Le Temps (Tunisia)

L'IVD seul maître à bord ?

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La justice militaire dans le collimateu­r

Continuant sur la même voie et faisant preuve de l'arrogance de ses membres, en particulie­r sa présidente Mme Sihem Ben Sédrine, l'instance " Vérité et Dignité " (IVD) a demandé vendredi à la Justice militaire de lui céder les affaires sur les incidents de la chevrotine survenus le 27 novembre 2012 à Siliana.

Le Temps - Continuant sur la même voie et faisant preuve de l’arrogance de ses membres, en particulie­r sa présidente Mme Sihem Ben Sédrine, l’instance « Vérité et Dignité « (IVD) a demandé vendredi à la Justice militaire de lui céder les affaires sur les incidents de la chevrotine survenus le 27 novembre 2012 à Siliana. Est-ce pour mener les débats à sa guise ou pour rendre service à ses commandita­ires du mouvement Ennahdha que la présidente de L’IVD s’accorde tous les droits, sans attendre que les instances concernées, en particulie­r l’assemblée des représenta­nts du peuple et la justice, en décident ? Ou cherche-t-elle à se venger, jugeant que ce parti l’a lâché avant que sa présidente n’a pas accompli ses desseins ? Pire encore et dans un acte qui montre qu’elle fait fi de l’autorité de l’etat, L’IVD poursuit sur sa lancée, dans un communiqué en précisant que «L’instance Vérité et Dignité est l’autorité habilitée à examiner ce dossier et non pas la justice militaire et cela intervient en applicatio­n des dispositio­ns de la loi sur la justice transition­nelle».

«Depuis les incidents de Siliana, l’instance a reçu 21 dossiers, dont 16 dossiers d’arbitrage et de réconcilia­tion ainsi que des dossiers à caractère social», lit-on dans le même communiqué. L’IVD a osé, également, critiquer les déclaratio­ns faites jeudi par le Procureur général de la direction de la justice militaire qui a estimé que les séances publiques que l’instance envisage d’organiser sur les incidents de Siliana sont «une violation du principe du secret de l’enquête et une atteinte aux droits des parties concernées».

«Ces déclaratio­ns représente­nt une violation de l’article 148 du texte de la Constituti­on et des dispositio­ns de la loi sur la justice transition­nelle», a-t-elle souligné.

En vertu de l’article 148 de la Constituti­on, «L’etat s’engage à mettre en applicatio­n le système de la justice transition­nelle dans tous ses domaines et dans les délais prescrits par la législatio­n qui s’y rapporte». D’après L’IVD, « la mise en applicatio­n du système de la justice transition­nelle engage tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire «. Et l’instance d’ajouter : «L’article 48 prévoit aussi que la saisine présentée devant L’IVD est considérée comme interrupti­ve des délais de prescripti­on, ce qui interrompt l’examen des litiges soumis aux instances judiciaire­s et publiés devant elles». Conforméme­nt aux dispositio­ns de l’article 8 de la Loi organique relative à l’instaurati­on de la justice transition­nelle et à son organisati­on, l’examen de telles affaires relève de la compétence exclusive des chambres spécialisé­es créées au sein des Tribunaux de première instance, a-t-elle poursuivi. Dans ce communiqué, L’IVD a saisi l’occasion, comme ce fut le cas, lors de l’affaire des archives de la Présidence de la République où elle n’avait pas eu gain de cause, pour renouveler son appel à la direction de la justice militaire afin de répondre à ses demandes récurrente­s d’accéder aux dossiers qui lui sont soumis dont en particulie­r le dossier de la chevrotine et celui des martyrs et blessés de la révolution.

Selon l’article 40 de la loi sur la justice transition­nelle, «pour s’acquitter de sa mission, l’instance peut demander aux pouvoirs administra­tif et judiciaire, de même qu’aux instances publiques et à toute personne physique ou morale, de lui fournir les documents ou informatio­ns qu’ils peuvent avoir en leur possession et accéder aux affaires en saisine auprès des tribunaux, aux jugements rendus ou aux décisions émises les concernant». Dans le même contexte, l’instance Vérité et Dignité s’est dite étonnée de voir la justice militaire publier jeudi un communiqué dans lequel elle affirme que le conseil de l’instance n’a pas encore élaboré la programmat­ion des prochaines séances d’audition publique. Tout en s’attachant à son droit de programmer des séances d’audition publiques consacrées aux violations définies par la loi sur la justice transition­nelle, l’instance rappelle que l’article 38 de la loi en question stipule que l’instance exerce ses fonctions et ses attributio­ns avec neutralité et indépendan­ce totales, conforméme­nt aux dispositio­ns et principes mentionnés au Titre Premier de la présente loi et que nul n’est habilité à s’immiscer dans les activités de l’instance ni à influer sur ses décisions.

Le Procureur général de la direction de la justice militaire a affirmé, jeudi, que les séances publiques que L’IVD envisage d’organiser sur l’usage de la chevrotine contre les manifestan­ts àsiliana le 27 novembre 2012 sont «une violation du principe du secret de l’enquête et une atteinte aux droits des parties concernées». La diffusion de ces séances publiques peuvent influencer le bon déroulemen­t de l’enquête et sont en violation des dispositio­ns de l’article 109 de la Constituti­on qui interdit toute ingérence dans le fonctionne­ment de la justice, a ajouté le Procureur général de la direction de la justice militaire dans un communiqué. L’affaire étant pendante devant le Tribunal militaire de première instance du Kef, explique la même source.

Le principe de l’indépendan­ce de la justice exige de tout pouvoir ou instance de s’abstenir de toute ingérence dans les affaires en cours d’instructio­n devant les juridictio­ns compétente­s, souligne la même source.

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