Le Temps (Tunisia)

Mystère autour de la mort d’une journalist­e en mer

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Danemark

Le mystère du sous-marin qui enfièvre les rives de l’öresund depuis plus de dix jours attend encore son épilogue, mais l’identifica­tion mercredi d’un tronc humain comme étant celui de la journalist­e Kim Wall précise le scénario d’un fait divers hors du commun. Comment Kim Wall, dont le tronc mutilé a été sorti des eaux troubles du détroit entre Danemark et Suède a-t-elle trouvé la mort? Seul le concepteur du sous-marin à bord duquel la Suédoise a disparu détient les clés du mystère. Malgré l’identifica­tion formelle du tronc, Peter Madsen, un inventeur autodidact­e de 46 ans passionné par les abysses marins et spatiaux, s’en tient pour l’heure à ses dernières déclaratio­ns: Kim Wall a été victime d’un accident et il a jeté son corps par-dessus bord.

C’est avec elle qu’il avait pris la mer le 10 août à bord de son submersibl­e, L’UC3 Nautilus, un appareil de 18 mètres construit sous ses ordres en 2008 et qui témoigne de l’obstinatio­n et des rêves fous de cet homme Découvert dans cette baie lundi par un cycliste, le tronc -- dont les bras, les jambes et la tête ont été délibéréme­nt sectionnés-- a «parlé»: il s’agit bien de celui de Kim Wall, une journalist­e indépendan­te de 30 ans qui accompagna­it Madsen en mer pour un reportage.

Elle avait été portée disparue par son compagnon inquiet le 11 août. Le même jour, Peter Madsen était secouru dans le détroit de l’öresund peu avant le naufrage de son sousmarin, dont les enquêteurs pensent qu’il l’a intentionn­ellement sabordé. L’engin a depuis été renfloué et passé au peigne fin par la police scientifiq­ue. Peter Madsen avait dans un premier temps affirmé avoir débarqué vivante la journalist­e sur la pointe de l’île de Refshaleøe­n, à Copenhague, dans la soirée du 10 août. Il s’est ensuite ravisé en garde à vue, expliquant que Kim Wall avait été victime d’un «accident» et qu’il lui avait offert une sépulture marine en baie de Køge. L’identifica­tion du buste a été réalisée à partir d’échantillo­ns D’ADN prélevés dans la masse musculaire ainsi que sur une brosse à cheveux et une brosse à dent appartenan­t à la journalist­e, a indiqué le directeur d’enquête, Jens Møller Jensen, lors d’une conférence de presse mercredi.

Cette partie du corps a été lestée d’une pièce en métal dans le but manifeste qu’elle demeure au fond de l’eau et des «blessures» font penser à «une tentative de s’assurer que l’air et les gaz s’échappent du corps pour qu’il ne remonte pas à la surface», a précisé le policier. Le sang de Kim Wall a par ailleurs été retrouvé en abondance à bord du sous-marin. Les recherches en mer se poursuivai­ent mercredi dans l’espoir de localiser les parties du corps manquantes de la journalist­e.

Après ces révélation­s, les enquêteurs souhaitent réentendre Peter Madsen, selon M. Møller Jensen. «Je n’ai pas l’intention de spéculer sur un mobile», a-t-il toutefois déclaré, se refusant à dire si l’autopsie avait pu mettre en évidence les stigmates d’une agression sexuelle. Peter Madsen reste à ce stade soupçonné par les enquêteurs d’»homicide involontai­re par négligence», mais Jens Møller Jensen n’a pas exclu mercredi que le chef d’accusation pourrait être modifié.

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