Nécessité d’une révision du système carcéral
Le châtiment constitue la sanction d’un acte ou d’un fait prohibé. Cela fait partie des règles régissant les rapports entre des individus dans une société civilisée, la loi de la jungle étant celle qui a longtemps sévi dans les sociétés où, comme l’avait dit La Fontaine, « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Avec l’institution des droits de l’hommes un terme a été mis à ce phénomène, qui du reste, fait partie de l’instinct humain et dont nous gardons encore des séquelles jusqu’à nos jours. Le châtiment, a une fonction sociale complexe. Michel Foucault, philosophe français, explique cela dans son ouvrage sur l’histoire des prisons « surveiller et punir », par le fait que les méthodes punitives sont à la fois l’expression des techniques du pouvoir détenu par le politique et une étape dans un processus « épistémo- juridique » relevant à la fois des sciences juridiques et des sciences humaines. Il s’attache dans son ouvrage précité à analyser l’avènement d’un nouveau mode de sanction en identifiant quatre grandes étapes : le supplice, la punition, la discipline et la prison. Ces étapes traduisent le passage du corps à l’âme, de la torture physique à l’expiation. Il étudie la manière dont l’être humain, compris comme corps et âme, est investi par les rapports de pouvoir. En effet le but de la punition a évolué selon le régime en place et le système carcéral s’en est ressenti. Avec la dictature, la punition avait un but d’expiation et non de correction permettant à celui qui a fauté de se remettre en cause pour se réhabiliter et réintégrer le droit chemin. Notre système carcéral a subi la même évolution pour devenir au fil du temps et dès l’aube de l’indépendance une étape vers la réinsertion. Il n’en reste pas moins que durant l’ancien régime, il y avait parmi les accusés ceux qui subissaient des traitements particuliers, avec tout les sens que comporte ce mot. Il y a en effet, ceux qui font l’objet de traitements de faveur, et ceux qui subissent des traitements spéciaux, dans les geôles ou dans des centres de rétention où la torture sévissait. A part cela, la volonté politique a oeuvré à faire de la prison un moyen de réhabilitation, d’où d’ailleurs le nom de la direction général pénitentiaire : « des prisons et de la rééducation ». Les problèmes du système carcéral, sont dus, tant à l’infrastructure pénitentiaire qu’au droit pénal qui nécessite une réforme afin de revoir la nomenclature des crimes et délits, et supprimer les lois pénales tombées en désuétude. En effet, il y a des lois pénales qui datent du régime colonial, qui n’ont plus cours de nos jours avec l’évolution sociale.
D’autres lois sont sur le point d’être révisée pour supprimer certains délits, afin d’être au diapason avec les normes internationales. Les réformes de certaines lois pénales, permettront une décongestion des prisons où on assiste à un surpeuplement. D’où une promiscuité négative, qui ne sert pas la volonté du législateur à vouloir faire de la punition un moyen de remise en cause et de réhabilitation.
Jusque là les ministres de la Justice qui se sont succédés ont fait les mêmes constats d’une nécessité absolue d’une réforme du système pénitentiaire.
Le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, s’est exprimé dernièrement au sujet des importantes réformes établies par le ministère de la Justice afin de rétablir la confiance des citoyens dans le système judiciaire, déclarant notamment : « Après notre évaluation des faits, nous ne sommes pas satisfaits des conditions des prisons et des prisonniers en Tunisie », ajoutant « qu’ il faut tout d’abord commencer par améliorer l’infrastructure des prisons, il faut également réviser les textes de lois qui sont directement liés aux droits du plaideur et accélérer la délivrance des jugements ».
Pour décongestionner les prisons, le système des bracelets est aussi efficace tant pour l’intéressé que pour l’amélioration du système carcéral.
Le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi a affirmé à ce propos que l’usage du bracelet de surveillance électronique est entré en vigueur en Tunisie. L’expérience touche certaines peines relatives à des crimes dont les auteurs ne présentent pas un danger pour les citoyens. Une réforme du système carcéral pourrait contribuer à une meilleure réhabilitation de ceux qui ont fauté, et par là même à une diminution du taux de criminalité.