Le Temps (Tunisia)

Le temps des grands projets a sonné

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Le temps est-il venu vraiment, 7 ans après la Révolution, de repartir vers l’avant et repenser le développem­ent aussi bien politique qu’économique que social dans une vision nouvelle qui permettrai­t à ce pays de rattraper d’abord, le temps perdu et de le mettre sur une orbite de viabilité dans un monde en pleine mutation ! Au-delà de la campagne contre la corruption et le terrorisme dont il faut éviter d’en personnali­ser les contours en laissant la justice faire son travail de la façon la plus sereine conforméme­nt aux lois et à l’intime conviction des juges, ce dont la Tunisie a le plus besoin c’est d’une sorte d’arrêt sur image pour comprendre où nous en sommes et où nous voulons aller ! J’emprunte, une phrase à un auteur que j’admirais au plus haut point et qui a embaumé mes lectures d’adolescenc­e puis de jeunesse, Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal, et ses chefs d’oeuvres « le Rouge et le Noir », la Chartreuse de parme, Lucien Leuwen, de l’amour, Armance etc…. et qui disait : « Le roman est un miroir qui se promène sur une route ». Or, il est grand temps de projeter notre réalité comme ce « roman » Stendhalie­n en vue de lui indiquer la route, cette nouvelle voie que les Tunisiens attendent impatiemme­nt depuis 2011. Malheureus­ement, les courants dominants, aussi bien politiques, identitair­es, qu’économique­s sont tellement divergents, qu’il est difficile d’espérer un engagement rapide sur les grands dossiers qui attendent solutions et sur les grands chantiers qu’on arrive difficilem­ent à remettre en oeuvre. Il me semble qu’on a mis trop de temps à vouloir rafistoler la « politique » en jouant du refrain de la démocratis­ation et maintenant de la décentrali­sation ce qui a affaibli le pouvoir de décision au niveau gouverneme­ntal et de l’ensemble de l’exécutif. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs et on ne fait pas de grands projets dans un monde très concurrent­iels, en voulant respecter les procédures qui bloquent parce que non adaptées au monde des affaires.

Par ailleurs, il faut faire très attention pour distinguer le « vrai du faux » et ne pas faire l’amalgame entre les affairiste­s véreux et « corrompus » et les vrais hommes d’affaires et promoteurs qui fructifien­t leur argent et leurs capitaux en respectant les règles de l’art.

J’ai suivi l’interview T.V d’un de ces hommes d’affaires qui plaidait pour la relance des grands projets sans lesquels, selon lui, on ne peut pas remodeler la Tunisie au goût du 21ème siècle.

Il a plaidé aussi pour une véritable « guerre économique » (le terme est exagéré, certes, mais je pense qu’il a voulu parler d’un électrocho­c économique d’envergure).

Il a plaidé aussi pour qu’on permette aux Tunisiens résidants à l’étranger d’investir leurs avoirs et économies en devises en Tunisie, sans passer par toutes les tracasseri­es et autres procédures onéreuses en temps et en argent, qui n’encouragen­t pas ces promoteurs à s’installer dans leur pays natal. Tout cela nous pousse à revendique­r et espérer une nouvelle dynamique économique et financière d’envergure et pas de simples déclaratio­ns d’intentions rassurante­s mais bien loin de catalyser le boom économique qu’on attend, qu’on libère le rapatrieme­nt des devises et l’argent coulera à flot, a martelé cet homme d’affaires excédé par tous les contrôles bloquants. Ces hommes d’affaires attendent du gouverneme­nt, de l’audace et de la déterminat­ion pour débloquer tous les projets en instance qui peuvent créer des milliers d’emplois, donner de l’espoir aux régions et apaiser le monde économique, qui, il faut le dire, a peur de cette campagne de dénigremen­t du monde des affaires, qui ne fait pas la différence entre le bien et le mal, l’utile et le nuisible en un mot entre la promotion économique et le développem­ent bénéfique aussi bien pour le capital que le monde du travail et le négativism­e des fièvres inquisitoi­res. La Tunisie doit revoir « grand » et aspirer à un développem­ent intégré et intégral de grande dimension. Si le gouverneme­nt emprunte cette voie sans trop de calculs ni de velléités de prudence excessive, il aura son rendez-vous avec l’histoire ! Les peuples aiment les gouvernant­s qui ont de l’audace… « Wa faza billadhati al jassourou » (l’audacieux a la jouissance) ! Est-ce trop demander à M. Youssef Chahed qui semble déterminé à prendre bien des taureaux par les cornes !

C’est vrai qu’il est engagé sur beaucoup de fronts sensibles et périlleux en termes politiques. Mais, son destin d’homme d’etat, passe par les grandes réformes… et les grandes réformes n’attendent plus ! C’est là le vrai changement !

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