A la recherche de «Lemdina»
La retransmission en direct du festival international de Carthage, sur la chaîne nationale de la radio tunisienne, du nouveau spectacle tunisien « Lemdina », la Médina ou la cité, de Nafâa Allani et Amel Alouane n’avait pu avoir lieu avant-hier, à partir
La cause en était étrange et inacceptable. Les concepteurs de ce spectacle avaient refusé, en dernière minute ? Une telle retransmission. Nous étions restés sur notre faim, jusqu’à minuit, soit durant toute la durée du spectacle. Et c’est pourquoi la collègue journaliste, envoyée sur place, ne savait que faire. Durant la première heure, on avait cru à un problème technique, car cela arrive parfois. Mais cela continuait avec un speaking en continu, avec en arrière-plan quelques sons de voix et d’instruments de musique. La frustration, en somme ! La speakrine essayait de meubler le vide en racontant le spectacle qui couvre une longue période de l’histoire de la chanson tunisienne durant près d’un siècle et demi, à nos jours. Elle décrivait un peu les accoutrements successifs des chanteurs, des musiciens, des danseurs et du narrateur.
Elle allait même reprendre les détails fournis par les auteurs du spectacle lors de la conférence de presse qui l’avait précédé quelques jours auparavant. Et entre les speaking, il y avait les chansons diffusées du studio qui étaient tunisiennes et orientales. De l’humour noir, quoi ! Car la radio avait l’intention de nous faire vivre un tel événement celui de la représentation d’un spectacle « grandiose », qui aurait coûté 500 000 dinars, mais nous n’avons encore rien vu, ni entendu. Ce dernier était en préparation depuis 2012, mais n’avait pu avoir aucune subvention. Et ce n’est qu’en 2016 que la subvention pour la création artistique lui a été octroyée. Elle serait de l’ordre de 100 000 dinars, ce qui représente une somme dérisoire quant au travail fini. Exclusivité ou droits d’auteurs ? Et pour y rester, nos chers artistes
qui ont concocté ce travail, ont tout simplement privé les auditeurs de la radio nationale d’en écouter quelques extraits. La journaliste sur place a déploré le fait que ce spectacle repose pourtant et dans l’une de ses parties à la radio nationale où la plupart des chansons tunisiennes y ont été enregistrées ou diffusées. Le travail de recherche réalisé difficilement pour aboutir à un tel spectacle n’était donc destiné qu’aux spectateurs pas trop nombreux qui avaient fait le déplacement sur la colline de Byrsa. Si l’on accepte que les auteurs ont voulu protéger leurs droits d’auteur, cela serait un excès de zèle de leur part. Car qui pourrait prétendre aujourd’hui qu’il touche sous ces cieux ses droits d’auteurs dans les normes internationales ? S’il n’est pas membre de la SACEM et autres sociétés connexes en France, par exemple,
il ne pourra pas parler de droits d’auteurs. Le spectacle « Lemdina » évoque l’histoire de la chanson tunisienne et l’histoire des droits d’auteurs en Tunisie est trop triste pour être racontée. Il suffit de voir l’état des anciens artistes qui ne perçoivent pas un rond sur leur production diffusée et qui vivent dans la misère. Sous d’autres latitudes, une seule chanson à succès pourrait faire vivre un artiste toute sa vie ! Et pour n’avoir pas pu écouter des extraits de « Lemdina », nous porterons plainte auprès d’elissa, la fondatrice de Carthage et d’hannibal, le général et homme politique carthaginois, les célèbres et immortels maîtres des lieux. Ils réinviteront et à coup sûr le spectacle pour en avoir une idée et donner leur jugement. Lotfi BEN KHELIFA