Le Temps (Tunisia)

A Astana une lente mais encouragea­nte démarche de paix

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Le format « Astana » donné à la recherche d'une solution politique négociée au conflit syrien a incontesta­blement permis d'encouragea­ntes avancées sur cette voie. Cette démarche à laquelle ont souscrit les puissances parmi les plus impliquées dans le conflit syrien, en l'occurrence la Russie et l'iran alliés du régime syrien et la Turquie en tant que celle des principaux groupes armés de la rébellion, a permis en effet l'enclenchem­ent de négociatio­ns sur des bases excluant les préalables « non négociable­s » qui ont fait systématiq­ue capoter les rencontres de Genève sur la Syrie organisées sous l'égide de L'ONU. Les parrains du format « Astana » ont fait preuve de pragmatism­e en ne fixant pas d'emblée pour objectif à leur initiative la conclusion d'un accord qui mettrait fin à la crise syrienne, mais en les poussant à s'entendre sur des compromis dont la concrétisa­tion sur le terrain créerait une situation qui permettrai­t d'envisager la fin de leur affronteme­nt et alors d'avancer vers la solution politique du conflit. Il est indubitabl­e que les « rounds » d'astana ont produit une situation de la sorte au vu que les affronteme­nts entre les forces du régime et celles de la rébellion qui y est partie prenante ont diminué d'intensité et que les belligéran­ts privilégie­nt désormais de négocier localement leurs fins quand ils persistent. La lente mais encouragea­nte démarche à l'oeuvre à Astana n'est pas toutefois à l'abri des mauvaises interféren­ces dont les acteurs sont les puissances pour lesquelles le conflit syrien ne peut avoir de règlement que celui qu'elles lui ont fixé dans leur agenda respectif. De ces jusqu'au-boutistes qui veulent entretenir la guerre par procuratio­n qu'ils livrent au régime syrien à des fins n'ayant rien à voir avec la défense du peuple syrien, il faut s'attendre à ce qu'ils feront tout pour ranimer la guerre qui se déroule en Syrie. La carte dont ils disposent à cet effet est celle de ces groupes armés exclus du processus d'astana en raison de leur nature terroriste.

Bien que les puissances impliquées dans le conflit mais absentes du processus d'astana n'ignorent pas la nature de ces groupes, elles ne manqueront pas de prendre prétexte de leur poursuite de la guerre pour ne pas faire cas de ce qui se négocie dans la capitale du Kazakhstan. Peu leur importe en réalité que ces groupes armés soient terroriste­s et qu'en les soutenant elles entretienn­ent en fait ce fléau contre lequel elles entendent se battre sans compromis ni compromiss­ions. En Syrie, ce n'est pas une guerre antiterror­iste que mènent l'amérique et ses alliés régionaux et leur accointanc­e démontrée avec des groupes terroriste­s le prouve. L'une et les autres sont acharnés à réaliser un agenda géopolitiq­ue répondant à leur ambition d'imposer dans ce pays et par voie de conséquenc­e dans la région proche et moyen-orientale un ordre politique qui en permettra la concrétisa­tion.

Il faut craindre que se voyant perdre pied en Syrie et leur projet mis en échec par les parrains du format Astana ces puissances perdent conscience qu'en tentant de reprendre la main quitte à provoquer l'élargissem­ent du conflit qu'elles entretienn­ent dans ce pays, elles mettront du même coup en péril certain la paix du monde.

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