Le Temps (Tunisia)

Du fantasme des commission­s d’enquête

- Salma BOURAOUI

Cela va bientôt faire trois ans que l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) a pris place au Bardo et s'est engagée à assurer l'une des tâches essentiell­es de notre régime semi-parlementa­ire. Depuis, le paysage, la logique, le fonctionne­ment et les aboutissem­ents ont tellement changé… Alors que le concept des commission­s d'enquête inspire ironie et amertume auprès de certains d'entre nous – à cause, entre autres, de la fameuse commission de la Troïka qui devait nous apporter des réponses sur les violences du 9 avril 2012 et sur l'utilisatio­n de la chevrotine contre des manifestan­ts à Siliana – il semblerait que notre très chère ARP soit assez portée sur le sujet.

Cela va bientôt faire trois ans que l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) a pris place au Bardo et s’est engagée à assurer l’une des tâches essentiell­es de notre régime semi-parlementa­ire. Depuis, le paysage, la logique, le fonctionne­ment et les aboutissem­ents ont tellement changé… Alors que le concept des commission­s d’enquête inspire ironie et amertume auprès de certains d’entre nous – à cause, entre autres, de la fameuse commission de la Troïka qui devait nous apporter des réponses sur les violences du 9 avril 2012 et sur l’utilisatio­n de la chevrotine contre des manifestan­ts à Siliana – il semblerait que notre très chère ARP soit assez portée sur le sujet. Cela a commencé avec la fameuse affaire des Panama Papers lorsque, quelques jours après l’apparition du dossier, une Commission d’enquête a été créée au sein du Parlement. Le hic c’est qu’après avoir adressé des convocatio­ns aux journalist­es ayant travaillé sur le dossier, les membres de ladite Commission se sont heurtés à un vif refus de nos collègues qui leur ont rappelé qu’une Commission pareille n’a aucune légitimité ni valeur pour pouvoir mener des questionna­ires ou autres. La Commission d’enquête sur les Panama Papers s’est, par la suite, trouvée face à la même situation avec quelques juges qui ont carrément remis en question son existence. Depuis, on n’a plus entendu parler de la Commission ni de l’affaire d’ailleurs. Toutefois, les commission­s sont un sujet récurrent au Parlement ; mardi, les députés ont voté en faveur de la création d’une Commission d’enquête sur les événements survenus, en mai dernier, à Tataouine suite au sit-in d’el Kamour. Une Commission qui verra donc le jour plus de deux mois après les incidents en question et qui risque grandement de ne rien apporté de nouveau.

Par contre, s’il devait exister une Commission qui pourrait faire du bon travail, c’est bien celle d’enquête sur les réseaux d’embrigadem­ent et d’enroulemen­t des jeunes dans les zones de conflit. Créée suite à de longs combats au sein du Parlement, cette Commission doit sa présence à la députée Leila Chettaoui. La députée avait mené, dans le plus grand secret, une action pour rassembler les signatures nécessaire­s pour la création de ladite commission. Une fois mise en place, elle est devenue sa présidente et a entamé les travaux. A peine quelques semaines plus tard, la députée s’est retrouvée sur la touche de son propre bloc, Nidaa Tounes, qui l’a virée après l’avoir accusée d’être derrière les enregistre­ments fuités de l’une des réunions de son bureau politique. Après un court évincement, Leila Chettaoui a réussi à réintégrer la même Commission grâce à son adhésion au bloc d’al Horra du mouvement Projet pour la Tunisie. Si elle n’y est pas en tant que présidente, elle a réussi à garder son siège et continue d’oeuvrer de l’intérieur. Toutefois, et en dépit de la bonne volonté de certains et de la mauvaise foi des autres, cette Commission aconnu le même sort que celles qui l’ont précédée dans la mesure où elle n’a encore rien apporté de nouveau.

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