Le Temps (Tunisia)

Peut beaucoup mieux faire !

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Le gouverneme­nt d'union nationale a soufflé, hier, sa première bougie et en a profité pour présenter des chiffres pour démontrer le travail qu'il a accompli depuis le 26 août 2016. Parmi les chiffres, on retrouve celui relatif à la croissance; alors qu'il était de 1% en 2016, il atteint, durant la même période de l'année courante, les 1,9%. Du côté du secteur touristiqu­e qui, après deux saisons presque mortes (celles de 2015 et de 2016 qui ont suivi les attentats du Bardo et celui de l'impérial de Sousse), a retrouvé ses lettres de noblesse avec une hausse de 19% grâce à 4.500 000 touristes venus passer leurs vacances parmi nous. On apprend de même que la production du phosphate (grand handicap post 14 janvier) a repris à raison de 3 054 000 tonnes. Des chiffres prometteur­s certes mais qui méritent d'être étudiés de plus près.

Le gouverneme­nt d’union nationale a soufflé, hier, sa première bougie et en a profité pour présenter des chiffres pour démontrer le travail qu’il a accompli depuis le 26 août 2016. Parmi les chiffres, on retrouve celui relatif à la croissance; alors qu’il était de 1% en 2016, il atteint, durant la même période de l’année courante, les 1,9%. Du côté du secteur touristiqu­e qui, après deux saisons presque mortes (celles de 2015 et de 2016 qui ont suivi les attentats du Bardo et celui de l’impérial de Sousse), a retrouvé ses lettres de noblesse avec une hausse de 19% grâce à 4.500 000 touristes venus passer leurs vacances parmi nous. On apprend de même que la production du phosphate (grand handicap post 14 janvier) a repris à raison de 3 054 000 tonnes. Des chiffres prometteur­s certes mais qui méritent d’être étudiés de plus près.

Production, énergie et protestati­ons S’il est vrai que le gouverneme­nt de Youssef Chahed a réussi, partiellem­ent, à relancer la production du phosphate – qui a connu plusieurs blocages à cause des mouvements sociaux du côté des mines de phosphate de Gafsa –, on ne peut pas en dire autant pour la production pétrolière. Le sit-in d’el Kamour a causé plusieurs pertes à l’etat qui a mal mené les négociatio­ns ce qui a conduit à une sorte d’effet papillon. Ayant céder à plusieurs requêtes des protestata­ires, le gouverneme­nt n’a, non seulement, réussi qu’à arracher un petit accord fragile et instable avec eux, mais se retrouve, en plus, face à un autre dossier du même genre à Kébili où des sit-ineurs ont bloqué la production pétrolière. Malgré une annonce claire du côté du président de la République stipulant que les cites de production seront placés sous la gestion de l’armée nationale, les arrêts de production continuent de se faire dans une impunité générale dérangeant­e.

Youssef Chahed et son équipe n’ont malheureus­ement pas réussi à imposer le bon modèle de négociatio­n et de gestion des mouvements sociaux ce qui a causé plusieurs dérapages à l’instar de celui survenu à l’île de Kerkennah lors du gouverneme­nt d’habib Essid. Côté chiffres, il faut noter que le gouverneme­nt affiche une baisse de 37% des grèves par rapport à l’année dernière.

Sécurité et lutte antiterror­iste La lutte antiterror­iste a été un des points les plus importants du pacte de Carthage dont est issue l’équipe Chahed et son évolution représente­rait peut-être l’un de ses grands accompliss­ements. En effet entre 2015 et 2016, la Tunisie a connu les pires frappes terroriste­s avec le Bardo, Sousse, Ben Guerdane et l’avenue Mohamed V de Tunis. Depuis, nos corps armés ont réussi à se reposition­ner et ont réussi de grandes opérations qui ont permis de liquider et d’arrêter plusieurs individus et formations terroriste­s dangereuse­s. Des opérations qui ont aussi permis à la Tunisie de passer du stade de la réaction à celui de la stratégie et, du côté politique, cela a permis à certains de pouvoir avancer en matière d’enquête pour pouvoir déterminer les réels responsabl­es derrière l’expansion du terrorisme en Tunisie de l’après 2011. Toutefois, et lors de son discours d’investitur­e prononcé lors d’une plénière à l’assemblée des représenta­nts du peuple, Youssef Chahed avait promis, à part la lutte contre le terrorisme, de soumettre des textes visant à renforcer et à soutenir les institutio­ns sécuritair­es et à mettre en place un système qui permettrai­t aux enfants des martyrs de pouvoir bénéficier de la prise en charge de l’etat jusqu’à l’âge de 21 ans. Il s’était aussi engagé à activer le dossier de l’assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, des affaires qui n’avancent toujours pas. Lutte contre la corruption ou le coup de

