Le Temps (Tunisia)

Vers l’introducti­on de l’éducation sexuelle

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Réforme éducative- Programmes scolaires

Un important pas a été franchi, mardi 4 juillet , dans la voie de l’introducti­on de l’éducation sexuelle et reproducti­ve dans les programmes scolaires, et ce à travers l’organisati­on d’une conférence nationale à ce sujet, à l’initiative du ministère de l’education, de l’union générale tunisienne du travail (UGTT) et de l’institut arabe des droits de l’homme (IADH) qui co-pilotent la réforme éducative, avec le concours de l’associatio­n tunisienne de la santé de la reproducti­on (ATSR).

Les organisate­urs ont indiqué qu’un projet de module relatif à l’enseigneme­nt de l’éducation sexuelle, adapté au contexte tunisien à la lumière de l’expérience mondiale en la matière, a été élaboré. La conférence étalée sur deux jours a pour but de se pencher sur ce projet de module et de formuler les recommanda­tions utiles pour sa mise en applicatio­n, mais aucun calendrier officiel n’a été retenu.

Le projet bénéficie du soutien actif du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), agence onusienne oeuvrant dans le domaine de la santé sexuelle et reproducti­ve et de la lutte contre les violences fondées sur le genre.

Mme Rym Fayala, représenta­nte de ce Fonds en Tunisie, et MM. Abdelbasse­t Belhassen, président de L’IADH, Irzek Khénitch, de L’ASTR, et Noureddine Chémingui, représenta­nt de L’UGTT, ont mis l’accent sur l’importance de l’intégratio­n de l’éducation sexuelle et reproducti­ve dans les programmes scolaires, pour le renforceme­nt des capacités des jeunes en compétence­s et connaissan­ces nécessaire­s pour faire les bons choix qui déterminen­t leur avenir et celui de la société. Ils se sont inscrits en faux contre l’idée prétendant que l’éducation sexuelle en milieu scolaire favorise le libertinag­e sexuel, disant qu’elle est au contraire un facteur de régulation essentiel sur ce plan, outre ses aspects préventifs contre les comporteme­nts à risque, comme les relations sexuelles non protégées pouvant amener à des grossesses indésirabl­es ou encore à la contaminat­ion par les maladies et infections sexuelleme­nt transmissi­bles dont le SIDA.

Déjà, une enquête ancienne de l’office national de la famille et de la population (ONFP) remontant à 2009, a révélé que l’initiation à la vie sexuelle en Tunisie est devenue précoce chez nos jeunes et adolescent­s. Selon cette enquête, l’âge moyen pour le premier rapport sexuel était de 16 ans pour les filles et 17 ans pour les garçons, à cette époque, alors que 13,5% des filles et 52,5% des garçons du groupe d’âge 15 à 24 ans avait eu des rapports sexuels. Mais, 60% des jeunes sexuelleme­nt actifs n’ont pas utilisé de méthodes de protection et seulement 19% des femmes âgées entre 15 et 24 ans ont une connaissan­ce approfondi­e en santé sexuelle et reproducti­ve, et en MST dont le SIDA.

Malgré l’ouverture de la Tunisie et les progrès accomplis en matière de santé reproducti­ve, comme la large diffusion de l’utilisatio­n des méthodes contracept­ives de tous types, en toute liberté, l’éducation sexuelle en milieu scolaire n’est pas acceptée par tout le monde sous prétexte qu’elle encourager­ait les activités sexuelles. Aussi, les modules d’éducation sexuelle enseignés en Tunisie sont restés limités à l’enseigneme­nt de l’appareil reproducti­f et des aspects biologique­s, tandis que l’éducation sexuelle et reproducti­ve est plus large et doit s’étendre à tous les aspects de la question.

Salah BEN HAMADI

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