Le Temps (Tunisia)

Valeur de symbole...

- Samia HARRAR

Une statue pour oublier? Non, une statue pour se souvenir. Et non pas, -il est a espérer du moins- , pour enterrer Mohamed Brahmi une seconde fois. La veuve du martyr de la République a sûrement raison. Pour ne pas dire qu'elle n'a pas tort de penser, que le chef de l'etat ait pu, en effet, subir certaines pressions, à l'échelle locale comme à l'internatio­nal, pour ne pas qu'il y ait enfin, divulgatio­n de la vérité, sur l'assassinat de feu Brahmi, un certain 25 juillet noir, que les Tunisiens ne sont pas prêts à oublier de sitôt. Parce qu'il aura touché à un symbole très fort: celui de la République. A l'instar de celui qui aura constitué, le premier assassinat politique dans la Tunisie post-révolution­naire. Celui de Chokri Belaid. Il est, certes naïf de penser, qu'il est facile de dévoiler la vérité, sur un assassinat politique quelqu'il soit. Et où qu'il soit, toutes latitudes confondues.parce qu'il implique toujours, immanquabl­ement, quoiqu'on dise, des forces, non pas occultes, mais qui ont toujours, plus ou moins, partie liée, avec les services d'intelligen­ce, locaux ou étrangers, qui seraient alors, en parfaite accointanc­e avec les attentes de personnali­tés évoluant dans les sphères hautes du pouvoir, et auxquelles des "âmes charitable­s" tendent une échelle, pour qu'ils puissent, en montant chaque marche, parvenir un peu plus à leurs buts. En leur impulsant le coup de pouce nécessaire, afin que l'échelle se transforme très vite en ascenseur. C'est plus rapide et plus sûr. Et parce que certains intérêts en jeu, auraient, à un moment précis, concordé, il va de soi que chacune des deux parties, satisfaite­s de la tournure qu'ont pu prendre les choses, auront, tacitement établi un accord. Une sorte de pacte de sang, censé les lier à la vie à la mort. Mais il arrive que les intérêts finissent par diverger. C'est là qu'il convient alors de se placer aux premières loges, pour assister au baisser du rideau. La pièce n'est jamais finie, voilà pourquoi il convient de ne jamais désespérer de la vérité. Car, dans ce genre d'affaires, tout se joue sur la durée. Quant au chef de l'etat, il a un impératif au dessus-de toutes autres considérat­ions: savoir quel jour et quand, il convient de donner l'estocade. En ménageant par-dessus tout, l'intérêt de la nation. Ce n'est pas contradict­oire: la vérité est aussi partie liée, intimement, avec les intérêts de la nation.

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