La City risque d'atteindre un «point de bascule»
Brexit
Londres risque de perdre son statut de centre de la finance en Europe à moins de continuer à ouvrir ses frontières à du personnel qualifié, d'améliorer ses infrastructures et de développer ses liens avec les économies émergentes, selon un rapport de The Cityuk publié hier. Ce rapport, du plus important lobby financier britannique souligne que l'europe continentale pourrait finir par devenir la destination préférée des banques, des assureurs et des gérants d'actifs qui y déplaceront le centre de leurs activités pour conserver l'accès au marché unique de l'union européenne (UE). Même si au départ, les entreprises commenceront par transférer un petit nombre de postes en Europe continentale, le mouvement pourrait s'accélérer à l'expiration des baux, après les rapports d'activité et avec la hausse des coûts du capital. "Les mouvements hors du Royaume-uni pourraient progressivement limiter les effets bénéfiques de l'écosystème financier, avec la menace d'atteindre un 'point de bascule' pour l'écosystème", écrit l'association dans son rapport de 83 pages sur l'évolution du secteur financier dans les dix ans à venir. L'obtention d'un accord favorable aux services financiers dans les négociations sur le Brexit est le plus grand défi de Londres parce qu'il s'agit du premier secteur d'exportation du pays et de la plus importante manne d'impôts sur les sociétés. Un rapport du cabinet Oliver Wyman est arrivé en octobre à la conclusion que le secteur financier britannique pourrait perdre jusqu'à 38 milliards de livres sterling (43,2 milliards d'euros) de revenus en cas de "hard Brexit", qui limiterait son accès au marché unique de l'union européenne. Le rapport de Thecityuk précise que le gouvernement doit s'assurer que le secteur pourra continuer à recruter en Europe continentale les spécialistes qu'il ne pourra pas trouver sur place et simplifier le processus d'obtention de visas.
La perspective d'un Brexit a déjà limité l'attrait du Royaume-uni et le gouvernement applique une politique restrictive en matière d'immigration, souligne le rapport. Il précise que le coût de l'embauche d'un salarié avec un visa de cinq ans a augmenté de 250% à 7.000 livres depuis un an et que le salaire minimum auquel une entreprise peut embaucher un employé avec visa a augmenté de près de 50% depuis 2015. Hormis le Brexit, le rapport évoque plus globalement d'autres problèmes qui menacent la compétitivité de la City de Londres en tant que centre névralgique de la finance, y compris la nécessité d'investir dans les réseaux de transport et dans le développement de la technologie. Il appelle le gouvernement et la City à travailler en étroite collaboration pour développer les politiques d'échanges internationaux et améliorer les infrastructures numériques et de transport, notamment accélérer la durée du trajet entre les aéroports et les différents centres financiers du pays.