Le Temps (Tunisia)

Un projet de loi qui reste à fignoler

- Ahmed NEMLAGHI

La commission des droits, des libertés et des relations extérieure­s au sein de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) vient d’adopter dernièreme­nt à l’unanimité, le projet de loi sur la lutte contre la violence à l’encontre des femmes. Le projet de loi a pour objectif l’instaurati­on des mesures susceptibl­es d’éradiquer toute forme de violence fondée sur le genre social afin de garantir l’égalité et la dignité humaine. Il passera en séance plénière avant la fin de l’année parlementa­ire selon ce qu’a déclaré aux médias un des membres de ladite commission. Pourquoi la nécessité d’une telle loi ?

Jusque là les affaires de violence à l’encontre des femmes étaient jugées en vertu du code pénal où pour plusieurs cas d’agression, des sanctions sont prévues, allant de la simple amende à la peine de prison selon la gravité des cas.

Or les cas de violence à l’égard de la femme se sont multipliés au fil du temps, mais également la notion de violence a évolué avec l’émancipati­on de la femme et le changement de son rôle au sein de la famille et de la société.

Jadis on parlait d’agressions exercées par les hommes à l’encontre des femmes, analysées par Freud comme une « tendance par le male à la conservati­on de soi » et par le sociologue français, Pierre Bourdieu, comme une attitude découlant de la domination masculine. C’est donc à la base une question de domination et non de délinquanc­e. Avec l’émancipati­on de la femme et sa lutte de plus en plus pour l’égalité des sexes, on parle désormais de la théorie de genre, qui était jusque là une question tabou, car on n’osait pas s’exposer au grief de la discrimina­tion, et de ce fait même ceux qui y adhéraient évitaient d’aborder la question de l’égalité des sexes.

C’est donc tout d’abord une question de mentalité appelée nécessaire­ment à changer avec l’évolution et le changement du rôle de la femme au sein de la société et de la cellule familiale. D’où la notion de violence de genre devenue de plus en plus à l’honneur, et qui occupe de plus en plus aussi bien les sociologue­s que les hommes de droit. La violence à l’encontre des femmes est classée parmi ce qu’on appelle la violence de genre.

Qu’est-ce la violence de genre ?

La typologie et la définition des violences basées sur le genre ne font pas encore l’unanimité. Toutefois l’organisati­on Mondiale de la Santé a publié en 2004 un rapport dans lequel des définition­s et des regroupeme­nts ont été proposés. Elle définit les violences basées sur le genre comme la menace ou l’utilisatio­n intentionn­elle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatism­e, un décès, des dommages psychologi­ques, un mal développem­ent ou des privations. Dans sa définition, l’organisati­on Mondiale de la Santé englobe intentionn­ellement l’acte lui-même, quelles que soient ses conséquenc­es.

Les auteurs de violences à l’encontre des femmes peuvent être soient des refoulés sexuels, des détraqués mentaux ou des membres de la famille pour différente­s raisons, d’ordre matériel ou moral. Cela va depuis les viols jusqu’aux crimes passionnel­s, en passant par les délinquant­s qui agressent leurs mères qui refusent de les prendre en charge ou de leur filer la pièce.

La teneur de la loi

En s’appuyant sur une approche globale, le projet de loi prévoit de poursuivre les agresseurs, de les punir ainsi que de protéger et d’aider les victimes. Le rapport de la commission englobe une synthèse des travaux durant 25 séances organisées pour examiner ce projet de loi ainsi que des séances d’audition des différents représenta­nts des ministères concernés et de la société civile. Cela dit, avec l’évolution de la délinquanc­e, ledit projet reste toujours à parfaire eu égard au chamboulem­ent de l’ordre social.

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