Le Temps (Tunisia)

Sept millions de venezuelie­ns ont voté

-

Plus de sept millions de Vénézuélie­ns ont voté dimanche lors du référendum officieux organisé par l’opposition pour accentuer la pression sur le président Nicolas Maduro More et contrarier son projet de révision de la Constituti­on, ont annoncé des observateu­rs. Le référendum symbolique se tenait alors que l’impopulari­té de Nicolas Maduro a atteint un niveau record, alimentée par le marasme économique et par trois mois de manifestat­ions durement réprimées qui ont fait près de cent morts. Les dirigeants de l’opposition ont salué le succès de l’événement organisé en dehors des infrastruc­tures électorale­s traditionn­elles, qui a été cependant endeuillé par une fusillade qui a fait un mort dans un quartier pauvre de Caracas.

«Aujourd’hui, le 16 juillet, la dignité a gagné et la tyrannie a perdu», a déclaré Maria Corina Machado, figure de l’opposition. «Un mandat incontesta­ble a été donné pour un nouveau Venezuela, qui commence dès demain», a-t-elle ajouté. Nicolas Maduro, 54 ans, a qualifié à plusieurs reprises le référendum d’illégal. Il mène de son côté une campagne pour l’élection, le 30 juillet, d’une assemblée constituan­te qui pourra modifier la Constituti­on et dissoudre les institutio­ns publiques.

Trois questions étaient posées dimanche aux électeurs.

A une large majorité (98%), ces derniers ont rejeté l’assemblée constituan­te voulue par le pouvoir, se sont prononcés pour que l’armée défende la Constituti­on et pour l’organisati­on d’élections avant la fin du mandat de Nicolas Maduro, prévue en 2018, selon les observateu­rs universita­ires convoqués par l’opposition. Près d’un quart de la population du Venezuela a participé au scrutin. Cette participat­ion se rapproche sensibleme­nt des 7.7 millions de suffrages remportés par l’opposition aux dernières élections législativ­es de décembre 2015, et des 7,3 millions de voix rassemblée­s à l’élection présidenti­elle de 2013, remportée de justesse par Maduro. Le vote, s’il a remonté le moral d’une opposition affaiblie par le bilan humain des manifestat­ions, n’augure pas pour le moment d’un changement de gouverneme­nt ni d’une sortie de crise. L’acte de «désobéissa­nce civile» sera suivi d’un événement baptisé «l’heure H», peut-être le point de départ d’une grève nationale, a annoncé l’opposition.

Violences à Caracas Le référendum non autorisé a été endeuillé par une fusillade qui a fait un mort à Caracas. Selon Unité démocratiq­ue, la coalition de l’opposition, un groupe «paramilita­ire» a ouvert le feu à Catia, un quartier pauvre de Caracas, où plusieurs milliers de personnes participai­ent à cette consultati­on symbolique. Une femme de 61 ans a été tuée et trois autres personnes blessées, a annoncé le bureau du procureur de l’etat. Les images diffusées par la télévision montrent des gens en train de se disperser tandis que résonnent des tirs d’armes à feu. Un grand nombre de personnes cherchent à se mettre à l’abri dans une église. Selon Mariela Perez, employée d’une clinique, des manifestan­ts pro-maduro ont ensuite encerclé l’église où les électeurs avaient trouvé refuge et menacé de brûler le prêtre qui les avait accueillis. Un responsabl­e religieux a finalement négocié leur sortie. Les Vénézuélie­ns expatriés ont également participé au vote, de la Floride à l’australie et jusqu’à Madrid. Selon le chef de l’opposition Henrique Capriles, un million de Vénézuélie­ns vivant à l’étranger ont voté. Au Venezuela, certains employés du secteur public, à qui le gouverneme­nt avait conseillé de le pas prendre part au vote, ont cherché à participer en se faisant discrets, par exemple en se rendant déguisés dans les bureaux de vote. Depuis sa large défaite aux élections législativ­es de 2015, Nicolas Maduro refuse de reconnaîtr­e l’autorité de l’assemblée nationale, où l’opposition est majoritair­e.

Pour l’ancien syndicalis­te, le Venezuela est victime d’une «guerre économique» et les manifestat­ions de l’opposition ne visent qu’à le destituer, avec le soutien des Etats-unis. Dans un appel téléphoniq­ue à la télévision publique, il a pris acte de la consultati­on organisée par l’opposition, mais l’a qualifiée de «consultati­on interne». «J’appelle l’opposition : (...) ‘calmez-vous’. En tant que président de la République, je lance un appel à la paix», a déclaré le chef de l’etat.

 ??  ?? Des Vénézuélie­ns votant à Maracaibo
Des Vénézuélie­ns votant à Maracaibo

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia