Ankara dénonce le "populisme" de Merkel
Turquie
La présidence turque a regretté hier que la classe politique allemande cède au "populisme" à la suite de l'annonce d'angela Merkel, qui s'est prononcée dimanche soir en faveur de l'arrêt des négociations d'adhésion de la Turquie à l'union européenne. La chancelière allemande, qui briguera un quatrième mandat aux élections fédérales programmées dans trois semaines, a exposé cette position nouvelle lors du débat télévisé qui l'opposait au chef de file du Parti social-démocrate (SPD), Martin Schulz. "Ce n'est pas une coïncidence que notre président (Recep Tayyip) Erdogan ait été le principal sujet de ce débat", a commenté hier un porte-parole du président turc. "Les attaques de l'allemagne et de l'europe contre la Turquie et Erdogan, en ignorant des problèmes essentiels et urgents, sont le reflet du rétrécissement de leurs horizons", a poursuivi Ibrahim Kalin sur Twitter, déplorant "la complaisance à l'égard du populisme" de la classe politique allemande. "Nous espérons que l'atmosphère compliquée qui a fait des relations turco-allemandes la victime de cet horizon politique étroit cessera", a conclu le porte-parole d'erdogan. Au cours du seul débat télévisé prévu d'ici aux élections du 24 septembre, Angela Merkel a déclaré qu'il était "évident que la Turquie ne devrait pas devenir membre de L'UE"; La dirigeante conservatrice a ajouté qu'elle allait discuter avec ses partenaires européens "pour voir si nous pouvons parvenir à une position commune à ce sujet afin que nous puissions mettre un terme à ces négociations d'adhésion". C'est son adversaire qui a ouvert le débat en affirmant que s'il devenait chancelier, il proposerait au Conseil européen de mettre fin au processus d'adhésion.
Steffen Seibert, le porte-parole de la chancellerie, a précisé lundi que la question ne serait pas posée au niveau européen d'ici aux élections et que Merkel prévoyait, en cas de réélection, d'avoir des consultations avec ses partenaires européens courant octobre. A Bruxelles, la Commission européenne a observé qu'il appartenait aux Etats-membres de L'UE de décider de la suite des négociations avec Ankara mais a également rappelé que Jeanclaude Juncker, le président de l'exécutif européen, avait déclaré que la Turquie s'éloignait à "pas de géant" de l'europe. Juncker, a ajouté un porte-parole de la commission, a invité le peuple turc à comprendre que c'est l'attitude de son propre gouvernement qui rendait "impossible" une adhésion à L'UE. Les relations entre les Européens, Allemagne en tête, et la Turquie se sont nettement détériorées avec les accusations de dérive autoritaire portées contre le président turc depuis qu'il a réchappé à une tentative de coup d'etat en juillet 2016. L'ouverture des discussions entre Ankara et Bruxelles a été décidée quelques mois avant l'arrivée d'angela Merkel à la chancellerie en 2005.