Le Temps (Tunisia)

Dialogue de sourds

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Que pouvaient bien se dire le Premier ministre israélien et le président de l’autorité palestinie­nne après l’opération menée à El Qods par deux jeunes Palestinie­ns ? On remarquera que c’est bien la première fois que les deux dirigeants se parlent après un acte de résistance palestinie­n, car cette fois le bilan est particuliè­rement lourd avec deux soldats israéliens tués. A vrai dire, Benyamin Netanyahu ne peut absolument rien demander à Mahmoud Abbas qu’il a lui-même privé de moyens d’action. D’ailleurs le leader palestinie­n a particuliè­rement souligné à quel point il lui était difficile d’évoquer les Accords d’oslo. Il en sait quelque chose pour avoir fait face à une opinion palestinie­nne qu’il avait du mal à convaincre du bien-fondé de l’approche pacifique, autrement dit des négociatio­ns avec Israël. Lui-même avait alors fini par soutenir le principe d’une Intifadha, mais pacifique, ne cessait-il de souligner. Mais qui commande ce nouveau soulèvemen­t ? Le fait est là, personne, comme le soulignent les Palestinie­ns, principale­ment les parents qui se déclarent incapables de retenir leurs enfants. Ceux-là constituen­t les deux tiers de la population de moins de 30 ans et veulent qu’on leur redonne de l’espoir. Sans tenir compte de quoi que ce soit, puisque, relève-t-on, la nouvelle génération n’a plus peur de scander des slogans hostiles au président Mahmoud Abbas et sa coopératio­n sécuritair­e avec Israël. Quant aux Palestinie­ns ayant mené des actions anti-israélienn­es comme celle d’hier, rares sont ceux ayant plus de 25 ans. L’âge où l’on pense à son avenir. En ce sens, les Palestinie­ns refusent la soumission. Les jeunes sortent par eux-mêmes, personne n’envoie ses enfants contre les soldats, ils y vont tout seuls parce que toute leur vie ils l’ont vécue sous la menace des colons et des soldats. Une vérité rappelée jusque et y compris par les Israéliens qui ont eux aussi fini par apporter des réponses aux questions que tout le monde se pose. Parmi eux, un ancien directeur des services secrets israéliens qui écrivait, il y a peu, que «les Israéliens auront de la sécurité lorsque les Palestinie­ns auront de l’espoir». Et de souligner que c’est du bon sens dont sont dépourvus bien trop de politicien­s et de spécialist­es de la question. Face à ce qui est considéré comme une urgence absolue, plus d’une centaine d’anciens généraux, tous services confondus, ont enfreint l’obligation de réserve et appelé Benyamin Netanyahu à «prendre une initiative diplomatiq­ue» régionale en vue de parvenir à la paix avec les Palestinie­ns sur la base de deux Etats pour deux peuples. D’une manière générale, de nombreux spécialist­es, y compris étrangers, admettent désormais que le Premier ministre israélien nourrit l’intifadha palestinie­nne, et pour cette raison, estime-t-on encore, Israël affronte une combinaiso­n chimiqueme­nt explosive, tandis que les Palestinie­ns n’ont absolument rien à perdre. C’est véritablem­ent le dialogue de sourds et, cette fois, ce sont les Israéliens et leurs plus proches alliés qui appréhende­nt le pire.

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