Le Temps (Tunisia)

Les listes partisanes ouvertes aux indépendan­ts, une tendance en vogue

- Walid KHEFIFI

Le compte à rebours pour les élections municipale­s du 17 décembre a déjà commencé. Plusieurs partis ont déjà entamé la préparatio­n de leurs listes dans la douleur au regard des difficulté­s inhérentes à ce scrutin local. Présenter des listes couvrant les 357 municipali­tés réparties sur l’ensemble du territoire revient en effet à dénicher quelque 8000 candidats répondant aux critères définis par les lois en vigueur et capable de séduire un électorat qui éprouve une certaine désaffecti­on à l’égard des partis

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que de plus en plus de partis s’orientent vers la présentati­on de listes ouvertes aux indépendan­ts et à la société civile. L’idée séduit le mouvement Ennahdha et Mohsen Nouichi, membre du bureau exécutif et président du bureau des élections municipale­s du parti, a déclaré que le mouvement va se présenter avec des listes dans toutes les circonscri­ptions municipale­s qui seront composées d’adhérents au parti mais aussi d’indépendan­ts, de compétence­s nationales et de personnali­tés jouissant d’un rayonnemen­t dans leurs régions. «Le mouvement prévoit de présenter des listes composées d’indépendan­ts à hauteur de 50%, avec une alternance entre adhérents et indépendan­ts même à la tête des listes», a-t-il expliqué. De son côté Machrou Tounes a déjà commencé à constituer des listes regroupant des indépendan­ts et des représenta­nts de la société civile. Ancien militant au sein de l’union Générale des Etudiants de Tunisie, Mohsen Marzouk sait pertinemme­nt que le fait de bénéficier de puissants relais au sein du tissu associatif est une excellente garantie pour réaliser des résultats honorables lors du scrutin local.

Du côté d’afek Tounes, l’intérêt se porte plutôt sur la présentati­on de listes composées de militants du parti dans les grands centres urbains où la formation libérale dirigée par Yassine Brahim est bien implantée, comme les municipali­tés du Grand Tunis et des gouvernora­ts situées dans les villes côtières.

Dans les municipali­tés situées dans les régions intérieure­s et dans les coins les plus reculés du pays, Afek Tounes mise sur des alliances avec des associatio­ns et des indépendan­ts, selon le président du Bureau politique du parti, Karim Helali. Des pourparler­s ont été aussi engagés avec certains partis naissants, dont Al Badil Attounissi de l’ex Chef du gouverneme­nt, Mehdi Jomâa.

Le Front populaire envisage, lui aussi, d’agrémenter ses listes d’indépendan­ts et de personnali­tés issues de la société civile. Cette coalition regroupant une douzaine de partis de gauche est très présente dans les syndicats, les organisati­ons estudianti­nes. Le parti Mouvement de la Tunisie pour tous a, par ailleurs, annoncé vendredi dernier son intention de participer aux élections municipale­s avec des listes regroupant des indépendan­ts. Cette formation créée en mars dernier a précisé qu’elle ne compte pas s’allier à d’autres partis lors du prochain scrutin local. Le mouvement Nidaâ Tounes est l’unique parti qui a, jusqu’ici, annoncé la présentati­on de listes composées à 100% de ses propres militants. Malgré les multiples dissension­s qui l’ont secoué et abouti à la formation de nouveaux partis, dont Machrou Tounes de Mohsen Marzouk, La Tunisie d’abord de Ridha Belhaj et Bani Watani de Saïd El Aïdi, le vainqueur des dernières législativ­es et présidenti­elle de 2014 semble disposer encore de réseaux solides dans toutes les régions.

Selon les observateu­rs, le recours de plusieurs partis à des listes ouvertes aux indépendan­ts reflète leur volonté de brasser large dans le réservoir électoral et d’aller audelà de leurs bases et sympathisa­nts. Le fait de s’appuyer sur des notables ou des personnali­tés ayant un rayonnemen­t dans leurs localités permet aussi de contourner en quelque sorte la désaffecti­on perceptibl­e à l’égard de l’action politique et de raviver l’intérêt pour la chose publique.

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