Le Temps (Tunisia)

Un succès et des critiques

Bilan de la visite de Youssef Chahed aux USA

- Noureddine HLAOUI

Youssef Chahed s’impose, plus que jamais, comme étant l’homme de la situation aussi bien à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Deux faits majeurs l’ont conforté dans cette carrure, à savoir l’action de lutte contre la corruption, érigée carrément en politique, comme il a tenu à le préciser et cette visite qu’il vient d’effectuer aux Etats-unis d’amérique, qualifiée de fort réussie.

A l’issue de trois jours riches en rencontres, en entretiens et en promesses, le président du gouverneme­nt et son entourage sont unanimes à évoquer un plein succès de ce séjour en dépit des mises en doute par les détracteur­s de ce jeune qui s’impose de jour en jour.

Invité par le vice-président des USA, Michael Richard Pence, le président du gouverneme­nt a eu des entretiens avec tous les grands ou presque. Qu’on en juge : le vice-président, le Secrétaire à la Défense, le secrétaire au Trésor, le président de la Chambre de commerce américaine, sans parler du directeur général adjoint du Fonds monétaire internatio­nal (FMI), David Lipton, etc.

Le haut responsabl­e du FMI, s’est félicité des réalisatio­ns accomplies par la Tunisie jusqu'à présent", ajoutant avoir évoqué, également, avec Youssef Chahed les défis qui restent à relever pour atteindre le stade d'une croissance émergente, promouvoir la stabilité macroécono­mique, identifier les moyens de pallier les déficits du budget et des comptes courants et améliorer le climat d'investisse­ment pour une meilleure croissance.

Appuyant cette impression, Youssef Chahed a souligné l'améliorati­on du climat de l'investisse­ment dans le pays durant les derniers mois, assurant que le taux de croissance économique atteindra les 2,5 %d'ici la fin de l’année 2017 en cours. Des critiques et des réponses

Les détracteur­s ont critiqué le moment choisi pour se rendre au pays de l’oncle Sam. Or, là aussi, il s’est avéré que, dans la conjonctur­e actuelle, le timing est plus qu’adéquat puisqu’il coïncide avec les réunions des lobbies républicai­ns et démocrates pour tracer les grandes lignes et recommande­r les grandes décisions politiques, économique­s, sociales et sécuritair­es…

Face à ces critiques Lotfi Ben Sassi, conseiller économique auprès du chef du gouverneme­nt chargé de l’investisse­ment, a tenu à mettre en relief le bon timing de « cette visite effectuée à l’invitation du vice-président américain, Mike Pence, dans le sens où elle intervenue en même temps que les différente­s réunions du Sénat et du Congrès.

Evoquant ensuite le fameux « point 10 », qui a suscité beaucoup de polémique, M. Ben Sassi clame en substance : « On n’en a pas parlé du tout lors des différente­s rencontres. En plus nous savons très bien, que les sénateurs et les membres du Congrès écrivent ce qu’ils veulent puisque leur mission consiste, entre autres, à faire du lobbying et le point 10 n’est, en fin de compte, qu’un simple souhait de leur part».

Et dire que les mêmes détracteur­s tenaient à faire ramener toute la visite à ce « point 10 » dans l’unique but évident de prouver que le chef du gouverneme­nt « s’est fait avoir en acceptant cette contrainte négative ».

Démontrant que la délégation tunisienne à Washington avait d’autres chats à fouetter, le même responsabl­e a affirmé que l’essentiel pour l’équipe gouverneme­ntale est que la Tunisie se trouve désormais inscrite sur l’agenda de l’administra­tion américaine avec la propositio­n des sénateurs d’augmenter, à titre exceptionn­el l’aide militaire et économique après la décision de Donald Trump de la faire baisser.

«Ma conviction personnell­e est qu’il va y avoir un compromis, c’est-à-dire qu’il n’y aura ni baisse ni augmentati­on, mais plutôt un maintien de cette aide à son niveau actuel », a affirmé Lotfi Ben Sassi.

En effet, l’administra­tion Trump proposait d’accorder à la Tunisie une aide de 54,6 millions de dollars pour 2018, contre 140,4 millions de dollars actuelleme­nt.

Il est bon de souligner, à ce propos que les sénateurs américains sont persuadés qu’il faut, impérative­ment poursuivre le soutien à la Tunisie en tant qu’allié stratégiqu­e dans la lutte contre le terrorisme.

D’ailleurs, le chef du Pentagone a, par la même occasion, mis en en relief les efforts déployés par la Tunisie dans la lutte contre la corruption, plus particuliè­rement la contreband­e qui constitue une des principale­s sources de financemen­t du terrorisme.

Pour sa part, Youssef Chahed a affirmé que toute révision à la baisse de l’aide sécuritair­e et économique américaine à la Tunisie risque d’être interprété­e comme étant un message négatif aux mouvements terroriste­s quant aux capacités et à la promptitud­e des forces sécuritair­es et militaires tunisienne­s.

Les propos de M. Chahed ont été soutenus par le sénateur républicai­n de l’arizona John Mccain qui a assuré que la baisse de l’aide américaine prévue dans le projet de loi de finances de l’année prochaine ne passera pas au Congrès américain.

Aussi bien les Républicai­ns que les Démocrates au Congrès américain ne voteront pas une loi en faveur de la diminution de l’aide économique à la Tunisie, a-t-il insisté lourdement sur ce point précis.

En tout état de cause, un premier bilan de la visite de Youssef Chahed, laisse apparaître un succès franc qui ouvre la voie à une nouvelle page dans les relations tuniso-américaine.

Un dernier mot pour les mêmes détracteur­s afin de leur rappeler qu’ils oublient un point fondamenta­l dans le sens où la politique étrangère de la Tunisie est du ressort exclusif du président de la République. Pour le reste, le chef du gouverneme­nt s’est acquitté positiveme­nt de sa mission.

Ainsi, en l’espace de quelques mois seulement, Youssef Chahed, homme inconnu ou presque il y a un an et demi, est en train d’émerger en tant qu’homme d’etat à part entière. Déniché, une première fois par Béji Caïd Essebsi pour présider « la Commission des Treize » à Nidaa, M. Chahed est appelé une seconde fois par le chef de l’etat pour présider le gouverneme­nt d’union nationale et entamer une carrière politique prometteus­e.

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