«Mutti» et les enfants terribles

Angela Merkel aurait aimé que tout se passe bien à Hambourg. «Mutti» (maman), comme l’appellent les Allemands, était soucieuse que les hôtes de son G20, dans sa ville natale de Hambourg, repartent satisfaits de leur séjour. C’était compter sans les enfants terribles. Ceux des squats de Hambourg, de la gauche radicale anticapitaliste, elle les connaît bien. Quand l’italie organise son G7 en Sicile, loin de tout, sur une île, la tranquillité est garantie. Dans la grande ville volontiers rebelle du nord-est de l’allemagne, il ne fallait pas s’attendre à moins de chahut. «Mutti» assume. Elle sait aussi maintenir l’ordre: quelque 20 000 policiers déployés. Mais les trouble-fêtes étaient aussi parmi les invités. Autour de la table, il y a Donald, un adolescent mal élevé. Qui dit tout et son contraire. Qui se croit seul au monde, tape des pieds et n’écoute pas ce qu’on lui dit. Il ne mange déjà plus à la grande table. Il a besoin de sa «super nanny»: son administration, qui ne le laisse plus seul un instant, au cas où il ferait une bêtise. Le grand dadais veut s’isoler du monde. Ne veut plus de l’acier chinois ou européen. Ne croit pas que le climat se réchauffe. Ne parle que de son jeu de Lego à la frontière du Mexique.

Il y a l’oncle turc, fâché avec «Mutti» depuis que celle-ci a refusé d’accueillir ses meetings électoraux chez elle et qu’elle critique la façon autoritaire dont il tient sa maison. Il y a aussi l’oncle russe, dont il faut toujours se méfier. Et le lointain cousin chinois, dont elle s’est rapprochée, il y a peu, constatant qu’il n’y a rien à attendre de l’oncle Sam. Avec la tante britannique, elle a joué la carte de la connivence entre filles de pasteur. Mais une fois à table, le Brexit digéré, «Mutti» lui a dit que désormais elle ne pourrait plus piquer de cerises dans le panier. Il y a enfin le sémillant beau-frère français, avec qui l’europe peut encore faire illusion. Au G20, finalement, c’est un peu comme dans toutes les familles