Silence «complice»
Un fait anodin, peut-être, mais très important pour les citoyens, puisque les infractions à la législation et aux règles de conduite dans plusieurs domaines sont devenues monnaie courante. L'important se situe, quand même, au niveau du fait que les responsables du pays croient en la crédulité de ces citoyens et leur font, souvent, gober des choses pas croyables, tout en croyant bien faire.
Un fait anodin, peut-être, mais très important pour les citoyens, puisque les infractions à la législation et aux règles de conduite dans plusieurs domaines sont devenues monnaie courante. L’important se situe, quand même, au niveau du fait que les responsables du pays croient en la crédulité de ces citoyens et leur font, souvent, gober des choses pas croyables, tout en croyant bien faire. En ces temps de canicules et vu que le Tunisien où qu’il soit ne croit plus à la salubrité de l’eau potable de la Société nationale de distribution des eaux (SONEDE), le recours à l’eau minérale est devenue monnaie courante et les chiffres le prouvent, puisque la Tunisie est classée 12ème pays consommateur des eaux minérales, à l’échelle mondiale, avec une consommation moyenne de 130 litres d’eau minérale par an pour chaque Tunisien. Ce qui représente une consommation nationale annuelle de l’ordre de 1 milliard et 500 mille litres. Le pays dispose de nombreuses sources au vu des nombreuses marques qui sont présentées, mais, loin d’être satisfaits des bénéfices qu’ils font, certains patrons de ces entreprises enfreignent la loi et font ce que bon leur semble, pour présenter, parfois, au consommateur un produit loin d’être « buvable ».
L’annonce, mercredi par le directeur général de l’office nationale de thermalisme (ONT), Rezig Oueslati, de la décision de fermeture de quatre unités de production d’eaux minérales, suite à l’enregistrement d’infraction et de dépassements a été, pourtant très anodine et n’avait pas eu l’intérêt qui lui est dû.
Tout d’abord, présenter la fermeture comme une solution ne peut satisfaire le commun des mortels, puisque l’affaire concerne le portefeuille du citoyen, en ces temps de disette et de baisse du pouvoir d’achat, ainsi que sa santé.
Par conséquent, des sanctions sont nécessaires contre les contrevenants, à commencer par désigner ces entreprises, afin de permettre au citoyen de ne pas consommer davantage de ces produits défectueux qui, assurément, sont encore présentés à la vente, au moins dans certaines zones éloignées du pays. La première sanction est de donner les noms de ces unités de production.
Dans le cas contraire, on laisse planer le doute et toutes les unités de conditionnement des eaux minérales peuvent en subir les conséquences, avec une dégradation de l’image des produits tunisiens de tous genres, ce qui n’est pas bon pour notre économie.
Toutefois, Oueslati qui parlait au cours d’une conférence de presse, tenue au siège de l’organisation de défense de consommateur (ODC), sur le lancement de la campagne nationale pour le contrôle de la commercialisation des eaux minérales et des boissons gazeuses, a choisi de ne pas dévoiler les marques de ces unités, mais a réitéré l’engagement de l’office et du ministère du Commerce, à mener les analyses nécessaires pour s’assurer de la conformité des eaux minérales conditionnées aux normes tunisiennes. Mais, le comble, dans l’assistance, est que personne n’a exigé, ou même demandé timidement, qu’on dévoile les noms des entreprises contrevenantes, ce qui est une aberration en soi.
Pourtant, dans le passé, des responsables n’ont pas pris de gants pour pointer du doigt certaines entreprises qui ont enfreint la règlementation, comme ce fut le cas pour un certain fromage dont la société productrice avait fait la une de l’information pendant longtemps, ce qui l’avait obligé à revoir sa stratégie, revenir à de meilleures pratiques et présenter un produit consommable.
Il a, aussi, pointé du doigt plusieurs infractions enregistrées au niveau du circuit de distribution des eaux minérales, dont notamment le non affichage des prix.
Il faut se demander si en cachant les noms de ces entreprises, le directeur général de L’ONT n’observe pas un silence complice, puisqu’il a permis aux contrevenants de garder l’unanimité. D’autre part, ce silence est partagé pour tous ceux qui ont participé, soit activement soit passivement, à ces infractions, notamment les syndicats et le personnel de ces unités de production, car les patrons ne mettent pas le main à la pâte dans pareilles situations et se contentent seulement de donner des ordres qui sont exécutés par le personnel de manutention, de fabrication et de l’administration qui se permettent de conditionner et de commercialiser un produit contraire à la règlementation en cours.
Les bouteilles d’eau minérale ne peuvent se conditionner elles-mêmes et il faut des machines et des hommes, pour le faire, ce qui implique que la chaîne de production est, elle aussi, mise en cause dans ces infractions et de ces magouilles qui font fi de la santé du citoyen et de son pouvoir d’achat.
Dans ce qui touche à la santé du citoyen, on n’a jamais besoin de faire de la « politique » et il faut appeler un chat un chat, surtout que la meilleure sanction est de clamer haut et fort les noms des marques « imbuvables », indignes de la confiance des citoyens et qui font gagner de l’argent sale à leurs dirigeants.
Près de sept ans après la Révolution, la Tunisie a gagné beaucoup en matière de liberté d’expression et de démocratie, mais il y a encore un long chemin à faire au niveau de la transparence, de la crédibilité et de la communication avec le citoyen.