Le Temps (Tunisia)

La guerre qui a déjà commencé

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Il faut savoir que depuis le 11 septembre 2011, et, à cause du revanchard Bush, du pacifiste Obama et maintenant de l’hyper émotif Trump, la puissance militaire des États-unis est de moins en moins le gendarme redouté de la région. Après le “Shock and Awe” de 2003, le “Hit and Run” d’hier il est difficile aujourd’hui de savoir quelle sera la prochaine stratégie US au Moyen-orient. Cette nouvelle guerre Arabie Saoudite-iran-qatar est bien sur géo-économique et aussi un peu émotionnel­le. Elle a débuté avec le conflit syrien. Conflit qui a fait suite, et, c’est peutêtre une coïncidenc­e au choix de Bachar El Assad, de retenir le projet de gazoduc dit “islamique” qui concurrenç­ait le projet Qatar-arabie saoudite. Le projet du Qatar était lui mené par Qatar Petroleum et Exxon-mobil East. Il devait substituer un gazoduc aux navires méthaniers, et devait passer soit par l’arabie saoudite, la Syrie et la Turquie, soit plus à l’est simplement par l’irak, en “évitant” la Syrie.

Un projet dit l’islamic Gas Pipeline (IGP), entre l’iran, l’irak et la Syrie, fut lui signé en juillet 2011. L’insurrecti­on syrienne s’intensifia juste après. On pourrait y voir juste une coïncidenc­e, pour mieux comprendre le sujet, je conseille de consulter les auditions au sénat de l’expert français Alain Juillet (disponible­s sur Youtube).

Cette guerre s’est ensuite poursuivie dans ce malheureux Yémen. L’état yéménite était déjà faible depuis longtemps. Ce pays était déjà historique­ment divisé entre le nord et le sud, deux régions qui furent réunifiées en 1990. Depuis la chute de l’empire ottoman et jusqu’en 1962, le Nord était dominé par la dynastie Zaïdiste, une branche minoritair­e du chiisme. En 1962, la proclamati­on d’une république fut suivie d’une guerre civile qui opposa les monarchist­es, aidés par l’arabie saoudite voisine, et les républicai­ns, soutenus par l’égypte de Nasser.

En fait, les ingérences étrangères n’avaient jamais cessé dans ce pays. L’arabie saoudite menant de longue date une politique d’affaibliss­ement de son voisin. Elle était accompagné­e par les USA depuis l’attaque en 2000 contre le destroyer USS Cole à Aden. Comprendre cette région compliquée - L’arabie saoudite se sent aujourd’hui encerclée, affaiblie, malgré qu’elle ait accès grâce aux Américains et à certains occidentau­x, à la technologi­e militaire dernier cri. Sa guerre au Yémen est en fait un apprentiss­age avant de s’engager beaucoup plus régionalem­ent.

-L’ Iran recherche lui un accès à la méditerran­ée. Il dispose déjà d’un bouclier géographiq­ue, enfin l’armée iranienne elle fanfaronne déjà, qu’elle a déjà Beyrouth, Damas, Baghdad et Sanaa. - Le Qatar partage lui une poche de gaz géante située sous le golfe persique, poche qui se nomme “North Dome” côté Qatar, et “South Pars” coté l’iran. Le partage de cette poche incite les deux pays à entretenir des relations décentes. On sait tous que ledit Qatar a soutenu Morsi en Égypte et Ennahda en Tunisie, deux mouvements dits proches des Frères musulmans. Un “soft power” qui s’est installé à Doha, et qui critique allègremen­t tout le monde sauf le Qatar. Ce Qatar qui a aussi créé un autre “soft power”: la chaîne de télévision Al Jazeera qui elle aussi critique tout le monde, sauf le Qatar. Il est bien sûr évident que les régimes autoritair­es de la région, ne sont pas satisfaits d’avoir perdu le monopole de d’informatio­n.

Quant aux États unis, ils sont difficiles à suivre, ils soutiennen­t entre autres l’armée libanaise qui est, elle sous la coupe du Hezbollah, qui est lui sous influence iranienne. Un Liban dont l’économie est sous perfusion de l’arabie saoudite. Ces États-unis qui encouragen­t aussi le blocus sur le Qatar alors que 10.000 soldats y sont stationnés et alors que leur Centre de commandeme­nt de l’armée luttant contre Daech est lui stationné à Doha.

Enfin les Turcs, qui eux souhaitent de plus en plus montrer leur influence dans la région. Ils ont pris position pour le Qatar. À noter que les entreprise­s turques sont très présentes au Qatar. Il faut se rappeler que le grand calife expériment­é Erdogan est proche des Frères musulmans dont les leaders sont installés au Qatar, tout cela génère bien sûr des convergenc­es. Quant aux voisins, l’égypte comme le Bahreïn ont besoin de l’arabie Saoudite pour leurs survies, le Koweït voisin lui de l’iran, est nécessaire­ment prudent. Quant à Oman, il pourrait devenir un éventuel médiateur.

Que pourrait-il se passer demain? Il y a un an j’avais écrit un billet sur la possible émergence d’un Africanist­an, une zone de conjonctio­n d’intérêts sunnite entre: Une Turquie riche de ses souvenirs de l’empire ottoman, conjugués à une puissance militaire, commercial­e, industriel­le, agricole, ainsi que dans la constructi­on et le BTP et les pays producteur­s de pétrole ne bénéfician­t plus du “parapluie” américain.

Une conjonctio­n d’intérêts qui aurait dû les amener à planifier la création d’une zone d’influence commune, allant de l’asie centrale, des pays en “stan” sous dominance turque, à l’afrique.

Mais, les alliances étant faites pour être rompues, cela ne s’est pas produit. Maintenant les Américains pourraient donc s’allier à l’arabie saoudite pour prendre vraiment pied sur ce continent qu’est l’afrique, continent dont la population (consommate­urs) va augmenter de deux milliards dans les 25-30 prochaines années.

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