîtr­e sans suite. Et c’est pour cela que nous sommes convaincus que les Tunisienne­s et les Tunisiens ont choisi la Tunisie , d’où notre hâte d’assister, du moins, à un premier épilogue qui nous confortera­it dans cette conviction. Amen !

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