«Kbar El Houma ma matouch !»
A écouter les émissions « nostalgie » concoctées par les producteurs et autres animateurs de la radio nationale tunisienne, on ne peut rester indifférent. On réagit au plus vite intérieurement, car les propos distillés, par ondes interposées, émanent de gens qui n’ont pas vécu les périodes évoquées.
Et quand c’est le cas, on n’invite jamais les « rescapés », ceux qui sont encore en vie et qui ont, soit vécu réellement ce qui se raconte, ou suivaient les programmes radio dans leur enfance ou leur adolescence. De ce fait, le propos reste terne et l’auditeur devine que le speaker s’invente des atmosphères qu’il n’a pas vécu réellement. Cela devient parfois surréaliste, car la « Chakchouka » est piquante, dans le mauvais sens du terme. Comment la direction de la radio permet-elle à des jeunes, on n’a aucune dent contre eux, mais dans ce cas précis, on ne peut « jouer » avec l’histoire artistique tunisienne, de parler d’hier sans qu’ils invitent les acteurs d’un passé révolu ? A ce niveau, quiconque pourrait alors fouiner dans les livres et les revues et rapporter « Hneni bneni » et très facilement les écrits des historiens des médias, de la littérature et de la chanson tunisienne, ceux-là mêmes qui ont donné leur vie pour leurs travaux rares et uniques.
Les speakers citent rarement ou prou leurs sources. Encore une tare au niveau des droits d’auteur. Et d’un autre côté, technique, celui-là, les anciennes chansons diffusées ont été sciemment réenregistrées avec l’usage de l’écho. Est-ce à dire que les voix de nos chanteurs d’antan étaient « faibles » ? Que non ! Et qu’il fallait absolument « tricher » pour les rendre par usage d’un son interposé, plus audibles et encore plus belles ? On aurait préféré que les enregistrements initiaux soient gardés dans leur première version. Résultat des courses : toute l’émission est tronquée ! Excusez du peu !
Cela est très grave pour la conservation de notre répertoire musical, car ce dernier appartient à tous les Tunisiens et ne devrait pas être touché à aucun moment et sous aucun prétexte ! A bon entendeur, salut !