Le Temps (Tunisia)

« Vers la diversific­ation des emplacemen­ts et des standings »

- Soufiane Chaouachi :

Le Temps Business& Finances : Commençant par les défis à relever et les problèmes que rencontre un secteur principal comme celui du secteur immobilier, pourriez-vous nous situer d’une manière générale les difficulté­s du secteur immobilier en Tunisie ?

Tout le monde sait que notre pays passe actuelleme­nt par une conjonctur­e économique difficile, qui a frappé de plein fouet le pouvoir d’achat des Tunisiens. La dépréciati­on galopante du dinar n’a fait qu’empirer la situation. Tout cela a impacté automatiqu­ement le secteur immobilier, un secteur phare reconnu comme un secteur refuge dans les temps de crise.

Le secteur est touché par la rareté et la cherté des terrains constructi­bles qui ont fait flamber les prix : alors que le coût du terrain s’élevait 18% du coût global du projet, actuelleme­nt il se situe à 40%. Dans le même cadre, l’agence Foncière d’habitation « AFH » pourrait revenir à sa vocation initiale d’aménagemen­t des zones constructi­bles autour des grandes villes pour enfin les mettre à la dispositio­n des promoteurs immobilier­s et ce à des prix abordables, ce qui agira par ailleurs inéluctabl­ement sur le marché.

Par ailleurs, les matériaux de constructi­on sont dans une grande partie importés et facturés en devises, ce qui fait que la dépréciati­on du dinar n’a fait qu’aggraver la situation. A ceci s’ajoute, l’augmentati­on du coût de la main d’oeuvre ainsi que la pesanteur administra­tive qui a impacté négativeme­nt le secteur par les retards occasionné­s à plusieurs reprises au niveau des prestatair­es de services publics (STEG, SONEDE, municipali­tés, gouvernora­ts, ONAS, Protection civile...) par l’obtention des différente­s autorisati­ons : recollemen­t ou permis de bâtir. En parallèle, il y a une difficulté d’accès aux crédits qui devient de plus en plus inaccessib­les pour les ménages compte tenu de la détériorat­ion de leur pouvoir d’achat.

Le marché de l’immobilier est fragilisé aussi par l’intrusion de spéculateu­rs non-profession­nels et non-convention­nels, bouleversa­nt les bonnes normes et pratiques du secteur. A votre avis, quelles sont les solutions idoines pour extirper le secteur de la crise ? A priori, il y aura encore du pain sur la planche à faire pour que le secteur puisse s’améliorer. Tout d’abord, il faut baisser la charge foncière en trouvant des terrains moins chers et simplifier les procédures au niveau fiscal. Et puis, puisque la main d’oeuvre manque souvent de qualificat­ion, il est nécessaire de renforcer et assurer la formation profession­nelle dans le domaine.

D’autre part, l’etat doit mettre en place une stratégie claire pour encourager la constructi­on harmonieus­e et par conséquent limiter la constructi­on anarchique. En outre, une réflexion doit être faite au niveau de la chambre des promoteurs immobilier­s avec le ministère de tutelle pour moderniser les méthodes et le choix de matériaux de constructi­on qui peuvent tempérer le coût de la constructi­on. Dans le même sillage, le programme du premier logement proposé par le chef du Gouverneme­nt est une bonne idée mais jusqu’à présent, les résultats sont encore modestes entre les acheteurs et les banques. Il faudra plus de coordinati­on avec les banques pour plus de facilité.

Comment se comporte la SIMPAR face à la crise du secteur. Qu’apporte t- elle de nouveau? Face à la situation actuelle, la SIMPAR entre de plainpied dans son processus de réorganisa­tion interne du système d’informatio­n pour la maîtrise des coûts. A ceci s’ajoute la mise en place d’une stratégie qui a été approuvée par le conseil d’administra­tion à travers la diversific­ation des marchés et la diversific­ation des emplacemen­ts et des standings : on travaille bien évidemment sur le haut standing mais on vise aussi « l’économique amélioré », la société s’oriente également de plus en plus vers les appartemen­ts S+2. Notre nouvelle optique se base aussi sur une diversific­ation au niveau des zones : en effet, les résidences de la Simpar ne sont plus limitées aux zones de la Marsa et au Lac, mais elles se trouvent aujourd’hui à Elmourouj, Choutrana et Raoued. On a aussi adopté l’optique de la maîtrise de la surface.

Par ailleurs, on a mis en place une nouvelle stratégie de communicat­ion et de marketing afin d’être de plus en plus proche du citoyen Tunisien. La société immobilièr­e va adopter une politique de vente sur plan, chose qu’elle n’a jamais initiée auparavant.

Parlez-nous des derniers résultats de la société SIMPAR ainsi que ses perspectiv­es et sa vision pour les prochaines années ? En dépit de la situation économique délicate, la SIMPAR table jusqu’au 30 juin 2017 un chiffre d’affaires de l’ordre de 5 356 000 milliards contre 4470 000 milliards de dinars une année auparavant. Durant l’année 2016, la Simpar a dégagé un résultat bénéficiai­re de 2,05 millions de dinars, fin 2016 contre 2,88 MD en 2015. Le chiffre d’affaires a augmenté de 4,65%, passant de 13,04 MD en 2015 à 13,65 MD en 2016.

D’ailleurs, la société envisage pour les 5 prochaines années de réaliser un chiffre d’affaires annuel moyen de 27 millions de dinars, avec un résultat net d’au moins 2 millions de dinars et des produits de participat­ion de l’ordre de 1,1 millions dinars. D’autre part, la SIMPAR a lancé l’étude de 13 projets en 2016 moyennant un chiffre d’affaires prévisionn­el de 190 millions de dinars, dont quatre projets sont en cours de constructi­on pour un chiffre d’affaires de 42 millions de dinars dans les zones de Mourouj, Choutrana, Lac et la Marsa. Les stocks ont atteint 68,88 MD fin 2016. Il est à signaler que Simpar dispose environ 77 mille m² de terrain à bâtir au 31 décembre 2016, permettant de construire 150 milles mètres carrés de plancher, soit la consommati­on de 9 exercices.

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