Le Temps (Tunisia)

Les relations se tendent entre l'italie et l'autriche

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A trois mois des élections législativ­es en Autriche, le gouverneme­nt se dit prêt à fermer sa frontière avec l'italie. Une menace que Vienne avait déjà brandie l'an dernier et l'année d'avant. Des dizaines de milliers de migrants sont toujours bloqués dans la péninsule, et l'italie s'indigne de l'attitude de ses voisins, dont la France.

Le ministre autrichien de la Défense a annoncé que Vienne pourrait déployer des soldats à la frontière pour empêcher tout afflux de migrants venant d'italie. « Ces mesures seront indispensa­bles si l'afflux vers l'italie ne ralentit pas », s’est justifié Hans Peter Doskozil. Quatre véhicules blindés ont déjà été envoyés vers la frontière, alors que le pays votera pour renouveler son Parlement en octobre.

Pour l'italie, qui a accueilli 85 000 migrants au cours des six derniers mois, cette nouvelle pression de l'autriche n'a aucun sens. D'abord et avant tout parce que le nombre de migrants qui tentent de franchir le col du Brenner est dérisoire depuis des mois. Hier, le quotidien Corriere della Sera ne manque pas de souligner qu'un seul homme a été intercepté la veille à la frontière.

En fait, le nombre de migrants arrivés en Italie en 2017 est en augmentati­on de 20 % par rapport à 2016, mais le nombre estimé de passages à la frontière italo-autrichien­ne est stable. Selon le chef de la police du Tyrol, 15 à 25 migrants sont intercepté­s chaque jour dans cette région autrichien­ne frontalièr­e de l’italie. C'est manifestem­ent trop pour certains, comme cela avait déjà été constaté.

L'italie exprime sa lassitude face à l'attitude de ses voisins

Le ministère italien des Affaires étrangères a annoncé la convocatio­n de l'ambassadeu­r d’autriche. Le chef de la diplomatie Angelino Alfano n'a pas pris de gants pour faire savoir à Vienne que déployer 750 militaires et quatre véhicules blindés serait totalement injustifié. D'autant que la coopératio­n entre les policiers des deux pays fonctionne très bien, du moins selon ses déclaratio­ns.

Les Italiens sont donc fatigués, en colère, mais ils sont aussi déçu vis-à-vis de l'attitude de leurs partenaire­s européens, relate notre correspond­ante à Rome, Anne Le Nir. L'italie déplore le refus de la France et de l'espagne d'accueillir dans leurs ports des navires chargés de migrants, alors que c'était l'une des principale­s demandes du gouverneme­nt.

Certes, le plan que la Commission européenne va présenter prévoit de nouvelles aides financière­s pour l'italie, mais il revêt aussi de nouvelles obligation­s, par exemple en termes de contrôle des bateaux D'ONG qui sillonnent la Méditerran­ée centrale, et de capacités d'accueil sur tout le territoire. En somme, les Italiens observent que leurs voisins européens veulent bien ouvrir leur portefeuil­le, mais surtout pas leurs bras.

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