Le Temps (Tunisia)

On n’est pas sortis de l’auberge ?

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Théâtre/avant-première d’« Al Bayadek »

Le Théâtre de la Ville de Tunis, a accueilli récemment l’avantpremi­ère de la pièce « Al Bayadek » (Les pions), qui est produite par la Troupe de la Ville de Tunis, dans une mise en scène de Mohamed Mokhtar Louzir. Sur un texte de feu Mustapha Fersi

Et bien que cette pièce ne dépasse pas les cinquante minutes, elle a pu, en un temps court, dire toutes les « idioties » des intrus-profiteurs qui saisissent les occasions adéquates pour satisfaire à leur désir de dérober les biens des autres sous le signe de leur diktat. Et dans le cas de cette pièce, c’est une véritable supercheri­e sociale et politique à laquelle est confrontée une famille, dans une période indétermin­ée, qui fuit la sécheresse et la difficulté de vivre pour s’installer au nord du pays. Mais elle sera la proie d’un « salopard » qui va subtiliser leur terre et les y faire travailler ! Un coup dur favorisé par une crise politique et sociale que traverse le pays. Le refus sera annoncé et la lutte éclatera peu à peu pour gagner tout le pays. L’histoire semble se renouveler sans cesse sous nos cieux et prouver que la tyrannie, les convoitise­s et la dictature, pourraient réapparaît­re à tout moment si le peuple ne faisait pas attention à ce qui l’entoure. Et pour mettre en scène cette fiction d’un réalisme frappant, le metteur en scène Mohamed Mokhtar Louzir a choisi, tout d’abord, de rompre avec le décor statique et mieux encore, c’est une scène nue qui va s’animer tout au long de la représenta­tion. Bien avant que cette dernière démarre, le public a déjà dépassé la levée du rideau. La scène est visible et de Tijani Zalila, cette pièce, dont le texte date de 1970 et qui a été publié en 1992, vient coller parfaiteme­nt aux réalités sociales et politiques de la Tunisie d’aujourd’hui. Ainsi, le passé devient présent et vice-versa. avec une « douche » qui éclaire au milieu un élément de décor. Une musique douce et répétitive qui feigne devenir une rengaine et puisée de la pièce, donne déjà une idée sur l’atmosphère dans laquelle le spectateur va être plongé. Des scènes pas du tout belles à voir. Les personnage­s portent des masques et des costumes de montagnard­s ou ceux des villes et au fond de la scène, il est un écran où des scènes sont jouées par ombres chinoises interposée­s. Et on peut passer de ce procédé, au jeu direct, dans la mesure où le comédien ou la comédienne peuvent quitter le jeu d’ombre pour gagner la scène.

Une pièce pour enfants ?

Il s’ajoute dans cette mise en scène les voix en off et la musique changeante qui vient annoncer ou clore chacun des tableaux. La pièce « Al Bayadek » est conçue sous la forme d’un conte moderne destiné à tous. S’agit-il d’un conte pour enfants ? Le metteur en scène nous prend-il en dérision, en continuant à travailler pour le théâtre pour enfants ? C’est au moins du beau théâtre que nous avons pu voir, à l’exception de quelques petites imperfecti­ons au niveau du déplacemen­t des comédiens, de leur voix qui reste parfois inaudible chez certains parmi eux. Des comédiens encore peu connus mise à part Rim Zribi qui s’est chargée également de la régie générale. Gageons que dans ses prochaines représenta­tions, cette pièce sera encore plus mûre.

Lotfi BEN KHELIFA

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