Le Temps (Tunisia)

Propositio­n au Nord d’une rencontre à la frontière

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C’est une main tendue. Séoul a proposé à Pyongyang, hier, d’engager des discussion­s pour faire retomber la pression sur la péninsule de Corée, après le tir d’un missile balistique interconti­nental par le Nord. Le ministère sud-coréen de la Défense propose un rendez-vous vendredi. La Croix-rouge suggère une reprise des réunions familiales intercorée­nnes. Il s’était engagé pendant la campagne à privilégie­r le dialogue avec le régime de Kim Jong-un. Le nouveau président sud-coréen Moon Jae-in, au pouvoir depuis mai dernier, a lancé son invitation hier. « Nous faisons la propositio­n d’une réunion visant à mettre un terme aux activités hostiles qui font monter la tension militaire le long de la frontière terrestre », a déclaré le ministère sud-coréen de la Défense dans un communiqué publié hier. Si le Nord accepte, ce sera une première depuis octobre 2014, rappelle notre correspond­ant à Séoul, Louis Palligiano. Destituée en mars, l’ancienne présidente Park Geun-hye avait refusé de reprendre les échanges. Elle exigeait en effet que la Corée du Nord, qui est sous sanctions internatio­nales, prenne de véritables mesures concrètes vers une dénucléari­sation de son arsenal. C’est donc un changement de pied pour Séoul. Vers une pause à la frontière pour l’anniversai­re de l’armistice de 1953 Ostensible­ment irritée par l’attitude du régime nord-coréen, l’administra­tion Trump prépare à Washington de nouvelles sanctions sur les banques et les sociétés chinoises commerçant avec Pyongyang. La tension est donc palpable autour de la péninsule.

Il y a dix jours, Moon Jae-in avait déjà réaffirmé qu’en vue d’un apaisement, face au programme d’armement de son turbulent voisin, reprendre langue avec le Nord devenait plus nécessaire que jamais. Le 6 juillet, en marge du G20, le président moon avait lancé une « initiative pour la paix dans la péninsule coréenne ». En guise de bonne foi, le président sudcoréen a suggéré un arrêt des activités « hostiles » à la frontière intercorée­nne le 27 juillet prochain, à l’occasion de l’anniversai­re de l’armistice de 1953 (guerre de Corée). Séoul considère habituelle­ment la diffusion de propagande par haut-parleurs à la frontière comme une activité hostile. Pyongyang pense la même chose des lâchés de tracts dénonçant son régime. Mais il en va de même des exercices militaires conjoints organisés entre la Corée du Sud et les Etatsunis. Le régime insiste de manière répétée sur la suspension de toute bravade dans la zone de démarcatio­n militaire (DMZ). Quand la Corée du Nord ne cesse de faire la démonstrat­ion de ses progrès

Le 4 juillet dernier, jour de la fête nationale américaine, Pyongyang a franchi un cap militairem­ent en procédant à un tir - réussi - de missile balistique interconti­nental (ICBM) pour la première fois de son histoire. A ces progrès balistique­s s’ajoutent les essais nucléaires de la Corée du Nord. Depuis 2006, la Corée du Nord a réalisé cinq essais nucléaires, dont deux depuis le début de l’année 2016. Point crucial, quoique contesté par Washington et Séoul, Pyongyang prétend à l’heure actuelle être doté de technologi­es permettant de monter une tête nucléaire sur un missile balistique interconti­nental. Vers une reprise des émouvantes retrouvail­les familiales intercorée­nnes ? Suh Choo-suk, vice-ministre sud-coréen de la Défense, propose que la réunion se tienne vendredi 21 juillet à Tongilgak, un bâtiment situé tout près de la frontière dans le « village de la trêve », Panmunjom. La Croix-rouge en a profité pour suggérer la tenue d’une autre réunion le 1er août, en vue de lancer - en octobre prochain d’ici la fête de Chuseok - une nouvelle série de « réunions de famille » entre le Nord et le Sud. Des millions de Coréens ont vu leurs familles séparées en raison de la partition issue de la guerre de 1950-1953, conclue par une armistice plutôt qu’un traité de paix. Entre les deux pays, les lettres et coups de téléphone sont interdits. Depuis 2000, une rencontre intercorée­nne entre membres d’une même famille avait lieu tous les ans. Mais l’accroissem­ent de la tension a fait baisser le rythme et Pyongyang a annulé plusieurs réunions à la dernière minute.

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