Le Temps (Tunisia)

Pourquoi les maisons de la culture ferment-elles en été?

- Hatem BOURIAL

Dans l'ombre des festivals

Une tradition persistant­e assigne les mois d'été au farniente et aux festivals, avec un arrêt des activités dans le réseau des maisons de la culture. Pourtant, la disponibil­ité du public scolaire

Heureuseme­nt, cette tendance n'est pas générale! Toutefois, il s'agit d'un anachronis­me qui a la peau dure. L'été venu, un grand nombre de maisons de la culture du secteur public mettent leurs activités en veilleuse jusqu'à la nouvelle saison. Se contentant d’une présence administra­tive, selon les rythmes de la séance unique, ces espaces culturels passent la saison estivale à attendre l'automne.

La tradition de l'été en mode veilleuse

Le résultat, c'est que des centres sont inexploité­s, des bibliothèq­ues tournent au ralenti et des halls d'exposition­s restent vides. Ainsi le veut une tradition persistant­e qui assigne les mois d'été au farniente. De juin à septembre, quasiment tout un réseau entre en léthargie alors que la demande existe ou pourrait être suscitée. En été, le public scolaire et universita­ire est disponible et pourrait profiter des maisons de la culture. La programmat­ion

pourrait être ludique voire se dérouler en matinée. Des ateliers de formation artistique pourraient être organisés au bénéfice des enfants. Des programmes d'éveil à la lecture ou à l'art pourraient viser le public des enfants. En un mot comme en cent, une programmat­ion estivale spécifique devrait voir le jour.

Dans certains cas, cette programmat­ion existe. Elle est en général mise en oeuvre par les délégation­s régionales à la culture ou le réseau de la lecture publique. Des actions sur les plages sont ainsi organisées ou encore des petits stages de quelques jours. Le public visé répond en général présent et ces activités sont couronnées de succès. Dès lors, pourquoi ne pas les diffuser plus largement. D'autre part, pourquoi ne pas inciter chacune des maisons de la culture à avoir un programme-pilote pour l'été? Cela inciterait les responsabl­es de ces structures de proximité à faire preuve de et universita­ire pourrait susciter bien des actions et des programmes...

créativité tout en ne sombrant pas dans la léthargie estivale.

Question de bon sens et de gestion

rationnell­e C'est bien vrai que l'été se décline avec les festivals! Mais il ne faudrait pas que ces festivals éclipsent tout le reste surtout qu'ils ont perdu depuis belle lurette leur fonction d'éducation populaire pour devenir des espaces de divertisse­ment où règne la loi de l'offre et de la demande. Il existe de plus des déséquilib­res flagrants en matière de festivals avec des manifestat­ions à gros budget et d'autres qui se contentent de vivoter. Heureuseme­nt quelques animateurs courageux continuent à y croire et se battent pour un été égalitaire en termes de culture. Les initiative­s locales sont rares, il est vrai. Elles soulignent toutefois que le travail culturel ne devrait pas se mettre en veilleuse en été mais bel et bien se poursuivre.

Des solutions doivent exister pour optimiser les réseaux existants et les mettre au service du public au lieu de les voir déserts et inutilisés. C'est une simple question de logique. Bien entendu, on pourra toujours arguer que les festivals spécifique­s existent et visent des enfants et des adolescent­s. Assurément! Mais ils demeurent trop rares et, souvent, ne répondent à aucune pédagogie et reposent sur des offres culturelle­s bradées.

Il est temps pour les maisons de la culture de penser l'été autrement. Des ateliers de danse, des clubs photo, des formations en musique et théâtre devraient remplacer le vide sidéral qui règne actuelleme­nt. Aux animateurs de faire en sorte que l'été, on ne dorme pas sur ses lauriers et qu'on poursuive le travail de proximité. Faut-il le répéter: il s'agit de mesures de bon sens et de gestion rationnell­e...

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