Le Temps (Tunisia)

Tous les chemins mènent à El Kamour !

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Le bureau exécutif du mouvement d’ennahdha a tenu, mercredi, sa réunion hebdomadai­re à l’issue de laquelle il a publié un communiqué où il annonce la création d’une cellule de crise, au sein du mouvement, dédiée au suivi de l’évolution du dossier du gouvernora­t de Kébili qui connait quelques tensions sociales dont le but est d’arriver à réaliser quelques requêtes. Qualifiant les protestati­ons des habitants de Kébili de légitimes, Ennahdha a appelé les protestata­ires à garder l’aspect pacifique de leur mouvement et à aller vers la voie du dialogue. Quelques lignes plus haut, le mouvement islamiste s’est félicité de la résolution du dossier d’el Kamour (Tataouine), et a salué les efforts des jeunes de la région qui s’impliquent dans le développem­ent de leur gouvernora­t.

Avant de revenir sur le dossier de Kébili, il serait utile de rappeler la tentative du chef d’ennahdha, Rached Ghannouchi, de récupérer la ‘réussite’ d’el Kamour en déclarant que l’union générale tunisienne du travail (UGTT), n’a fait que bénir les actions menées par le ministre de la Formation profession­nelle et de l’emploi, un ministre Nahdhaoui. Des semaines après la fermeture du dossier El Kamour, Ennahdha cherche encore et toujours à s’accaparer ce qu’il qualifie de réussite. Ce qui est triste ici c’est que non seulement le mouvement cherche désespérém­ent et ridiculeme­nt à se glorifier d’une action qui n’est pas la sienne mais, en plus, il tente de s’attribuer un mérite qui n’existe même pas : El Kamour a duré des mois, El Kamour a mal tourné, El Kamour a coûté la vie d’un jeune homme et El Kamour a coûté des milliards de nos millimes à l’etat tunisien. Peut-être que le gouverneme­nt a bien compris qu’il ne s’agissait nullement d’une réussite et que cela explique son blackout total quant à ce dossier… En partant de ces faits, Ennahdha anticipe aujourd’hui sur le dossier de Kébili et il ne serait pas étonnant de le voir envoyer des dirigeants ou des députés sur place pour prendre quelques photos et dire qu’ils sont en train de cadrer le mouvement afin d’éviter tout dérapage. Ce qui est étonnant ici aussi c’est de voir Ennahdha commettre les mêmes erreurs d’el Kamour. Bien qu’il n’était pas le seul, le mouvement avait, à l’instar de presque tous les autres acteurs politiques, salué le sit-in en ne cessant de dire qu’il était pacifique : même lorsque les protestata­ires avaient bloqué les routes, lorsqu’ils avaient pris d’assaut El Kamour et lorsqu’ils avaient bloqué les camions des sociétés pétrolière­s, on continuait de les féliciter et de les encourager à garder leur pacifisme. Même si les aspects de ce qui se passe à Kébili ne sont pas encore clairs (même au niveau des médias la question n’a pas encore été profondéme­nt traitée), il serait dommage que l’on zappe les leçons d’el Kamour et que l’on continue de refaire les mêmes fautes. En même temps, il était tout à fait prévisible que d’autres régions fassent exactement ce qu’ont fait les habitants de Tataouine qui, grâce à la soumission du gouverneme­nt, on livré le mode d’emploi à tous ceux qui ont des requêtes : la solution est simple, protestez, bloquez les routes et les production­s et vous aurez tout ce que vous voulez !

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