Le Temps (Tunisia)

Pourrait-on s’en sortir indemne ?

- Salma BOURAOUI

Alors que tous les regards sont braqués sur la rentrée économique que l’on qualifie de redoutable, nos politiques préférés préparent leur retour sur les devants de la scène pour une nouvelle saison riche en événements. Radios et télés ont en effet presque toutes mis en place leur nouvelle programmat­ion hivernale et les plateaux politiques auront, pour ne pas changer, la part du lion. Des plateaux qui risquent de connaître des moments de tensions prononcées d’autant plus que la saison démarre avec des sujets polémiques. L’événement du moment est en effet le très prochain remaniemen­t ministérie­l partiel que le président du gouverneme­nt, Youssef Chahed, est désormais obligé d’effectuer après la démission de Fadhel Abdelkafi, en charge actuelleme­nt de deux ministères hautement importants. Selon quelques journaux, le président du gouverneme­nt serait en grande difficulté puisqu’il n’arrive pas à piocher le bon profil pour le ministère des Finances et celui du Développem­ent, de l’investisse­ment et de la coopératio­n internatio­nale. D’autres assurent encore qu’il profiterai­t de cette obligation pour changer d’autres ministres – à l’instar de celui du Transport, Anis Ghedira – sans pour autant songer à se présenter devant l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP). Dans tous les cas de figure, le communiqué tant attendu de la Kasbah annonçant ses nouveaux membres provoquera un raz-de-marée politique surtout parmi ceux qui ont déjà lancé leurs campagnes électorale­s. Des campagnes que certains mettent sur le compte des élections municipale­s – prévues pour le 17 décembre 2017 – alors que d’autres continuent de fantasmer sur une élection présidenti­elle anticipée. Ceci est le cas du porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, qui, pas plus tard qu’avant-hier, a renouvelé son appel au président de la République pour qu’il ordonne la tenue d’élections (législativ­es et Présidenti­elle) anticipées. Alors que les autres partis politiques poussent vers le report des élections municipale­s, Hammami campe sur ses positions et tente de nous faire comprendre que seules des élections anticipées pourraient sauver la situation. Des élections qui aboutiront à peu près aux mêmes résultats que ceux que nous traînons depuis maintenant plus de trois ans et qui, dans le meilleur des cas, ne changeraie­nt rien à la réalité. Elections ou pas, nous avons l’impression que, depuis les événements du 14 janvier 2011, nos partis politiques ne cessent de se reproduire pour se multiplier et nous bombarder avec des campagnes inutiles et creuses. Ce qui change avec cette nouvelle rentrée c’est que la conjonctur­e économique n’a jamais été aussi mauvaise qu’elle ne l’est aujourd’hui et il faudrait voir des adultes mûrs et responsabl­es qui pourront sacrifier un peu de leurs egos démesurés au profit d’une petite stabilité politique, même fausse sur le fond, afin de pouvoir garantir, au moins, le déblocage de l’autre partie du prêt du FMI. Mais connaissan­t notre classe politique, nous savons d’ores et déjà que ceci leur est trop demandé et qu’ils ne feront pas de sitôt la queue pour se lancer dans des débats réellement porteurs pour le pays.

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