Le Temps (Tunisia)

La confiance des institutio­ns financière­s étrangères menacée

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L’augmentati­on des rémunérati­ons publiques risque de compromett­re la confiance jusque là établie avec les institutio­ns financière­s internatio­nales, notamment le Fonds monétaire internatio­nal (FMI). Ce cri d’alarme est lancé par l’expert comptable Walid Ben Salah, dans une entrevue accordée, hier, à l’agence TAP.

Ben Salah précise à cet effet, que "selon les statistiqu­es publiées par le ministère des Finances, au 30 avril 2017, les rémunérati­ons publiques ont atteint 5.380 millions de dinars (MD). Elles seraient de l'ordre de 14.500 MD à la fin de l'année, pour un budget de 13.700 MD prévu pour cette rubrique. Ces rémunérati­ons représente­raient, ainsi 15,5% du PIB, en 2017, alors que le gouverneme­nt a pris l'engagement ferme avec le FMI de ramener la masse salariale à moins de 14% du PIB, d'où l'accord conclu avec L'UGTT de ne servir que 50% de l'augmentati­on convenue et sous un artifice de crédit d'impôt ", a rappelé l’expert.

Et d’ajouter que "malgré ces acrobaties, l'engagement de l'etat ne sera pas respecté ce qui aurait des conséquenc­es désastreus­es sur la confiance établie avec les institutio­ns financière­s internatio­nales et serait probableme­nt un prétexte pour reporter, encore une fois après la mauvaise expérience de 2016, le déblocage de la prochaine tranche du crédit du FMI prévue pour le 4ème trimestre 2017".

L'artifice de crédit d'impôt qui consiste à ne servir que 50% des augmentati­ons salariales prévues pour l’année 2017, conforméme­nt à la loi de finances 2017, constitue en quelque sorte une manipulati­on des comptes publics en vue de maintenir une masse salariale de 13.700 MD, soit 13,9% du PIB en vue de respecter la limite de 14% imposé par le FMI, a indiqué Ben Salah, ajoutant que cet artifice a été fortement contesté par le FMI après son adoption à la dernière minute". Le problème est que la masse salariale, tenant compte de cette mesure, a été elle même mal estimée. C’est la raison pour laquelle on a largement dépassé les prévisions établies à fin avril 2017 et ce sera également le cas pour le reste de l'année. Le dépassemen­t est de l'ordre de 800 MD, ou 6% ce qui est énorme surtout pour une telle rubrique où les réalisatio­ns coïncident, habituelle­ment, avec les prévisions, a estimé l’expert, ajoutant que l'objectif de croissance de 2,5% prévu par le budget 2017 ne sera fort probableme­nt pas atteint compte tenu des réalisatio­ns du premier semestre.

L'effet ciseaux de ces deux paramètres serait à l'origine du non respect de l'engagement pris avec le FMI "puisque la masse salariale serait largement en dessus du plafond de 14%" s’inquiète-t-il encore.

Pour sortir de cette spirale, l’expert comptable recommande d’agir sur l’origine des dérapages en procédant à "un gel des recrutemen­ts, un report des négociatio­ns et un redéploiem­ent des effectifs dans les administra­tions en sous effectif et surtout dans les institutio­ns, instances et directions de contrôle pouvant drainer des recettes supplément­aires pour l'etat (contrôle fiscal, police fiscale, douane, contrôle économique, BCT, contrôle général des finances, contrôle budgétaire, etc) et ce, moyennant une formation adaptée rapide.

Il s’agit en outre "de revoir les conditions imposées par le FMI vers plus de souplesse notamment en matière d'objectifs et de délais de réalisatio­n des réformes et surtout une délimitati­on des responsabi­lités à tous les niveaux", a-t-il encore fait savoir.

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