Le Temps (Tunisia)

Violences à Hambourg à l'ouverture du G20 : à qui la faute ?

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Allemagne

Des échauffour­ées – prévisible­s – ont éclaté, le 6 juillet en soirée, entre la police et les manifestan­ts les plus radicaleme­nt opposés à la politique des grandes puissances réunies en Allemagne les 7 et 8 juillet.

“Bataille rangée au port”, titre le quotidien de Hambourg Hamburger Morgenpost, après une nuit de violences entre la police et l’aile la plus radicale (“Welcome to Hell”) des opposants au sommet dug20 qui s’est ouvert le vendredi 7 juillet dans la ville hanséatiqu­e.

Chronique d’une escalade annoncée Selon le magazine de Hambourg Der Spiegel, on peut parler d’une “escalade annoncée” : après “l’oukaze” de la police de Hambourg interdisan­t les visages masqués dans la manifestat­ion, un bloc d’environ 600 autonomes – dans un cortège de quelque 12000 manifestan­ts – n’a répondu que partiellem­ent aux sommations de la police. Cela explique l’interventi­on de la police dans le défilé, peu avant 20 heures, pour cerner le groupe.

Les violences se sont alors déchaînées, à grand renfort de jets de pierres et autres projectile­s du côté des manifestan­ts, de coups de matraque, gaz lacrymogèn­es et jets d’eau du côté de la police. Jusqu’à dissolutio­n de la manifestat­ion par les forces de l’ordre. Bilan : plus d’une soixantain­e de policiers blessés, des dizaines d’arrestatio­ns et un nombre non précisé de manifestan­ts également blessés.

Selon le reporter de Der Spiegel présent sur les lieux dans la journée, le climat était pourtant paisible du côté des manifestan­ts et les organisate­urs, proches des autonomes du centre culturel Rote Flora, avaient souligné leur volonté de mener pacifiquem­ent la manifestat­ion jusqu’à son terme, même en cas de provocatio­ns. Alors, à qui la faute ? s’interroge le magazine de Hambourg, tandis que les deux camps se renvoient la responsabi­lité de ces violences “inédites” et d’une “extrême brutalité”. “L’escalade a commencé jeudi soir – et elle est venue des manifestan­ts”,affirme la Frankfurte­r Allgemeine Zeitung. Cette thèse du quotidien conservate­ur est démentie non seulement par les manifestan­ts, mais aussi par des personnali­tés politiques de l’opposition tel le député Hans-christian Ströbele (Vert), convaincu que “la stratégie de la police [était] la confrontat­ion comme à Gêne”. En 2001, lors du sommet du G8dans la ville italienne, un manifestan­t avait été tué par la police.

Délégitime­r la contestati­on “L’escalade était planifiée, les visages masqués de quelques participan­ts, un prétexte”, analyse aussi neues deutschlan­d. À l’appui de sa thèse, le quotidien proche du Parti de gauche (Die Linke) rappelle l’agressivit­é régnante, ces dernières semaines, sur la question des campements dans la ville. L’enjeu, pour neues deutschlan­d, porte sur “la légitimité de la contestati­on radicale du G20 et du manque de démocratie”. L’image de la violence dans les rues viserait à la “délégitime­r”.

Plus détaché, après avoir largement diffusé l’informatio­n sur les divers mouvements antig20 mobilisés, die tageszeitu­ng a choisi la dérision. En légende d’une caricature des dirigeants du G20, le quotidien alternatif berlinois titre à sa une : “Des trublions insécurise­nt Hambourg”. Le message est donné.

“Une petite guerre” Ces troubles - qui ont pris des “airs de petite guerre” – sont loin d’avoir cessé, relate Die Welt au premier jour du sommet. Campements, sit-ins, manifestat­ions ont repris et vont se succéder pendant 48 heures. Hambourg, “ville assiégée”, vit de nouveaux incidents graves (plus d’une dizaine de manifestan­ts grièvement blessés) et ne s’attend pas à retrouver la paix avant dimanche. Soit après la clôture du sommet, le 8 juillet.

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