Le patrimoine revisité
Fondée pour démontrer que le patrimoine est aussi une source de création de richesses et d'emploi, la revue animée par Rejeb Elloumi confirme ses progrès et revient avec une nouvelle structure et des ambitions intactes. Le huitième numéro vient de paraîtr
«Nes el makam» tel est le nom de la soirée d'ouverture du festival international de Bizerte. Une soirée d'ouverture réussie, aussi bien sur le plan musical que sur le plan spectacle/public. C'est un spectacle complet fait de symbiose entre la musique, le chant et la dance… Une troupe de 52 membres a tenu le pari de réussir ce spectacle typiquement bizertin. Le public du Bizerte s'est régalé pendant près de deux heures avec un retour aux racines et au patrimoine bizertin revisité. En effet, tout était dans l'ordre: les musiciens en synchronie avec une excellente sonorisation, la chorégraphie bien faite avec des scènes presque théâtrales tout au long de plusieurs passages et la lumière était parfaite. Le stress, le bon bien-entendu, était au rendez-vous avant le début du spectacle. «Bien-sûr qu'on doit être stressé, mais on a bien préparé nos répétitions, du coup on est sûr de vivre d'excellents moments avec un excellent spectacle» disait Riadh, un musicien membre de la troupe. Les poussées d'adrénaline étaient présentes chez tous les membres du groupe. Cependant, cela n'était qu'un des facteurs qui les a poussé à exceller ! Un choix très bien étudié pour une soirée d'ouverture. Une forte présence du public et un spectacle réussi !
La huitième livraison de la revue tunisienne "Patrimoine et créativité" vient de paraître avec un sommaire des plus relevés et une nouvelle structure qui gagne en clarté. Dirigée par Rejeb Elloumi, cette revue bilingue trimestrielle bénéficie de plus de l'apport de nombreux spécialistes du domaine qui lui apportent savoir et compétence. Cette huitième livraison est construite en deux temps, avec d'une part un dossier étudié en profondeur et des chroniques portant sur l'actualité récente.
Un abrégé d'histoire tunisienne Intitulé "Les civilisations qui ont traversé la Tunisie", le dossier se déploie en trois séquences avec des contributions de Mounira Harbi Riahi, Lotfi Belhouichet, Sihem Roudesli et Mohamed Hassine Fantar. Analysée en détail, la section consacrée à la préhistoire aborde successivement l'industrie de la préhistoire et la paléontologie
humaine. Elle permet de la sorte d'introduire deux études portant sur la période punique et les royaumes numides. Abondamment illustré, le dossier permet de répondre à de nombreuses questions avec précision et pédagogie. Quelles sont les grandes séquences de la préhistoire tunisienne? Quelles sont la localisation et la chronologie du capsien? Qui étaient les hommes préhistoriques? Quelle était la culture de la Carthage punique? Qui étaient les Berbères? Toutes ces questions sont abordées avec clarté dans une démarche didactique basée aussi bien sur l'apport de spécialistes renommés que sur une iconographie de premier choix. Le lecteur obtient grâce à ce dossier d'accéder à bien des informations condensées et publiés dans le même espace. Ainsi, la revue nous offre un abrégé d'histoire tunisienne et promet
d'aborder dans de prochaines livraisons d'autres périodes historiques. Comme l'écrit Rejeb Elloumi dans son éditorial: "Cet essai d'introduction aux civilisations qui ont traversé notre pays servira à habituer notre lecteur aux prochains articles et autres recherches". C'est de bon augure et a le mérite de clarifier la démarche de la revue.
Entre actualités et analyses La seconde partie de cette livraison est consacrée à l'actualité et aussi à quelques articles de fond. L'exposition "Lieux saints partagés" et la présentation sous le titre "Les amis de Carthage" d'un projet de sauvegarde du site historique comptent parmi les points forts de cette section. Par ailleurs, une excellente étude sur les réalisations en Tunisie du courant architectural de la Reconstruction, permet de poser un regard documenté sur la période allant de 1943 à 1955. Signée
par Boutheina Gharbi, cet article est richement documenté.
Plusieurs gros plans complètent le sommaire, avec une visite-présentation du musée national de Beyrouth et un compte-rndu de l'exposition "L'éveil d'une nation". Enfin, la rencontre sur le patrimoine dans les villes francophones tenue à Tunis en octobre 2016 est largement couverte aussi bien au niveau des conférences qu'à celui des débats. Le sommaire est prolongé par une section en langue arabe qui aborde l'abolition de l'esclavage en Tunisie, le travail des nattiers, la demeure de Ibn Khaldoun et d'autres questions liées à la protection du patrimoine.
Une belle livraison de cette revue fondée en 2011 et qui, peu à peu, trouve ses équilibres et sa vitesse de croisière.