Le Temps (Tunisia)

Quel sort est réservé aux conclusion­s et aux recommanda­tions ?

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• La Cour des comptes a demandé le renforceme­nt de ses moyens financiers et humains afin de pouvoir faire face avec succès à toutes ces tâches

Au cours du débat qui a suivi la présentati­on du 30ème rapport annuel de la Cour des comptes, hier, plusieurs journalist­es sont intervenus, demandant des éclairciss­ements sur certains points en particulie­r la suite réservée aux dossiers relatifs aux dépassemen­ts ayant atteint un niveau délictuel, enregistré­s lors des opérations de contrôle effectuées dans ce cadre. En effet, le rapport signale que les missions de contrôle accomplis dans le cadre de la préparatio­n de ce rapport ont permis d’enregistre­r des violations avérées de la loi et de la réglementa­tion en vigueur qui ont porté atteinte à la transparen­ce et aux principes de bonne gestion, et constitué de véritables délits.

En réponse à ces questions, le premier président de la Cour des comptes, Néjib Ktari, a indiqué que ces dépassemen­ts à caractère délictuel seront transmis aux juridictio­ns compétente­s, notamment aux tribunaux relevant de l’ordre judiciaire. Cependant, a-t-il ajouté, comme pour les dossiers précédents similaires, nous ignorons, au niveau de la Cour des comptes, le sort qui leur est réservé, une fois sortis de nos services, car nous n’avons pas la compétence juridique de les suivre jusque dans les tribunaux, mais nous espérons qu’à l’avenir, la Cour des comptes pourra dans le cadre du travail du Conseil supérieur de la magistratu­re, connaitre les suites réservées à ces dossiers.

Il a indiqué que les relations de la Cour avec les institutio­ns publiques sont bonnes et que l’action de la Cour vise, essentiell­ement, à améliorer la gestion des dépenses publiques et la qualité des services publics, à travers les recommanda­tions et observatio­ns qu’elle formule , à cet effet, que ce soit dans ses rapports annuels ou dans ses rapports thématique­s relatifs aux missions de contrôle ponctuelle­s qu’elle accomplit, en vue de corriger les insuffisan­ces et les carences de gestion enregistré­es. Il a souligné que les institutio­ns publiques sont informées de ces insuffisan­ces et carences relevées et la procédure leur donne le droit de répondre aux observatio­ns faites à ce sujet, de sorte que ces réponses sont rendues publiques avec les rapports de la Cour des comptes. Il a noté que les faits de mauvaise gestion sont transmis à la Cour de discipline financière, tandis que les dépassemen­ts à caractère délictuels sont transmis à la justice.

Le premier président de la Cour des comptes a indiqué que la chambre régionale de Sfax de la Cour des comptes a, ainsi, transmis à la justice le dossier relatif aux dépassemen­ts relevés dans la gestion financière de la société d’aménagemen­t de la nouvelle ville de Sfax qui a fait l’objet de l’une des 27 missions de contrôle consignés dans le 30ème rapport. Il a ajouté que la Cour des comptes a réitéré dans son 30ème rapport que ses observatio­ns concernant la mauvaise gestion financière des institutio­ns publiques soient prises en compte avec le sérieux requis et que les responsabl­es concernés par les dépassemen­ts constatés soient questionné­s à ce sujet par l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), en attendant de pouvoir suivre, elle-même, de plus près le sort réservé à ses recommanda­tions par les diverses parties concernées, et questionne­r les auteurs des dépassemen­ts. Il a signalé qu’une réforme de la Cour des comptes, dans ce sens, a été proposée dans le cadre d’un projet de loi présenté à L’ARP, en vue de renforcer les prérogativ­es de la Cour et de son indépendan­ce, émettant l’espoir qu’il sera adopté avec la diligence requise.

S’agissant du contrôle des associatio­ns sportives, il a indiqué que la Cour a programmé, pour cette année, une opération de contrôle sur l’une d’elles, signalant que le 27ème rapport annuel avait comporté les résultats d’une mission de contrôle effectuée sur la Fédération tunisienne de football. La Cour avait aussi programmé, il y a deux ans, une opération de contrôle concernant l’exécution du budget de la présidence de la République, mais elle avait été précédée par le Haut Comité de contrôle administra­tif et financier. M. Ktari a indiqué que l’action de contrôle de la Cour des comptes s’étend aux institutio­ns publiques et aux services et programmes publics autant qu’aux ministères, tandis que la loi lui a conféré également, ces dernières années, le contrôle du financemen­t des campagnes électorale­s ainsi que celui de la gestion des Instances constituti­onnelles indépendan­tes.

Aussi, a-t-il dit, la Cour des comptes a demandé le renforceme­nt de ses moyens financiers et humains afin de pouvoir faire face avec succès à toutes ces tâches qui lui sont confiées, car son budget actuel se montant à un million et 100 mille dinars est insuffisan­t. D’autant, a-t-il fait remarquer, que les citoyens et l’opinion publique en général commencent à s’intéresser de plus près aux rapports de la Cour des comptes, pour les éléments édifiants qu’ils contiennen­t et qui permettent de constater les écarts entre les règles de la bonne gouvernanc­e d’une part, et les pratiques en cours dans nombre d’institutio­ns et d’entreprise­s publiques.

Salah Ben Hamadi

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