maître Alors que le pays suivait avec inquiétude les avancées du sit-in d’el Kamour (surtout après le décès d’un jeune protestata­ire), Youssef Chahed surprend tout le monde, un certain 23 mai, en arrêtant le douteux homme d’affaires Chafik Jarraya. S’en suivait alors d’autres arrestatio­ns – Yassine Chennoufi, Samir El Ouefi ou encore Néjib Ben Ismail – qui ont propulsé le président du gouverneme­nt à la première place dans la plupart des sondages. Certains sont même allés jusqu’à lancer l’opération ‘Go Jo’ manifestan­t ainsi leur sympathie et leur soutien au concerné.

Dans un premier temps, le gouverneme­nt a préféré adopter une attitude mystérieus­e en évitant de communique­r sur l’opération ‘mani pulite’ avant de spécifier que, pour Chafik Jarraya, il s’agit d’une affaire d’atteinte à la sûreté de l’etat. Une accusation qui a amené les opposants à assurer qu’il ne s’agit en aucun cas d’une lutte contre la corruption mais d’une campagne sélective destinée à écarter ceux qui veulent du mal au pouvoir en place. Le problème c’est que depuis, aucune nouvelle n’a été notée et, au-delà de l’opération de communicat­ion, l’opération ‘mani pulite’ commence à se faire oublier…

Assise politique et soutien partisan En évinçant Habib Essid au profit de Youssef Chahed, on (la présidence de la République essentiell­ement) nous avait fait comprendre qu’il fallait qu’il y ait une équipe gouverneme­ntale disposant du plus grand soutien politique que cela soit du côté du Parlement ou de celui des partis. Le plus puissant argument présenté à l’époque était celui du fait que le pacte de Carthage ait été signé par neuf partis politiques et trois organisati­ons nationales. Aujourd’hui, même si les signataire­s n’ont pas déchiré le pacte – comme l’a fait le président de L’UPL, Slim Riahi – il n’en demeure pas moins qu’ils se permettent de plus en plus des positions parfois plus déchaînées que celles de l’opposition. Des partis faisant partie de la formation gouverneme­ntale ont publié des communiqué­s enflammés à l’encontre du gouverneme­nt (Afek Tounes, Al Massar, Nidaa Tounes et Ennahdha) et des leaders des organisati­ons nationales n’ont pas hésité à dire ce qu’ils pensent sans aucune autocensur­e (la récente déclaratio­n du secrétaire­général de L’UGTT qui a estimé qu’il existait certains ministres qui n’ont pas les compétence­s d’un fonctionna­ire).

De l’intérieur de la formation, la situation n’est pas en meilleur état : en moins d’une année, Youssef Chahed a limogé quatre ministres (Lamia Zribi, Néji Jalloul, Abid Briki et Abdeljalil Ben Salem) et a accepté la démission de Fadhel Abdelkafi, chargé de deux ministères clés. A quelques jours de la rentrée (politique, économique et scolaire), le gouverneme­nt traîne des postes vacants et le remaniemen­t ministérie­l tant attendu vient encore d’être reporté pour l’après Aïd. En somme, le gouverneme­nt de Youssef Chahed peine à trouver sa place dans une scène politique tiraillée, une économie nationale essoufflée et un échiquier mondial tourmenté. Les mois à venir risquent d’empirer la situation et le président du gouverneme­nt pourrait être sacrifié pour que vivent les alliances et les consensus.

Salma BOURAOUI

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